Portrait

« Donnez-moi ma chance ! »

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Céline Gobert

2012-10-23 15:00:00

Cette avocate française qui a migré au Québec ne sait plus à quel saint se vouer. Voilà 10 mois qu’elle cherche en vain un poste d’avocate à Montréal...
À 33 ans, Me Christine Charpentier ne pensait pas qu’elle serait confrontée à autant de difficultés pour trouver un emploi dans la ville dont elle est tombée amoureuse.

« Pour moi qui viens de Paris, une ville très, voire trop, animée et trop stressante, j’ai l’impression d’être dans une ville plus petite, plus conviviale, mais en ayant tout de même accès à toute la culture », dit l’avocate trilingue, français-anglais-espagnol.

Christine Charpentier cherche un emploi d'avocate à Montréal sans y parvenir
Christine Charpentier cherche un emploi d'avocate à Montréal sans y parvenir
Mais, depuis janvier 2012 et une bonne dizaine d’entrevues - dont deux au Cirque Eloize pour du service juridique pluridisciplinaire et une entrevue chez Blakes pour un poste de parajuriste finalement comblé à l’interne - c’est le calme plat.

Plusieurs choses, selon elle, expliquent ses difficultés à se faire une place sur le marché du travail québécois.

« On passe une équivalence, qui est un examen de déontologie, mais on ne reprend pas de cours en droit québécois, ce qui rend un peu frileux les cabinets et compagnies québécoises. Et ce, même si j’ai travaillé deux ans, que j’ai l’expérience des dossiers, et rencontré les clients », dit ce Barreau du Québec 2011.

Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer : réseautage intensif, 5 à 7 de l’Association du Jeune Barreau de Montréal, cocktails de la Chambre de commerce latino-américaine où, dit-elle, « il est plus facile de rentrer en contact avec des gens qu’à l’AJBM ». Elle tape à toutes les portes.

« Beaucoup de mes amis me réfèrent à des avocats, qui envoient à leur tour mon CV à leurs contacts, explique-t-elle. J’ai également rencontré des personnes spécialisées dans la recherche d’emploi qui m’ont dit que j’avais les bonnes méthodes de recherche. »

Alors, qu’est-ce qui explique la frilosité des employeurs montréalais ?

« Ce que j’ai envie de dire aux recruteurs ? Donnez-moi ma chance… Je sais de quoi je suis capable, je connais mes compétences », assure-t-elle.

S'intégrer sur le marché du travail

En tout, l’avocate cumule quatre années d’expérience juridique, dont une sur le sol québécois.

Depuis 2009, elle fait partie de l’Association des avocats français du Québec (AAFQ). Le but de cette association, dit-elle, est « d’aider ceux qui arrivent, à s’intégrer sur le marché du travail ».

« J’ai fait quelques mandats à droite à gauche pour des amis, dont un récent en immigration qu’on m’a référé via l’AAFQ », ajoute-t-elle.

Elle a passé l’examen d’équivalence de l’ARM en septembre 2010. La naissance d’une petite fille plus tard, Me Christine Charpentier n’abandonne pas son combat.

L'avocate envisage d’ores et déjà de se mettre à jour sur le plan du droit québécois via des cours à la carte dispensés par l’Université de Montréal.

Dans le domaine de l’immigration, elle connaît le droit québécois. En litige, elle connaît la théorie, « après il va falloir que je travaille concrètement pour les apprendre sur le terrain », reconnaît-elle.

« Je suis très travailleuse, j’aime m’investir à fond dans les choses », déclare celle qui aimerait bien intégrer un cabinet comme Robic, ou des services juridiques ou contentieux de compagnies, ainsi que des cabinets de toute taille.

De plus en plus d'avocats français

Les avocats français à Montréal ? Un phénomène qui ne va pas s’arrêter selon elle.

« Il y a de plus en plus de français qui viennent ici, qui passent l’ARM… Mais je ne pensais pas avoir autant de difficultés. C’est dur de se vendre lorsqu’en entrevue on nous répond : vous n’avez pas fait votre droit ici". »

Pourtant, elle a déjà fait ses armes pendant deux ans à Paris chez Manseau Associés où elle gérait divers dossiers et actes de procédure. « J’ai aussi plaidé plus d’une vingtaine de fois », confie-t-elle.

Elle possède également deux années d'expérience en droit de l'immigration canadienne à Montréal : dix mois à titre de parajuriste chez Paul Asselin, dix mois comme parajuriste en immigration chez BCF.

Actuellement, elle est conseillère juridique et administrative chez Cicame Energie à Saint-Hubert depuis trois mois. Elle offre ses conseils en matière de propriété intellectuelle et immigration, se charge du développement de la compagnie au niveau marketing et communication.

Cependant elle cherche toujours un poste d’avocate montréalaise. Alors, intéressés ?

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23 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    L
    All these comments are very negative. She will find her path, as we all did.

    There is no need to bring her down!! I'm sure she will get a better job than most of the bitter people posting comments on this article.

    • W
      bien d'accord
      exact!!! arrêtez d'être si négatifs envers quelqu'un qui partage sa situation professionnelle,laquelle est probablement celle de plusieurs d'entre nous.

      Ce n'est qu'un exemple d'une problématique courante dans notre milieu.

      ne lâches pas Christine!

  2. Albert
    Albert
    il y a 13 ans
    Avocats en chômage ?
    Je ne comprends plus rien !! Je viens de commencer mes études en droit et tous les profs nous disent que la profession a beaucoup de débouchés. Or, en lisant vos commentaires, je me rends compte que ce n'est pas le cas.
    Franchement, est-ce qu'il y'a des avocats qui gagnent leur pain en travaillant à Starbucks ?

    • Tannante
      Tannante
      il y a 13 ans
      oui et non
      Pour une minorité qui trouve un stage qui mène à un emploi assuré, il n'y a pas de problème...

      Pour avoir terminé il y a 2 ans, je dois vous admettre que les stagiaires qui n'ont pas d'emploi après leur stage (ce n'est pas forcément parce qu'ils sont moins bons, plusieurs stages ne mènent pas à un emploi et c'est clair à partir du jour 1) passent au minimum 6 mois au chômage... ou acceptent des emplois qui n'exigent pas forcément un barreau mais seulement des études universitaires, par exemple.

      Starbucks, c'est peut-être exagéré mais franchement, ça ne me surprendrait pas tant que ça...

    • Wilbrod Arthur Black
      Wilbrod Arthur Black
      il y a 13 ans
      Réalité
      Les facultés de droit du Québec ne possèdent aucune gestion quant à la détermination du volume des cohortes par rapport aux débouchés sur le marché. C'est alarmant, grave, et absolument inutile pour la société. Les jeunes étudiants vivent dans les idées préconçues qu'ils vont se positionner avec un bon salaire, du travail stimulant etc. Or, la réalité est un marché saturé. Je vous conseille personnellement de vous réorienter.

    • Me Jr.
      Me Jr.
      il y a 13 ans
      Fuir pendant que c'est possible!
      Barreau 2011, au chômage depuis 6 mois, je peux te dire que si tu en as encore l'opportunité, change de domaine. La majorité des gens sont aveuglées par la situation d'une minorité de personnes qui réussissent à se trouver des postes rémunérateurs et stimulants. La réalité pour la masse est toute autre. Je prendrais volontier un poste chez Starbucks plutôt que mon chèque d'assurance-emploi, car il est invariablement parfumé d'une arôme de honte persistance. Tes parents te diront: Mais non ne l'écoute pas voyons! On m'a dit la même chose lorsque j'étais aux études et je n'ai pas écouté. J'aurais dû. Malgré tout, je te souhaite la meilleure de chances pour ta carrière.

    • Future avocate
      Future avocate
      il y a 13 ans
      Incompréhension
      Je ne comprends pas trop vos commentaires. La majorité de mes collègues Barreau 2011 ont trouvé des emplois moyennant un peu d'attente après leur stage. De plus, on me sollicite régulièrement pour des postes de parajuriste, emploi qui semble avoir des débouchés importants (en réponse à la parajuriste ci-dessus).

  3. My
    Pour les parajuristes c'est le même scénario!
    Pour débuter, je vous souhaite bonne chance Madame dans votre recherche d'emploi j'ai espoir que vous finirez par cogner a la bonne porte.

    Dans un autre ordre d'idées, le chaos de la recherche d'emploi est le même pour les parajuristes diplômés. Je suis diplômé depuis près de 2 ans et les postes sont rares. Soit qu'ils demandent des exigences impossibles ou qu'ils omettent d'inscrire des informations importantes dans l'offre. D'autant plus que notre poste n'est pas obligatoire, c'est encore plus difficile de se tailler une place de choix. Nous devons créer notre poste. Prouver aux cabinets que nous sommes indispensables et un gain de temps. Je suis a la recherche d'un emploi depuis 5 mois déjà, et je suis diplômée d'un collège Québécois. On nous disait y avoir beaucoup de demandes dans ce domaine. Evidemment. Non pas asse qualifié, pas asse d'expérience, pas asse bilingue. Il y a toujours une raison. Et les agences de placements, bien souvent leurs critères ne se rapprochent même pas de la réalité en cabinet pour l'avoir vécue. Ce qu'ils me demandaient et la réalité de ce que l'on m'offrait était bien différente. M'enfin...

    Je commence même à penser à aller dans un autre métier, car je suis découragée du monde du Droit. Le monde du Droit ne laisse pas la chance à personne a moins d'avoir un background exceptionnel. Ce qu'aucun parajuriste junior peut avoir de toute façon. Il faut prendre le temps d'apprendre et de travailler dans le domaine pour devenir une personne avec des aptitudes distinctives.

    Tout cela pour dire de ne pas vous en faire Madame, c'est souvent le problème de bien des gens de se trouver un emploi dans le domaine. Que nous soyons québécois ou d'une autre nationalité.

    Et le but ici n'est pas de faire la victime ou de faire pitié, c'est de montrer la réalité sur le domaine. Un moment donné on doit arrêter de ce cacher derrière un grand rideau blanc. Il y a de belles acquisitions, nous pouvons les lires a tous les jours sur Droit inc. Mais il y a bien des gens qui sont encore assis chez-eux au moment ou l'on se parlent et qui cherchent des emplois depuis des mois déjà.

  4. Eisenberg
    Eisenberg
    il y a 13 ans
    IZDP, MDC
    Chère Christine,

    Ton message est touchant de naïveté.
    Mais au lieu de raconter tes malheurs à Mlle/Mme Gobert, tu ferais bien d'éviter de tant de montrer et continuer de chercher de façon pertinente sans te réfugier derrière ta "francitude".

    Un français qui te veut fu bien.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    ?
    Ce n'est évidemment pas facile de se faire une place dans la société d'accueil. Je trouve qu'elle s'en tire déjà pas mal, en ayant occupé plusieurs emplois à Montréal et dans les alentours. C'est la preuve évidente que le Québec laisse sa chance aux immigrants et que notre marché du travail a une certaine souplesse, ce qui n'est pas le cas en France. Un peu plus de gratitude à l'égard du Québec ne serait pas de refus.

    J'aimerais bien savoir ce qu'il adviendrait d'un avocat québécois qui ferait une démarche semblable à la sienne à Paris ou à Lyon. Le taux de chômage des jeunes y est fort élevé...

    Et Mme Charpentier, j'ai eu aussi à traverser de longues période de recherche d'emploi... Et je suis Québécois, avec un excellent CV. Nous sommes des centaines dans cette situation. C'est le marché.

    Respectueusement,

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