Nouvelles

Quatre victimes de Bertrand Charest sortent de l'anonymat

Main image

Radio -canada

2018-06-01 14:15:00

Elles ont fait lever l'ordonnance de non-publication sur leur identité afin de sensibiliser contre les agressions sexuelles dans le milieu sportif...

L'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest
L'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest
Quatre femmes agressées sexuellement par l'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest dans les années 1990 ont obtenu vendredi de la Cour supérieure du Québec qu'elle lève l'ordonnance de non-publication sur leur identité. Geneviève Simard, Gail Kelly, Anna Prchal et Amélie-Frédérique Gagnon ont expliqué vouloir prendre la parole publiquement afin de faire de la sensibilisation contre les agressions sexuelles dans le milieu sportif.

« C'est en partageant leur triste expérience avec le public qu'elles seront en mesure de faire progresser la cause de la prévention du harcèlement et des agressions sexuelles dans le milieu des sports et permettre d'éviter qu'il n'arrive à d'autres ce qui leur est arrivé », pouvait-on lire dans la requête des quatre victimes, déposée au palais de justice de Montréal, dont Radio-Canada a obtenu copie.

Les quatre anciennes athlètes avaient témoigné au procès de Bertrand Charest, qui s'est soldé il y a près d'un an par la condamnation de l'ex-entraîneur sur 37 chefs d'accusation de crimes sexuels, qui a fait neuf victimes âgées de 12 et 18 ans entre 1991 et 1998. Aucune n'était présente en salle d'audience vendredi.

En imposant 12 ans de détention à l'ancien entraîneur de l’équipe canadienne junior, le juge Sylvain Lépine avait souligné le courage des victimes qui ont affronté le processus judiciaire 20 ans après les faits et qui traînent encore à ce jour plusieurs séquelles.

Une première victime avait brisé le silence, le 5 février 2015, en portant plainte contre Bertrand Charest. Onze autres femmes l'avaient ensuite dénoncé.

Sensibiliser le public

Pendant le processus judiciaire, comme le prévoit le Code criminel pour les victimes mineures au moment des faits et/ou les victimes de crimes sexuels, le tribunal avait imposé une ordonnance « interdisant de publier ou de diffuser de quelque façon que ce soit tout renseignement qui permettrait d’établir l’identité d’un plaignant ».

Cela faisait en sorte que les noms des victimes ne pouvaient être révélés dans les médias et que leurs visages ne pouvaient être diffusés.

Or, les quatre femmes souhaitent à présent faire une sortie publique afin de « participer à la mise en place d'un programme de prévention des abus commis dans le milieu du sport. Dans le cadre de leur démarche de guérison, elles souhaitent aujourd'hui parler en plein jour de ce qui leur est arrivé afin de sensibiliser le public aux agressions sexuelles dans le milieu des sports », selon la requête.
Or, comme personne ne s'est opposé à leur demande, le tribunal l'a approuvée.

Elles participeront lundi prochain à une conférence de presse organisée par B2Ten, qui fait du développement d'athlètes élites, « pour témoigner de leur expérience et prier le gouvernement d’agir rapidement afin de faire du sportif un milieu sécuritaire et sans abus psychologique ni physique », indique la convocation expédiée aux médias.

Quatre victimes de Bertrand Charest sortent de l'anonymat
Quatre victimes de Bertrand Charest sortent de l'anonymat


Les autres victimes et plaignantes vont conserver l'anonymat.

Mais certaines d'entre elles comptent demander à ce que l'ordonnance de non-publication sur leur identité soit également levée, selon Me Julie Girard, l'avocate de Mmes Simard, Kelly, Prchal et Gagnon.

Témoignages troublants

Le procès de Bertrand Charest, qui a duré trois mois au palais de justice de Saint-Jérôme l'an dernier, a fait grand bruit dans les milieux sportifs et judiciaires en raison des faits troublants révélés par les plaignantes lors de leurs témoignages, souvent très émotifs.

L'entraîneur multipliait les occasions de se retrouver seul avec elles afin d'avoir des rapports sexuels. Une des skieuses a d'ailleurs dû subir un avortement à l’âge de 15 ans à la suite de plusieurs relations sexuelles non protégées avec lui. Une autre avait raconté avoir dormi dans un igloo pour éviter de passer la nuit dans la même résidence que lui, lors d'un camp d'entraînement. Elle affirmait que son ex-entraîneur lui avait fait vivre « l'enfer ».

Bertrand Charest touchait régulièrement les adolescentes aux seins et aux fesses et s'amusait même à leur mordre le postérieur sur les pentes de ski.

Il faisait régulièrement des allusions sexuelles et les affublait de surnoms dégradants, en plus d'instaurer un climat malsain de compétition entre les athlètes.

Bertrand Charest, 53 ans, est détenu depuis son arrestation en 2015. Il a porté en appel sa condamnation et sa peine.
5678

1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Bravo
    Bravo pour votre courage mesdames. En espérant que vous pourrez faire avancer la cause de la prévention de tels agissements dans le futur.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires