Carrière et Formation

Une avocate veut une formation en jeunesse pour les avocats

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Stéphane Tremblay

2022-09-06 14:15:00

Une avocate déplore que les enfants soient les otages du système lors d’une séparation des parents. Elle souhaiterait une formation aux futurs avocats...

Me Valérie Assouline. Source: LinkedIn
Me Valérie Assouline. Source: LinkedIn
Me Valérie Assouline, qui défend des dizaines de causes impliquant des enfants démunis chaque semaine, conseille aux avocats de ne jamais oublier que « lorsque deux parents se disputent, au milieu, il y a un ou des enfants ».

L’avocate de 24 ans d’expérience croit que les étudiants en droit devraient bénéficier d’une formation plus poussée en jeunesse. Une formation qui pourrait être également offerte aux jeunes avocats

« Au-delà du code de déontologie. Au-delà des mesures de la pratique. Au-delà des connaissances des articles de loi. Nous avons comme professionnel du droit une responsabilité de voir au bien- être de l’enfant. Notre rôle est de s’assurer que nos décisions soient prises en ayant l’enfant comme point de mire ».

Une façon de traiter les dossiers qui demande même d’accepter la défaite. « Il est préférable de perdre une cause si l’intérêt de l’enfant est gagnant. Et ça malheureusement, trop d’avocats l’oublient », dit-elle avoir constaté sur le terrain.

Celle qui est présente au Tribunal tous les jours à la défense d’enfants « sacrifiés », a immédiatement en tête des dossiers où les avocats de la Direction de la protection de la jeunesse veulent « à tout prix gagner. La DPJ doit être une partie neutre. Ni pour le papa ni pour la maman. La neutralité, un mot trop souvent méconnu à la DPJ ».

Du même souffle, elle reconnaît que parfois les parents sont « des tout croches ». Elle mentionne refuser chaque semaine plusieurs dossiers parce qu’elle n’a pas la même vision que la mère ou le père.

« Même si on m’offrait un million de dollars pour représenter un parent qui admet consommer de la cocaïne à l’occasion, c’est non, parce qu’il ne mérite pas d’avoir la garde de l’enfant. Les avocats ne doivent pas accepter tous les mandats et donner de faux espoirs à des parents uniquement parce que c’est payant. Non, l’intérêt de l’enfant doit être le critère numéro un de défendre ou non un parent ».

Une grille d’évaluation

Me Assouline a sa propre grille d’évaluation. « Je me demande si cette personne pourrait garder mes enfants? Si oui, je vais me battre, sans compter les heures pour qu’elle obtienne la garde. Nous sommes quatre avocats en droit de la famille chez SOS Avocats et nous avons tous la même philosophie : Le temps et l’énergie, ça n’a pas d’importance, à condition que la cause permet d’améliorer l’avenir d’un enfant », mentionne cette mère de quatre enfants âgés de 11 à 18 ans.

Celle qui accepte régulièrement des contrats pro bono, suggère aux avocats de fortement inviter leurs clients à favoriser la médiation.

« Assurons-nous que l’un des parents ne dénigrera pas l’autre et surtout pas devant les enfants. Conseillez aux parents de se placer dans les souliers de leur enfant avant de faire quelque chose ou de prononcer « des paroles qui dépassent la pensée ».

Elle ajoute : « Dites à vos clients d’accepter de faire des séances de coaching parental avec conviction et détermination. C’est important ».

D’ailleurs, elle rappelle aux parents que les enfants « n’ont pas envie d’entendre vos commentaires, vos états d’âme, vos frustrations. Il faut aimer ses enfants assez pour ne pas détester l’autre parent ».

Consciente que de gérer ses émotions est parfois plus facile à dire qu’à faire, Me Assouline dit aux parents d’avoir à la portée de la main un journal pour exprimer sa colère. « L’écriture et surtout la relecture de vos textes peut avoir un effet thérapeutique ».

Me Valérie Assouline représente la famille de la petite martyre de Granby, décédée en avril 2019 où la DPJ est montrée du doigt. Elle a d’ailleurs livré un percutant témoignage lors de la Commission Laurent, en février 2020. Elle s’était attaquée directement à la machine de la DPJ trouvant inacceptable que certains enfants se retrouvant bien malgré eux au cœur d’une chicane de parents doivent être relocalisés dans une famille d’accueil.

« Les enfants ne comprennent pas pourquoi ce sont eux les victimes? Pourquoi, doivent-ils payer le prix pour le conflit de leurs parents? Pourquoi doivent-ils quitter leur chambre, leurs jouets, leurs amis, leur école? », conclut Me Assouline, précisant que des enfants finissent par être privés de l’un ou des deux parents, souffrant de cette rupture.
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1 commentaire

  1. DSG
    Notre rôle est de s’assurer que nos décisions soient prises en ayant l’enfant comme point de mire
    Good luck. Lawyers use the kids as negotiation tools; threatening to withhold visitation rights, moving them to another city, taking them out of private schools or sports, etc. They're heartless. Divorce proceedings are used to inflict maximum pain. You want to protect the kids? Tell the parents to endure each other until they reach 18 years of age.

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