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Pour un dialogue direct avec les Kurdes

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Mathieu Jacques

2016-03-17 11:15:00

Cet avocat et maître en droit de l’université McGill déplore que le Canada n’ait toujours pas de représentation diplomatique à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien…

Me Mathieu Jacques est avocat et enseignant.
Me Mathieu Jacques est avocat et enseignant.
En février dernier, le secrétaire à la défense des États-Unis, Ash Carter, remerciait le Canada d’avoir triplé le nombre de ses conseillers militaires en Irak. En effet, si le retrait des CF-18 canadiens du front syrien a pu être interprété comme un désengagement dans la lutte contre le groupe État islamique, force est d’admettre que le Canada a décidé d’envoyer un signal clair et d’intensifier sa lutte en Irak.

Chaque pays membre de la coalition qui lutte contre le groupe État islamique doit jouer son rôle, et il est de notre responsabilité collective de fournir notre part d’efforts pour endiguer ce fléau. Toutefois, le Canada ayant choisi de concentrer ses efforts en Irak, il est important qu’il fasse des changements sur le terrain pour refléter cette nouvelle orientation politique.

Les peshmergas kurdes ont offert une des plus robustes résistances aux forces du groupe État islamique. Au moment où les troupes fédérales irakiennes ont été contraintes d’abandonner une partie importante du nord de l’Irak, les guerriers kurdes ont su tenir tête.

L’automne dernier, ceux-ci ont même repris la ville de Sinjar, coupant ainsi un lien important entre la capitale du groupe État islamique en Irak, Mossoul, et sa principale place forte en Syrie, Raqqa.

Une situation problématique

Le Canada dispose d’une mission diplomatique à Bagdad, mais n’a toujours pas de représentation diplomatique à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Cette situation est problématique et doit être corrigée. Si, comme annoncé par le gouvernement Trudeau, l’objectif est d’accroître l’effort en Irak et la formation aux forces fédérales irakiennes et kurdes, il est logique d’établir une ligne de communication civile directe avec ces acteurs sur le terrain.

Cela n’a rien de révolutionnaire, les États-Unis disposent déjà d’un consulat à Erbil et le Canada devrait faire de même. On ne peut adéquatement mesurer les besoins d’un allié comme les Kurdes si on n’établit pas des canaux de communication clairs avec ceux-ci.

Il est certain qu’il faut ménager les sentiments d’un Irak qui a perdu le contrôle de larges parties de son territoire, mais les Kurdes font partie de la solution pour que cette région retrouve un peu de stabilité. Le ministre des Affaires étrangères du Kurdistan irakien, Falah Mustafa Bakir, a visité le Canada en novembre dernier et il était très clair que le Kurdistan est à la recherche d’investisseurs, et l’aide canadienne est appréciée et doit continuer.

Le seul lien de communication ne doit pas qu’être militaire

Les besoins du Kurdistan irakien ne sont pas que militaires. Il n’est donc pas adéquat que le seul lien de communication entre le gouvernement canadien et le Kurdistan irakien soit de nature militaire. Il serait logique d’avoir un représentant diplomatique civil canadien sur le terrain.

Le Canada doit aussi déjà penser à l’Irak après le groupe État islamique. La violence interethnique qui a sévi dans le nord de l’Irak et qui continue en ce moment rend les perspectives sombres sur l’avenir d’un Irak uni. Si jamais la dislocation de fait de l’Irak venait à se confirmer en droit, il sera important à ce moment que le Canada soit déjà présent sur le terrain.

L’ouverture d’un consulat ou d’une autre forme de représentation diplomatique à Erbil est une piste que le Canada devrait sérieusement envisager compte tenu de sa nouvelle stratégie en Irak et des efforts qu’il compte déployer là-bas. Également, il s’agirait d’un geste concret et fort qui montrerait que le Canada est de retour et qu’il compte bien jouer un rôle actif pour contribuer à sa manière à résoudre la crise occasionnée par la montée en puissance du groupe État islamique.

Me Mathieu Jacques est avocat et enseignant. Il a 28 ans, parle six langues et a obtenu son baccalauréat à McGill en deux ans et demi en étudiant dans cinq pays différents.

Ses domaines de spécialités sont le droit du logement, le droit du travail, le droit familial ainsi que le litige civil. Droit-inc lui a consacré un article lors de son saut en solo.
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