D’actrice porno à future avocate des droits de la femme!

Cette Américaine a tout juste 19 ans, et elle est étudiante de premier cycle en Études féminines et sciences politiques à Los Angeles.

Rien de très original, si ce n’est que Belle Knox (son pseudo d’actrice) partage son temps entre l’école et les tournages de films pornos. Elle met son salaire de côté pour pouvoir payer ses futurs frais universitaires pour aller en faculté de droit.

Si elle commence ce nouveau métier en secret en novembre dernier, elle est bientôt découverte par un camarade de classe, qui dévoile sa vraie identité sur Internet, comme nous l’avions raconté en mars dernier.

Depuis, Belle Knox enchaîne les entrevues pour défendre son choix, et elle se fait petit à petit un nom - alors qu’un sex-toy à son effigie vient de sortir. Elle a accepté de se confier à Droit-inc.

Droit-inc : Comment a commencé votre carrière ?

Belle Knox : J’avais besoin d’argent, alors j’ai contacté une agence de mannequins. Ce sont eux qui m’ont ensuite orientée vers l’industrie du porno. J’ai commencé mes premiers films en novembre 2013 ; depuis, j’en ai fait une quarantaine.

C’est un métier très prenant, entre les tournages, les photos, les entraînements, les entrevues… Sans compter que je suis encore étudiante ! Mais les cours passent toujours avant.

Ça doit être difficile de tout gérer...

Oui. Surtout de voir la réaction des gens quand ils apprenent ce que je fais ; c’est l’un des moments les plus difficiles que j’ai vécus. Je viens d’une famille catholique et très conservatrice, et aujourd’hui mes frères ne me parlent plus à cause de mon métier. Mais petit à petit, les choses commencent à se calmer…

Vous ne craignez pas la réaction des avocats et futurs employeurs plus tard, par rapport à votre carrière d’actrice ?

Il y aura toujours des gens qui ne voudront pas m’embaucher à cause de ça. Mais cette expérience est très importante pour moi, j’apprends beaucoup, notamment sur les questions et problèmes auxquels les travailleurs du sexe doivent faire face. Un jour mon CV parlera suffisamment pour convaincre les patrons de cabinets d’avocats.

Qu’avez-vous appris sur les problèmes des travailleurs du sexe ?

Les discriminations auxquelles ils font face... Par exemple, je ne suis plus autorisée à travailler avec des enfants. Mon école organise un voyage où l’on doit accompagner des enfants, et je n’ai pas le droit d’y aller ; on m’a dit que ça serait inapproprié, à cause de mon métier dans le porno.

J’ai aussi une collègue actrice qui a été virée de sa banque - Chase. À cause de sa profession, la banque lui a fermé son compte et n’a plus accepté de la servir. C’est un peu comme ça tous les jours pour les professionnels du porno…

Je sais que mon métier risque de me mettre des barrières plus tard, quand je voudrais acheter une maison, etc. Ttout ça parce que notre carrière n’est pas reconnue comme légitime, comme un vrai métier.

Ça ne vous donne pas parfois envie d’arrêter ?

Non. J’ai déjà écrit beaucoup d’articles sur ce sujet, et je vais continuer à militer pour que cela change. Plus tard, j’aimerai être impliquée dans le processus législatif, pour faire évoluer notre statut.

Je souhaiterais que la prostitution soit légalisée, et les travailleurs du sexe reconnus. Je voudrais aussi changer les mentalités - notamment par rapport au viol et au harcèlement sexuel.

Quels sont vos plans pour le futur ?

J’aimerais aller en faculté de droit, à l’Université Duke, en Caroline du Nord. Je veux devenir avocate pour défendre les femmes. Il y a encore beaucoup à faire pour leurs droits aujourd’hui. Elles ont besoin d’une représentante forte, et je pense que je pourrais être cette femme-là, j’ai la passion qu’il faut.

Je ne sais pas si je poursuivrais les films pornos quand je serai avocate… Je ne pense pas que j’aurai le temps ! Et j’aimerais me concentrer uniquement sur mon combat.

Y a-t-il un cabinet en particulier où vous aimeriez travailler ?

Dans celui de Gloria Allred ! C’est mon idole. Elle est avocate, activiste pour les droits des femmes aux États-Unis. Elle a fait beaucoup contre le harcèlement des femmes. On considère souvent le droit comme une carrière masculine, et elle a montré que c’était un monde qui pouvait vraiment s’ouvrir aux femmes.

J’admire son côté passionné, et le fait qu’elle ne fasse pas de discrimination. Je l’ai rencontrée une fois, et je l’ai trouvée très ouverte ; alors que d’autres avocats ne veulent même pas me rencontrer à cause de mon métier.

Quel message voudriez-vous faire passer aux avocats ?

Embauchez-moi ! (rires) Plus sérieusement, il serait bien que les patrons étudient vraiment chaque candidature en prenant aussi en compte la valeur des expériences originales, différentes, comme la mienne. La diversité est un plus.

Un avocat est avant tout un défenseur de la justice. Mais aujourd’hui, beaucoup sont juste obnubilés par l’argent et leur réputation, leur statut social.

Et pour finir… Dans quel prochain film nos lecteurs pourront vous voir ?

« Lisa Ann ». Ça se passe dans une école, et ça sera très très hot. Le film sortira en août.