Fernando Garcia, vice-président, Affaires juridiques, CargoJet. Source: About.me
Fernando Garcia, vice-président, Affaires juridiques, CargoJet. Source: About.me
Les arguments en faveur du télétravail sont nombreux, et sont de plus en plus documentés: productivité, économies, etc.

Sauf que. En contexte corporatif, ne pas participer à la vie de bureau en personne compte son lot d’inconvénients. Surtout en début de carrière.

C’est du moins l’argument avancé par Fernando Garcia, l’actuel vice-président, Affaires juridiques de CargoJet, et ex-avocat général de Nissan Canada.

Dans une récente chronique du magazine Canadian Lawyer, le conseiller juridique d’expérience estime ainsi que la vie de bureau est riche d’enseignements et d’expériences inestimables pour les conseillers juridiques, surtout lorsqu’ils sont en début de carrière.

C’est que le travail virtuel prive les avocats de l’enrichissement que permettent les interactions dans la vraie vie. À ce titre, il déconseille fortement le travail à distance à temps plein, évoquant les répercussions que la décision de rester à la maison peuvent avoir sur une carrière.

« Ce n’est pas en faculté de droit, ou lors de réunions formelles (en virtuel) avec d’autres avocats qu’on acquiert les expériences et les compétences nécessaires pour pratiquer le droit et devenir un bon professionnel », soutient-il.

En effet, selon Fernando Garcia, les apprentissages les plus significatifs proviennent des interactions quotidiennes et des rencontres fortuites, ou informelles, qu’on peut avoir avec des collègues, des avocats ou des clients.

« Les expériences les plus formatrices proviennent de discussions impromptues dans les couloirs, alors qu’on attend de retourner en audience », poursuit-il.

Fernando Garcia évoque tous les instants passés par les stagiaires à demander aux associés s'ils ont besoin d'aide, ou s’ils peuvent assister à une rencontre ou une audience, sont riches, et peuvent faire la différence pour un professionnel qui débute.

« Les nouveaux avocats ne peuvent pas reproduire cet apprentissage virtuellement », croit-il, ajoutant que le télétravail, c’est comme se cacher, et que ceux qui se cachent tendent à disparaître de l’écran radar…
Et ce, c’est sans compter le mentorat reçu de la part d'avocats expérimentés. « C'est en arrêtant quelqu'un dans le couloir, en acceptant spontanément d'aller déjeuner ensemble pour échanger des idées ou des histoires que l'on apprend et que l'on construit ces relations clés. Ces relations dureront tout au long de votre carrière », et qui aident à lancer une carrière.

Il en va de même pour la pratique privée: les relations demandent du temps, et des efforts, et il n'y a pas d'alternative à la rencontre en tête à tête. Fernando Garcia est même d’avis que les relations solides ne se nouent pas en virtuel. Adieu le réseautage dans ces cas-là, un manque à gagner qui peut être fatal pour un avocat de pratique privée.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’apport qu’une présence peut apporter à la croissance d’un professionnel. Les conseillers juridiques de haut niveau tentent depuis longtemps d’avoir un siège à la table du conseil. « En étant présent, vous démontrez votre valeur pour l'équipe et vous devenez un véritable partenaire commercial stratégique », conclut Fernando Garcia.

Tandis qu’un visage à l’écran devient, ultimement, de moins en moins visible…