Entrevues

Exclusif ! Le vice-président et conseiller juridique senior d’ABB en entrevue

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Rene Lewandowski

2007-06-15 11:25:00

Quand François-Philippe Champagne a terminé ses études de droit, en 1992, il n’avait qu’une idée en tête : faire une carrière internationale. C’était le début du libre-échange avec les Etats-Unis, et le jeune homme y voyait là une niche à explorer.

Il a donc décidé de faire une maîtrise en droit dans une université américaine. Quelle décision ! Car depuis, sa carrière a décollé comme une fusée.

À 36 ans, il est aujourd’hui vice-président et conseiller juridique senior de la multinationale ABB, qui compte 109 000 employés et près de 150 avocats à travers le monde. Il travaille du siège social, à Zurich, en Suisse.

De passage en fin de semaine dernière à Montréal, François-Philippe Champagne a bien voulu partager ses expériences professionnelles avec Droit-inc.com. Il nous dévoile aussi ses ambitions … politiques.

Droit-inc.com : Vous auriez pu connaître un tel début de carrière en restant au Québec ?

François-Philippe Champagne : Impossible ! À l’internationale, on travaille très vite sur des dossiers complexes et importants. Et si on livre la marchandise, on peut gravir les échelons rapidement. Avec le recul, je me dis qu’il n’y pas beaucoup d’avocats au Québec qui ont eu cette chance. À moins d’avoir 65 ans !

Droit-inc.com : Et côté salarial, c’est mieux ?

François Philippe Champagne : Ce n’est pas comparable. Il me faudrait toute une vie au Québec pour atteindre le niveau de rémunération que j’ai en Suisse !

Droit-inc.com : Parlez-nous un peu des dossiers sur lesquels vous avez travaillé.

François-Philippe Champagne : En 1999, j’ai travaillé sur l’intégration juridique de Elsag Balley, une société néerlandaise que venait d’acquérir ABB, et qui comptait 35 filiales dans le monde. La même année, j’ai aussi piloté la clôture de la vente d’Adtranz (division des trains d’ABB) à Daimler Chrysler. Ça a duré neuf mois ! En 2000, j’ai été impliqué dans le joint-venture entre ABB et Alstom pour la création d’une division énergétique. Il fallait transférer 60 000 employés répartis dans une centaine de pays. Malheureusement, le mariage n’a pas duré, et il fallu reprendre le processus inverse au bout de six mois ! Enfin, de 2003 à 2006, j’ai travaillé sur l’implantation d’un « Chapter 11 » aux États-Unis, pour une filiale d’ABB qui avait des problèmes reliés à l’amiante. On a négocié fort et on a réglé pour 1,43 milliard $ US.

Droit-inc.com : Pour un avocat québécois, ça prend quoi pour réussir à l’international ?

François-Philippe Champagne : En premier lieu, se trouver une niche dans laquelle on veut exceller. En ce sens, une maîtrise en droit obtenue à l’étranger est une bonne porte d’entrée. Ensuite, maîtriser plusieurs langues et se familiariser avec les cultures étrangères. Enfin, et surtout, il faut oser. Bien des avocats québécois seraient surpris de constater à quel point ils peuvent être appréciés par les employeurs étrangers. La plupart sont bilingues, et plusieurs maîtrisent à la fois le droit civil et le Common Law, des atouts. Et les multinationales apprécient la bi-culturalité des Québécois.

Droit-inc.com : Vous pensez revenir un jour au Québec ?

François-Philippe Champagne : C’est sur ! Mon objectif a toujours été de travailler à l’étranger pour y acquérir de l’expérience, et revenir au Canada pour amorcer une carrière politique.

Droit-inc.com : Ah oui, à quel niveau et pour quel parti ?

François-Philippe Champagne : Fédéral et libéral !

Droit-inc.com : Stéphane Dion, vous en pensez quoi ?

François-Philippe Champagne : Il a un rôle difficile. Je me sens plus près de Michael Ignatieff, peut-être parce qu’on a tous les deux une expérience internationale.

Droit-inc.com : Vous visez la chefferie ?

François-Philippe Champagne : J’ai un plan de carrière et je vise toujours le plus haut possible ! Cela dit, bien des choses peuvent arriver. Je suis aussi très proche de Martin Cauchon (ex-ministre de la Justice et procureur général du Canada de janvier 2002 à décembre 2003,aujourd’hui associé chez Gowlings), un ami.

Droit-inc.com : Donc, si Martin Cauchon se présente un jour à la chefferie du parti libéral, vous le suivrez ?

François-Philippe Champagne : C’est une possibilité. Du moins, j’y songerai sérieusement.
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