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Une femme confronte son ancien patron aux mains longues

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Radio Canada

2025-06-16 10:15:42

Une jeune femme a confronté son ex-patron au palais de justice de Québec, après avoir été sous son emprise pendant une grande partie de son adolescence…


Richard Allemand - source : Radio-Canada / Yannick Bergeron


« Depuis le jour où j'ai dit c'est fini, je n'ai plus peur. » Une jeune femme a confronté son ex-patron au palais de justice de Québec, après avoir été sous son emprise pendant une grande partie de son adolescence. Avant de prendre la parole, Gabrielle* a demandé à ce que Richard Allemand s'assoie devant elle.

C'est la première fois que je vois une victime qui dévisage l'agresseur, a observé le juge qui l'a félicitée pour sa démarche. Durant sa déclaration, elle l’a fixé; lui n’a jamais osé croiser son regard. Pendant des années, Richard Allemand, qui possède une boulangerie à Lévis, a instauré un climat toxique auprès de sa jeune employée, transformant la vie de Gabrielle en véritable enfer.

L'homme de 59 ans a plaidé coupable à des accusations de voies de fait et d'actions indécentes, alors que son procès devait s'ouvrir sous des chefs de contacts et d'exploitation sexuels.

Actions indécentes

La poursuite et la défense se sont entendues sur les nouveaux chefs d'accusation, évitant ainsi la tenue du procès. Dans un exposé conjoint des faits, le boulanger a reconnu avoir tenu à répétition des propos sexuels avec l'adolescente et lui avoir touché les fesses et les seins. Il a aussi profité de l'espace de travail restreint pour se coller sur la victime, par-derrière, en se frottant sur son corps. À quelques reprises, il a montré son érection à l'adolescente, d'abord en dessous de son pantalon, et ensuite en le baissant.

Allemand a parfois dénigré l'adolescente en disant qu'elle avait pris du poids et qu'elle avait trop de boutons. Puis, à d'autres occasions, il l'a complimentée sur son apparence, disant qu'elle était belle et sexy.

Après avoir reconnu les événements, Richard Allemand a dû écouter Gabrielle pendant de longues minutes alors qu'elle a courageusement témoigné des conséquences de ses gestes. Il n'a pas osé la regarder. Se faisant rabaisser constamment, elle n'a pas été capable de quitter son emploi, convaincue que personne ne voudrait d'elle. Il me faisait croire que sans lui, je n'étais rien, a exposé la jeune femme qui s'est décrite, à l'époque, comme une proie, prise au piège.

Isolée et manipulée

Isolée et manipulée, elle a ainsi vécu ses premiers contacts sexuels sous son emprise. Je pensais qu'il m'éduquait, mais il me programmait, a déploré Gabrielle. Avec l'aide d'une femme proche d'elle, elle a pu s'extirper des griffes de son bourreau qui lui a volé son adolescence. Je suis plus libre maintenant, a déclaré la jeune femme qui est passée par des épisodes de mutilation et des tentatives de suicide.

Bravo, lui a lancé le juge Mario Tremblay à la suite de son témoignage qu'il a qualifié d'important, à ce moment de l'année où plusieurs adolescents vont se trouver des emplois. Si pour la plupart il s'agira d'une expérience enrichissante, le message de Gabrielle démontrera à d'autres qu'on n'a pas à tolérer des comportements comme celui de Richard Allemand, a exprimé le juge.

Valérie Simard-Croteau - source : La nouvelle union
Peine

La procureure Me Valérie Simard-Croteau, pour le DPCP, et Me Susan Corriveau, pour Richard Allemand, ont proposé une peine de 15 mois dans la collectivité. Le juge Tremblay a accepté la suggestion et prononcé cette sentence contre le boulanger qui exploite son commerce à même son lieu de résidence.

Il ne pourra en sortir pour les sept premiers mois et devra respecter un couvre-feu par la suite. Il devra par la suite respecter les conditions d'une probation d'une durée de trois ans. Pendant toute cette période, il n'a pas le droit d'embaucher ou de se retrouver dans une position d'autorité envers une personne de moins de 18 ans.

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