Au début, c’est comme un costume trop grand. Il faut apprivoiser le mot.
Alors, on s’y essaye.
Avec plus ou moins de succès d’ailleurs …
Quelques jours après avoir prêtée serment à Paris, je n’avais pas pu m’empêcher de réserver une table au restaurant au nom de Me Mignon. Mea culpa.
Être Maître ou ne pas être ?
Les mois passent ensuite.
Ce titre qu’on avait fait reluire en début de pratique, devient alors banal en cabinet, au point de ne plus s'y attarder, sauf pour alimenter quelques débats entre jeunes professionnels.
Et, comme dans toute chose, il y a les pour et les contre!
Du coté des contre, on parle de désuétude et de distance avec le client.
En gros, on reproche au « Me » de ne pas servir à grand-chose.
Ajoutez, (peut-être est-ce plus vrai en France), que pour eux, les règles d’usage du titre Maître revêtent une complexité bien inutile.
Au fait, saviez-vous qu’on ne réfère pas à soi-même en utilisant le titre Maître, pas plus qu’on ne l’utilise entre confrères ?
Moi, qui étais plutôt de ce bord là, force est d’avouer, que quand le titre est tombé, j’ai ressenti l’exclusion d’une profession.
Du coté des pour, justement, on allègue l’appartenance à l’ordre et le respect des valeurs de la profession.
Certains ont aussi une vision bien plus pragmatique.
« Quand un client me dit Monsieur, je sais qu’il me défie, que c’est sa façon de me dire, je vous surveille. Ne vous croyez pas supérieur à moi, m’a dit un avocat. J’agis alors en conséquence en cherchant à le rassurer … »
Symbole de la francophilie
Au Québec, l’usage du titre revêt encore une connotation supplémentaire.
Règlementé à l’Article 32 du Code des professions et l’article 136 de la loi sur le barreau, l’utilisation du mot Maître veut faire ressortir la profession aux yeux du public.
Raison pour laquelle quiconque n’étant pas avocat ou notaire, ne peut faire précéder son nom des lettres Me ou Mtre.
Ce serait donc un moyen supplémentaire de protection du public, puisque ces lettres permettent de distinguer l’avocat de celui qui ne l’est pas.
« J’associe le titre à une désignation purement indicative de la profession et non pas à une titre en vue de noter une distinction social. Le terme Maître ne doit jamais être un outil pour abaisser », dit Me Michel Doyon ancien bâtonnier et historien du droit.
Certes.
Néanmoins, on s’en sort très bien sans, puisque l’usage de ce titre est en Amérique du nord une exception québécoise.
C’est justement pour cela qu’il faut le défendre, explique Me Doyon.
« C’est une tradition qui relève de la francophilie et d’une culture civiliste du droit, dit-il.
J’associe le titre à une marque de politesse à l’égard de l’appareil judiciaire. »
Allons plus loin ensemble …
Et vous, êtes-vous pour ou contre l’emploi du titre Me pour désigner les avocats ? Répondez-nous dans l’espace qui vous est dédié dans la rubrique Commentaires.
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