Un avocat submergé par des demandes d’examen après que des policiers aient été accusés
Radio Canada
2025-11-12 13:15:47

Brett Gladstone, un avocat winnipégois, se retrouve submergé par une pile de lettres du Service des poursuites judiciaires du Manitoba. Cette pile de lettres lui a été envoyée le mois dernier, ainsi qu'à plusieurs avocats de la défense qui avaient des affaires impliquant Elston Bostock ou ses trois coaccusés. Ces policiers font face à plusieurs accusations pour différents délits.
« Par mesure de précaution, vous recevez cette lettre, car une condamnation a été prononcée pour les chefs d'accusation susmentionnés et que l'agent Bostock a été impliqué dans le dossier de l'incident », indique une des lettres que Brett Gladstone a transmise à CBC/Radio-Canada.
Elston Bostock est accusé de trafic de drogue, d'abus de confiance, de vol de moins de 5000 $, de tentative d’entrave à la justice et d'indignité envers des restes humains. Brett Gladstone espère trouver du temps libre pour examiner ses anciens dossiers et faire preuve de la diligence requise pour que les affaires susceptibles d'avoir donné lieu à une erreur judiciaire soient traitées en priorité.
Les défis pratiques et logistiques rendent cette tâche gargantuesque.
Une question de confiance

Elston Bostock, qui compte 22 ans au sein de la force policière, a plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation. Il fait cependant encore face à des accusations de trafic de drogue. Les affaires impliquant cet agent et ses coaccusés pourraient désormais faire l'objet d'un processus d'appel. Brett Gladstone craint que cette affaire porte atteinte à la confiance envers les agents de police et le système de justice.
L'aide juridique est prête à financer des appels lancés par les avocats qui estiment qu'il y a eu erreur judiciaire dans des dossiers, indique Chris Gamby, porte-parole de l'Association des avocats de la défense pénale du Manitoba. Il anticipe déjà une multitude de défis découlant du plaidoyer de culpabilité d'Elston Bostock et des accusations portées envers ses collègues.
Selon lui, cela aura des conséquences majeures sur certaines affaires, mais il y a certaines choses qui ne pourront pas être effacées. « Si quelqu’un a été condamné à tort et a déjà passé beaucoup de temps en prison, rien ne pourra réparer cette injustice », explique Chris Gamby.
Un examen sans précédent des dossiers

Brandon Trask, un professeur de droit, estime qu’il y a plus d'un millier de dossiers impliquant l’agent Bostock et ses coaccusés qui pourraient faire l’objet d’un manque de justice. « C'est sans précédent et j'aurais aimé voir un plan plus solide mis en place, essentiellement pour impliquer, entre autres, le Service des poursuites du Manitoba afin d'essayer de déterminer l'ampleur du problème », souligne-t-il.
Selon lui, aucun fonds supplémentaire n’a été dédié à la compensation des avocats de la défense pour ce travail. « On leur demande de travailler gratuitement et de faire un travail qui relève de la responsabilité de l’ensemble du système de justice », déplore-t-il.
Brandon Trask demande l'ouverture d'une enquête publique une fois que toutes les affaires pénales prennent fin. Il considère aussi que le Service de police de Winnipeg devrait couvrir les dépenses liées. CBC/Radio-Canada a contacté le bureau du ministre de la Justice du Manitoba, Matt Wiebe, mais il n'avait pas répondu à notre demande au moment de la publication de ces lignes.