Portrait

Ex-DJ à succès, il devient avocat à 41 ans!

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éric Martel

2019-01-08 15:00:00

Lassé d’un milieu dans lequel le sexe et la drogue sont omniprésents, il a entamé un chapitre de sa vie plus corporatif.

Martin Villeneuve est passé de DJ à avocat.
Martin Villeneuve est passé de DJ à avocat.
En 2013, debout sur la scène de la Place des arts d’Ottawa, Me Martin Villeneuve est ému.

Habitué des grandes prestations musicales devant public, l’homme se retrouve cette fois face à la foule pour une occasion complètement différente : recevoir son diplôme en droit, à 41 ans.

Après avoir joué aux quatre coins du globe, géré et possédé des bars, produit la musique d’un groupe récipiendaire d’un Juno, le DJ de carrière entamait alors un nouveau chapitre de sa vie, dans le monde du droit.

« À ce moment-là, je sentais que retourner à l’école, c’était ce que je devais faire. J’étais rendu là dans ma vie », explique-t-il à Droit-inc.

Aujourd’hui avocat général chez Flow, une entreprise canadienne produisant de l’eau minérale de manière responsable, le droit lui permet de combiner ses différents talents.

Chez Flow, le juriste rédige tous les contrats d’emploi et de promotion, ainsi que les ententes de confidentialité, en plus de superviser les technicalités entourant les embauches et les licenciements.

« Je suis anticonformiste à plusieurs niveaux. J’ai toujours eu un côté artiste et cartésien. Ça m’aide beaucoup en droit, où il faut trouver des manières non-conventionnelles d’arriver à nos fins », illustre-t-il.

Un amour de jeunesse

Tout a commencé chez ses parents, où il s’amusait à s’exercer bruyamment lorsque ceux-ci étaient à l’extérieur.

Le jeune DJ a commencé chez ses parents avant de vivre de son art.
Le jeune DJ a commencé chez ses parents avant de vivre de son art.
Même si son père, colonel dans l’armée canadienne, peinait à comprendre ses ambitions, le jeune DJ vit de son art jusqu’à l'âge de 22 ans. Il roule ainsi sa bosse dans les mariages, événements corporatifs et fêtes privées.

À l’époque, en plus de gérer des bars, il produit la musique de certains groupe, dont Capital Sound, récipiendaire d’un Juno.

Le destin le ramène toutefois rapidement sur les scènes, lorsque deux connaissances du milieu créent Atomic, un bar où il se produit en plus d’en assurer la gestion.

Petit à petit, son réseau de contacts s'élargit, si bien que dix ans plus tard, il débute une tournée internationale avec Deep Dish, un duo de DJ pour lesquels il assure la première.

Le revers de la médaille

Mais si ses spectacles l’amènent à visiter une vingtaine de pays, ils l’éloignent aussi de sa famille restée à la maison.

« Je partais le mercredi et j'essayais de revenir le dimanche soir. Ma carrière me faisait vivre de belles expériences, mais je n’avais personne avec qui les partager. Être DJ, c’est moins glamour que ça peut en avoir l’air », confie-t-il.

D’autant plus que le mode de vie du milieu, dans lequel le sexe et la drogue occupent une place importante, ne l’intéressait pas.

« J’ai vu des choses que la plupart des gens ne verront jamais. Plutôt que d’y participer, je souhaitais juste retrouver ma famille le plus rapidement possible. »

Me Villeneuve réalise alors une chose : il n’est plus fait pour le métier.

La naissance de son fils unique, Jacob, agit comme un catalyseur.

« Je me disais que DJ, ce n’était pas une carrière pour un papa. »

Retour au bercail

Las d’être loin de sa famille, le musicien rentre alors pour de bon à Gatineau en 2006. À l’époque, il était convaincu de pouvoir reproduire ses succès tout en demeurant au Québec.

En plus d'être DJ, il a lancé son club, le Heaven, à Toronto.
En plus d'être DJ, il a lancé son club, le Heaven, à Toronto.
En plus d’être DJ résident au club Stéréo de Montréal, il inaugure sa propre institution à Ottawa, le Heaven, où des gros noms du milieu tels que Armin Van Buuren, Fedde Le Grand et Benny Benassi se produisent.

« Moi et mon partenaire Nicholas Reichenbach avons vendu le club trois ans plus tard parce que nous étions fatigués. On se trouvait trop vieux pour ce mode de vie-là. C’était tout de même une réussite parce que c’est rare de trouver un acheteur dans ce milieu. »

Continuant parallèlement ses activités en musique, Me Villeneuve choisit de s’inscrire en histoire et sciences politiques à l’Université du Québec en Outaouais, programme dans lequel il avait complété quelques cours une quinzaine d’années auparavant.

Il y suit un cours de droit constitutionnel.

« Je savais que je n’aurais pas à commencer au bas de l’échelle en droit comme dans d’autres domaines. J’avais tout de même un doute car j’avais suivi un cours de droit au secondaire que j’avais détesté au point de l’abandonner après deux semaines! »

Ayant postulé à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa au mois d’avril 2010, qui le poiroter sur la liste d’attente tout l’été, il perd tranquillement espoir, jusqu’à ce qu’on lui annonce son admission… quatre jours avant la rentrée!

« J’avais 24 heures pour y penser et j’ai dit oui. J’ai été un peu dépassé par la difficulté des cours lors de mon premier mois, mais sinon, tout s’est bien déroulé pour moi. »

Toujours le même

Moins de quatre ans plus tard, l’avocat en devenir rejoint Robinson, le bureau de son ancien chargé de cours Bryan Robinson, qui l’invite à compléter son stage du Barreau.

« J’ai vite compris que c’était mon type de gars : il ne s’attendait pas à ce que j’arrive tôt au bureau et me laissait m’habiller comme je le voulais. »

Même s’il y était heureux, le nouvel avocat ne peut résister à l’appel de son ancien partenaire, Nicholas Reichenbach, dont l’entreprise Flow connaît une expansion importante.

Aujourd’hui, même s’il s’est réorienté vers le droit, Me Villeneuve continue à oeuvrer dans le milieu de la musique, surtout en tant que producteur.

« Ce que je fais n’est pas du Beethoven, mais je suis capable de composer de petites chansons », explique l’avocat-général.

Au fond, dit-il, le monde corporatif cadrait peut-être tout simplement mieux à sa personnalité.

« J’essaie d’éviter les maximes latines et les termes trop compliqués. J’aime quand c’est simple. En fait, je trouve que le droit en général n’essaie pas assez d’être accessible à tout le monde. »
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7 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Un DJ qui a fait une transition à la vie d'adulte !
    Pouvez-vous nous préparer un mix de Seba & Horg, ces rappeurs qui eux aussi ont effectué une transition réussie vers la vie d'adulte ?

    http://www.youtube.com/watch?v=rmaEahpzgi8

    http://www.youtube.com/watch?v=VFQlj0W4Leg



    Let's kick it...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      à 41 ans, c'est un diplômé "vintage à l'os" !
      Bienvenu dans la profession !

  2. Marianne
    Marianne
    il y a 5 ans
    Points communs
    Plusieurs de mes amis m'ont forwardé cet article. J'ai aussi été dj pendant 13 ans et me voici à l'école du barreau à 34 ans. Bravo pour le parcours! Parfois on ferme des chapitres et on en ouvre d'autres, voici toute la richesse de la vie.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Génial!
    Super cet article, il y a quelques personnes vraiment intéressantes et pas plates dans le milieu juridique!

  4. DSG
    Not what it used to be
    This goes to show that just about anyone can become a lawyer these days. It's the new fallback job; like real-estate agent courses that appeal to high school graduates who don't like manual labor. Then people wonder why the market is so saturated and that there's no money to be made in the profession.

  5. B.B.
    yellow press for lawyers
    every law society dreams about the moral character of a lawyer who openly discusses "sex and drugs" happening in the very club he owned and controlled before becoming a lawyer. Great way to gain the trust of the public

    • DSG
      True
      That's a good point too.

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