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La « purge LGBT» : il reste beaucoup à faire…30 ans plus tard

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Stéphane Tremblay

2022-11-14 10:15:00

La « purge LGBT » vous connaissez? Le président de l’Association du Barreau canadien et fier membre de la communauté LGBTQ2S+ a une opinion sur le sujet…

Me Steeves Bujold. Sources: Sites web de purge LGBT et de McCarthy Tétrault LLP
Me Steeves Bujold. Sources: Sites web de purge LGBT et de McCarthy Tétrault LLP
Il y a 30 ans, le gouvernement canadien a mis fin à une campagne systématique de discrimination connue aujourd’hui sous le nom de « purge LGBT ».

Cette campagne visait à repérer et à se « débarrasser » des fonctionnaires LGBT en raison de leur orientation, de leur identité sexuelle ou de leur expression de genre. La chasse a commencé au sein de la fonction publique fédérale et de l'armée dans les années 50 et s'est poursuivie durant des décennies, aussi au ministère de la Défense nationale et à la Gendarmerie royale du Canada.

Des années 1950 jusqu’en 1992, le gouvernement a utilisé des moyens qui allaient à l’encontre de la dignité humaine et du respect de la vie privée pour cibler les membres de la communauté LGBTQ2S+.

Plus de 9 000 personnes ont été affectées par cette campagne discriminatoire. Plusieurs ont perdu leur emploi, les privant d’avantages sociaux, d’indemnités de départ et de pensions.

Un recours collectif a été intenté en 2016 et s’est finalement conclu deux ans plus tard avec une entente historique prévoyant des mesures d’indemnisation totalisant 145 millions de dollars.

Ces mesures d’indemnisation ont été accompagnées d’excuses du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à la Chambre des communes.

Droit-Inc s’est entretenu avec le président de l’Association du Barreau canadien, Me Steeves Bujold.

Trente ans plus tard, comment considérez-vous cet événement ?

Je considère ceci comme un moment sombre de notre histoire. Ces mesures ont affecté les carrières, l’estime de soi, la santé mentale et la vie sociale de toute une génération de membres de la communauté LGBTQ2S+. Des vies ont été brisées.

Il y a eu de l’ouverture au cours des trois dernières décennies?

Trente ans plus tard, je suis aussi fier de voir les progrès significatifs qui ont été réalisés au cours des dernières années. Notre pays est l’un des plus diversifiés au monde, et de nombreuses initiatives ont été mises en place pour lutter contre la discrimination et pour promouvoir la diversité. De plus en plus de gens se sentent libres d’assumer leur orientation et leur identité sexuelles sans craindre les impacts que cela pourra avoir sur leur carrière.

Du côté de l’Association du Barreau canadien, notre Section sur l’orientation et l’identité sexuelle fête cette année ses 25 ans d’existence et continue à répondre aux besoins et aux préoccupations des gais, lesbiennes, bisexuels, transgenres et personnes bispirituelles de l’ABC.

Que faut-il retenir de cette période sombre de notre histoire ?

Comme je l’ai mentionné, notre pays est l’un des plus diversifiés au monde, mais ce ne fut pas toujours le cas et de nombreuses personnes se sont battues et continuent à se battre pour faire progresser l’inexorable marche pour l’avancement des droits de la personne. Et pour que nous puissions continuer à progresser, il est important de nous rappeler notre histoire et de reconnaître que le combat pour la justice n’est pas terminé.

Une étude nationale sur le mieux-être dans la profession juridique financée par la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada et l’Association du Barreau canadien et publiée récemment démontre que les membres de la communauté LGBTQ2S+ au sein de la profession juridique font face à des taux élevés de stress, d’anxiété, d’épuisement professionnel et de dépression».

Je suis aussi particulièrement concerné par les inégalités et la discrimination dont sont victimes les personnes non binaires et trans au Canada. Les données démontrent indéniablement que les personnes trans et non binaires sont négligées, incomprises, sous- représentées et laissées pour compte. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour que nous puissions tous vivre librement dans une société inclusive et diversifiée, sans craindre la discrimination.

Quel est l’importance que les témoignages des victimes soient rendus publics afin d’éviter que ce qui est arrivé soit sous-estimé et que les victimes tombent dans l’oubli ?

La Purge LGBT demeure un événement peu connu à travers le pays. C’est la raison pour laquelle je veux rendre hommage aux survivants de la Purge LGBT, et plus particulièrement à Martine Roy, Todd Ross, Diane Pitre, Wayne Davis et Linda Goguen-Manning qui forment aujourd’hui le conseil d’administration du Fonds Purge LGBT, une société sans but lucratif qui travaille à mettre sur pied des projets de réconciliation et de commémoration ».

Comme je l’ai mentionné, il est important de nous rappeler de notre histoire pour qu’une véritable réconciliation se fasse. Il est aussi important de souligner le travail effectué par des gens de la communauté juridique pour faire reconnaître les droits des victimes. De nombreux avocats ont été impliqués dans la cause, dont Douglas Elliott qui était l’avocat principal du recours collectif, ou encore Audrey Boctor qui est membre du Conseil d’administration de l’ABC et Me Marie Laure Leclercq qui est membre du Comité consultatif du monument. Ces avocats nous rappellent qu’en tant que membres de la communauté juridique, nous avons tous un rôle à jouer pour défendre les droits des personnes les plus désavantagées de notre société.
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2 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    "Il reste beaucoup à faire" ? Quelle farce !
    Le LGBTisme est maintenant "célébré" à tel point que ce sont maintenant les non-invertis qui font figure de réactionnaires suspects.

    Il est maintenant de mise d'afficher un enthousiaste débordant à l'égard de toute sortes de mises en scènes grotesques et vulgaires, et de battre sa coulpe si vous êtes un "cis-genre", comme cela se fait en Corée du nord lors des célébration à la gloire du grand leader.

    Ce qu'il reste réellement à faire c'est protéger les "cis-genre" contre des quotas de représentativités qui ne seront qu'un autre véhicule de patronage, et de mettre fin aux programmes de ré-éducation déguisés en cours de formations.

  2. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a un an
    Purge inversée
    "L'inexorable marche des droits de la personne". Sérieux ? Plutôt l'inexorable décadence de la société oui

    Sinon, je me demande bien comment ils peuvent passer le délai de prescription 14 ans après les derniers faits.

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