Me Laura Scheim
Me Laura Scheim
Avant de commencer sa carrière en litige commercial, civil et fiscal au bureau de Montréal d'Osler, Hoskin & Harcourt LLP., Me Laura Scheim a nourri un vif intérêt pour un champ bien différent : les droits de l’homme !

La future avocate a en effet décroché, avant son Barreau en 2014, un baccalauréat en sciences politiques et en sociologie de l'Université McGill, ainsi qu’une maîtrise en droits de la personne de la London School of Economics (avec une spécialisation en droit international). Elle a également été stagiaire, à titre d’auxiliaire juridique, à la Cour suprême du Canada et à la Cour d'appel du Québec. Elle a même remporté le prix commémoratif Louis H. Rohrlick pour la plus haute distinction en droit international public.

Alors, pourquoi s’est-elle tournée vers le litige ?

« Je suis une personne de nature analytique, avoue-t-elle. J’aime les défis intellectuels, la réflexion stratégique. C’est ce que j’ai pu mettre à profit au sein d’Osler, un cabinet pour lequel je travaillais déjà pendant mes études. »

Un nouveau défi professionnel excitant

Malgré tout, au bout de huit ans de pratique, l’avocate a senti qu’elle avait besoin de changement. Elle aimait toujours autant l’analyse fouillée de dossiers de haut litige, mais moins les plaidoiries elles-mêmes devant des tribunaux.

C’est à ce moment-charnière qu’Omni Bridgeway, leader mondial en financement des litiges et en gestion des risques juridiques, est arrivé dans sa vie.

« On s’est trouvé mutuellement, raconte Me Scheim. J’ai rencontré leur équipe canadienne et j'ai été vraiment impressionnée par la teneur de leurs dossiers. »

Le contraire est également vrai, puisque la compagnie a créé un poste sur mesure pour elle, celui de gestionnaire d'investissement associée et conseillère juridique. De quoi s’agit-il au juste ?

« Je m’occupe maintenant de déterminer si une cause judiciaire qui ne pourrait pas être menée, faute de moyens, mérite l’investissement de notre compagnie, explique l’avocate. Chaque jour, j’analyse donc de nombreux documents afin de déterminer le bien-fondé d’une réclamation, l’évolution des cas de preuve et l’état de droit sur certaines questions qui me permettent, à mon niveau, de faire progresser le système judiciaire canadien. C’est vraiment passionnant! »

Financement de litiges : quelques bases

Nous avons tous entendu parler, surtout chez nos voisins américains, d’affaires individuelles ou collectives menées par des cabinets rémunérés s’ils obtiennent gain de cause. Par contre, au Canada, cette industrie est encore jeune, et elle compte peu de spécialistes en la matière.

Omni Bridgeway, une société australienne cotée en bourse à l'ASX (Australian Stock Exchange) qui existe depuis 1986 et qui compte 185 avocats experts sur les cinq continents, a fait du financement de litiges sa spécialité, en plus d’assurer l’exécution des jugements et la recherche d’actifs à travers le monde entier. Elle octroie des fonds à des causes méritoires de tout ordre engagées par des individus, des entreprises ou des groupes qui ne pourraient pas payer les frais judiciaires, souvent importants, nécessaires pour se défendre.

« Il ne faut pas oublier que certaines causes, comme l’action collective ciblant actuellement un cartel allégué de boulangers industriels et de détaillants en alimentation qui auraient conspiré pour augmenter artificiellement pendant deux décennies le prix du pain pré-emballé vendu au Canada, peuvent prendre 5, 10 ou même 15 ans à aboutir, rappelle Me Laura Scheim. C’est une situation où la complexité et la durée des procédures menacent la possibilité de mener l’instance à terme. Le procureur doit alors trouver un tiers investisseur comme Omni Bridgeway afin d’assurer, jusqu’au bout, la défense de l’intérêt des membres. Et ce dernier, en contrepartie, aura droit à un remboursement avec rendement déterminé en cas de succès du litige. »

Une industrie prometteuse

Omni Bridgeway dispose depuis 2016 d’une antenne canadienne qu’elle développe progressivement avec une équipe de neuf experts, dont trois basés au Québec.

« Nous sommes presque une start up ici ! » confirme Me Scheim, qui apprécie aussi le côté entrepreneurial de son nouveau mandat, car tout est encore à faire en matière de financement de litiges au Canada.

« Nous savons, ajoute-t-elle, que nous avons un rôle éducatif à jouer pour mieux faire connaître notre spécialité au grand-public, aux entreprises et aux avocats. C’est un magnifique défi qui ne m’effraie pas, car je suis convaincue que cette industrie est porteuse et fera progresser une branche du droit qui en a bien besoin ! »