Mme D’Assylvas et sa famille.
Mme D’Assylvas et sa famille.
Elle ne porte pas le titre de maître, ni la toge, mais Amélie d’Assylvas n’en a que faire. Cela lui a pris du temps d’accepter son échec et de pouvoir en parler, mais aujourd’hui, elle a décidé d’en faire une force.

La juriste de 39 ans, originaire de Saint-Hyacinthe, propose depuis peu ses services aux avocats et aux cabinets « un peu débordés », en tant que parajuriste.

« Les besoins sont de plus en plus importants et même si je n’ai pas mon Barreau, j’ai quand même suivi les cours. Je mise sur mon bac en droit obtenu à l’Université de Sherbrooke, c’est un peu ma carte de visite », explique-t-elle.

Pour Mme D’Assylvas, les gens ne doivent pas se résumer à un diplôme. D’autant que le sien, elle l’a manqué pour une erreur de calcul. « J’avais compris le raisonnement. Je le comprends toujours. Je me suis juste trompée dans les chiffres à utiliser. Ne pas avoir le Barreau ne fait pas de moi une moins bonne professionnelle du droit », dit-elle.

De cette expérience, elle en a longtemps gardé une profonde tristesse. Aujourd’hui, elle avoue que lorsqu’elle y pense, un sentiment d’amertume l’envahit encore. « Je ne sais pas si c’est quelque chose qui se digère. J’étais assez ébranlée, surtout quand c’est ton rêve qui tombe à l’eau. Mais j’essaye de me dire qu’il n’y a rien qui arrive pour rien, que c’était peut-être mieux ainsi », philosophe-t-elle.

Rebondir malgré tout

La juriste de 39 ans et sa joyeuse famille.
La juriste de 39 ans et sa joyeuse famille.
Il faut dire que la juriste croit dans le destin. C’est d’ailleurs ça qui l’a poussée à franchir la porte de l’Université de Sherbrooke pour y faire son bac en droit.

Depuis ses 14 ans, bercée par la série « Les grands procès », Mme D’Assylvas se voyait avocate, mais opte d’abord pour des études en éducation spécialisée.

Finalement, elle se dirige vers un diplôme de technique juridique. C’est là que l’un de ses professeurs lui conseille vivement de pousser et de s’inscrire à un bac en droit.

« C’était une évidence. J’avais le désir d’aider les autres, de ressentir ce sentiment de justice et de du devoir accompli », raconte-t-elle.

Mais avec une enfant en bas âge, elle ne se voyait pas faire la route jusqu’à Montréal. Alors, elle ne postule qu’à Sherbrooke. « Je me suis dit que si j’étais acceptée, c’est que les étoiles étaient alignées », se souvient-elle.

À ce moment-là, les étoiles sont tellement alignées, qu’elle tombe enceinte une deuxième fois. Et cette fois-ci, ce sont des jumelles.

« Je terminais ma session en allaitant… Mais je suis allée jusqu’au bout », dit-elle. À l’École du Barreau là encore, Mme D’Assylvas tombe enceinte. Ce sera une quatrième fille !

Difficile de suivre des cours alors qu’il faut s’occuper de quatre enfants en bas âge. « C’était impossible pour moi d’ouvrir un livre après 20h alors que j’étais levée depuis 5h du matin… Mais je suis quelqu’un de très organisé, alors je m’en suis sortie », explique-t-elle.

Amélie d’Assylvas, aujourd'hui juriste.
Amélie d’Assylvas, aujourd'hui juriste.
Avec le recul, Mme D’Assylvas explique la gorge encore nouée qu’elle voulait avant tout « montrer à sa fille que lorsqu’on a un rêve en tête, il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour le réaliser, ni même d’âge ».

Et même si ses quatre enfants ne lui ont certainement pas facilité la tâche, elle ne regrette pas. « J’ai toujours voulu avoir 4 enfants », assure-t-elle.

Depuis, elle cherche plutôt à se faire une place en tant que parajuriste et n’hésite pas à toquer aux portes pour proposer ses services. « Je suis dans un groupe Facebook, je prends le téléphone et je passe des coups de fil, parfois c’est du bouche-à-oreille, mais c’est sûr que ce n’est pas facile », raconte la juriste.

Quant à savoir si le fait d’avoir raté son Barreau est un handicap pour ses plans de carrière, Mme D’Assylvas n’y croit pas. « Je fais le pari de jouer la transparence et de le dire, mais je pense que j’ai acquis beaucoup de connaissances dans le droit. La vie continue. »

Et puis finalement, être à son compte lui donne la possibilité de s’organiser comme bon lui semble pour s’occuper de ses 4 filles.

Pourquoi pas retenter le Barreau plus tard ? « Ce n’est pas dans mes plans… Même si j’ai un peu le sentiment que la boucle n’est pas bouclée, j’ai laissé ça sur la glace et j’ai juste envie de me laisser surprendre par la vie ».