La Presse

Le nouveau Maître de FMC

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Rene Lewandowski

2007-11-09 07:24:00

Claude Morency se souviendra toute sa vie de l'an 2007. Car cette année, il a eu 40 ans, est devenu papa pour la deuxième fois, et a été élu la semaine dernière l'associé-directeur du bureau montréalais de Fraser Milner Casgrain (FMC).

Il est ainsi devenu l'un des plus jeunes patrons d'un bureau de cabinet pancanadien.

"Je me sens honoré", dit l'avocat, visiblement encore chamboulé par les événements des derniers jours, alors qu'il accorde sa première entrevue en tant que boss dans une salle de conférence du 39e étage de la Place Ville-Marie.

Il faut dire que les quatre dernières semaines n'ont pas dû être de tout repos. Car c'est une véritable "course à la direction" que se sont livrés Claude Morency et ses deux collègues, Steven Lloyd et Christian Létourneau, eux aussi candidats.

Devant les 40 associés du bureau ayant droit de vote, chacun a dû tour à tour présenté sa vision de l'avenir et un plan de match pour y parvenir. Un processus démocratique qui a permis "d'échanger sur ce qui nous unis", dit Claude Morency.

La lutte a été serrée, au point où il a fallu procéder à un deuxième vote, Claude Morency et Christian Létourneau ayant récolté le même nombre d'appuis lors du premier tour.

Ce qui a fait pencher la balance? C'était trois excellents candidats avec des visions et des plans de match qui s'apparentaient, explique le président du cabinet à l'échelle nationale, Michel Brunet.

"Mais au bout du compte, les associés ont perçu chez Claude une capacité à mieux exécuter le plan", dit-il.

Refaire l'unité
Chose certaine, c'est tout un défi qui attend le nouveau patron. Il devra d'abord refaire l'unité au sein du groupe après une course aussi endiablée.

"Les avocats ont une bonne opinion d'eux-mêmes et beaucoup sont jaloux de leur position au sein d'un cabinet", dit l'associé chez Langlois Kronström Desjardins, Raynold Langlois, qui connaît bien Maître Morency. "Claude devra faire preuve de diplomatie."

Pourra-t-il y parvenir? "Claude est un homme droit, juste et équitable", selon l'associé-directeur pour le Québec de McCarthy Tétrault, Marc-André Blanchard, qui a eu à l'affronter dans quelques dossiers au fil du temps. "Ce sont des qualités primordiales pour diriger un bureau", dit-il.

Claude Morency, lui, n'entrevoit aucun problème. "Le processus s'est déroulé dans l'harmonie, il n'y aura pas de pots à recoller", dit-il. Une de ses premières décisions fut d'ailleurs de créer un nouveau conseil d'administration du bureau et d'y nommer ses deux collègues.

Objectif croissance
Dans ses nouvelles fonctions, il s'est fixé deux objectifs: gérer la croissance du bureau montréalais et continuer à faire croître la plateforme nationale du cabinet.

Actuellement, le bureau de Montréal compte environ 95 avocats, en incluant les avocats-conseils. D'ici deux à trois ans, Claude Morency espère porter ce nombre à près de 120, en recrutant plus particulièrement des avocats en droit des affaires.

Mais ce ne sera pas facile. Tous les grands cabinets luttent présentement pour attirer les meilleurs dans ce secteur. Et le bureau de Montréal de FMC a vécu ces derniers temps une période de turbulences, avec la désertion en cours de mandat de son associé-directeur, Vitale Santoro, parti en octobre chez Osler, et le départ de quelques gros canons comme Louis Clément et Pierre Setlakwe, partis respectivement chez BLG et Stikeman Elliott.

Pour Claude Morency, cette vague de départs a eu peu d'effets significatifs sur la performance du bureau. "Ça fait partie de notre industrie, dit-il. Des départs, il y en aura d'autres, tout comme nous accueillerons notre lot de nouveaux avocats."

Il donne en exemple l'arrivée récente de Stéphane Teasdale, en provenance de Miller Thomson Pouliot, reconnu par le magazine LEXPERT comme l'un des meilleurs avocats en droit du franchisage au pays.

Dans les prochains mois, il a bien l'intention de veiller personnellement au recrutement de nouveaux avocats, tant chez les étudiants que chez les "latéraux", en provenance de la concurrence.

D'un océan à l'autre
Pour les convaincre, Claude Morency mise sur la plateforme nationale de FMC. Depuis la fusion, en 2000, de Fraser Milner, avec le cabinet montréalais Byers Casgrain, la firme joue en effet dans la cour des grands, capable de desservir ses clients d'un océan à l'autre avec des bureaux à Montréal, Ottawa, Toronto, Edmonton, Calgary, Vancouver et New York .

Il s'agit certes d'un argument massue pour séduire de nouvelles recrues, dont la clientèle vit à l'ère de la mobilité des personnes et des capitaux.

Un des objectifs du cabinet est justement d'encourager les avocats à se référer des clients d'un bureau à l'autre. Car il arrive encore que des clients choisissent FMC au Québec, mais optent pour un autre cabinet ailleurs au Canada. "Aujourd'hui, nous sommes en mesure de leur offrir des solutions juridiques à l'échelle de pays", dit Claude Morency.

Pour donner l'exemple, le nouveau patron a décidé de continuer sa pratique en droit de la construction et en litige commercial, même s'il est bien conscient que ses nouvelles fonctions seront exigeantes.

Une bonne décision, estime l'associé-chef de la direction d'Ogilvy Renault, Pierre Bienvenu, qui le connaît bien. "Ça envoie le bon message à l'ensemble du cabinet. Trop souvent, les nouveaux associés-directeurs profitent de leur statut pour ne plus pratiquer", dit-il.

De toute façon, Claude Morency a 12 mois pour voir s'il pourra maintenir le rythme de jouer à la fois son rôle d'avocat et celui de patron. Habituellement, les associés-directeurs de FMC sont élus pour deux ans, mais comme il est arrivé en cours de mandat, il devra se représenter l'an prochain.

S'il décidait de poursuivre, il est toutefois peu probable qu'il ait à vivre une autre "campagne électorale", si l'on se fie à ce qui s'est passé cette année dans les autres bureaux de FMC. Les associés-directeurs d'Ottawa, Toronto et Calgary ont en effet tous été réélus par acclamation. Ouf!
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