Lucien Bouchard a le droit de gagner sa vie

Depuis quelques jours, des analystes, des journalistes, des critiques et que sais-je encore, des citoyens comme vous et moi, se plaisent ardemment à critiquer négativement notre ancien premier ministre, Me Lucien Bouchard, parce qu'il est maintenant à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec. Je suis très rassuré qu'il en soit ainsi.

M. Bouchard est un avocat respecté et soumis à un code d'éthique très rigoureux. Tout en réalisant le mandat de ses clients, il saura aussi tenir compte des contraintes et des intérêts de la société québécoise. Il sera le premier à fixer des balises, à envoyer des signaux non équivoques à ses clients et à les conseiller. M. Bouchard est tellement connu qu'il ne pourra agir autrement. Pensons-nous un seul instant qu'il va ternir sa réputation? L'intégrité de M. Bouchard est un atout considérable, et pour ses clients, et pour la société québécoise.

Au Québec, nous faisons bien peu de cas de nos politiciens et notamment de nos anciens premiers ministres sous-payés pour leurs importantes fonctions. En 1993, alors en qualité de directeur de la formation permanente du Barreau du Québec, je me souviens d'un avocat et chef de l'opposition studieux à qui j'exprimais mon étonnement de le voir venir suivre ses cours obligatoires malgré un horaire chargé. Plus d'une fois, M. Bouchard m'a mentionné qu'après sa vie politique, il redeviendrait avocat de pratique privée et il en serait fier, loin des récompenses politiques. Voilà pourquoi il s'est astreint à retourner sur les bancs d'école, pour demeurer avocat.

Aujourd'hui, Me Bouchard est l'un des 23 000 membres du Barreau et il a parfaitement le droit de gagner sa vie. Me Pierre Marc Johnson (Parti québécois), Me Brian Mulroney (Parti conservateur), Me Daniel Johnson (Parti libéral), Me Jean Chrétien (Parti libéral fédéral) sont tous d'anciens premiers ministres et membres du Barreau du Québec, comme l'a été Me Pierre-Elliott Trudeau.

Pierre Chagnon