Carrière et Formation

L’avocate qui se dédie aux enfants

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Camille Dufétel

2023-06-02 15:00:00

Cette avocate dédie sa carrière depuis plus de cinq ans aux droits des enfants et estime qu’il faut d’ailleurs donner plus de visibilité à ceux-ci. Qui est-elle ?
Me Malika Saher. Source: LinkedIn
Me Malika Saher. Source: LinkedIn
Me Malika Saher est depuis le 1er avril 2023 directrice – droit intégré à la Fondation Dr Julien, qui vient en aide chaque année à plus de 10 000 enfants issus de milieux défavorisés, grâce à ses centres de pédiatrie sociale.

Pour Me Saher, s’impliquer pour les droits des enfants a toujours été une évidence, et le travail des avocats seuls ne suffit pas à résoudre des situations familiales parfois très complexes.

Barreau 2015, elle a travaillé à la Fondation Dr Julien pendant plus de cinq ans comme avocate en centre de pédiatrie sociale, avant qu’on ne lui propose le poste d’avocate-médiatrice principale auprès de l’Institut de pédiatrie sociale en communauté, pour faire de la formation et de la recherche en pédiatrie sociale, puis celui de directrice – droit intégré.

Elle rappelle que la Fondation accompagne, certifie et forme 45 centres de pédiatrie sociale à travers le réseau. La plupart sont au Québec, d’autres se situent dans des réserves autochtones, en Ontario ou encore au Nouveau-Brunswick.

Des initiatives naissent assez régulièrement en plus de ces centres de pédiatrie sociale dans des communautés où il y a des enfants en situation de vulnérabilité, précise aussi Me Saher.

« Mon travail en ce moment, c’est de travailler en formation, en recherche, en accompagnement des centres, et de déployer le droit dans le réseau, c’est-à-dire la pratique du droit intégré en pédiatrie sociale en dehors de Montréal », détaille-t-elle.

Certains centres l’approchent pour des questions juridiques. L’avocate les aide à tisser des liens, plutôt que de leur donner directement la solution.

Elle essaie alors de les mettre en contact avec leur communauté, pour créer des liens avec les bureaux d’aide juridique. Elle explique que beaucoup de bureaux d’aide juridique sont très impliqués avec leur centre de pédiatrie sociale.

Prévention et règlement des différends

Elle sensibilise d’ailleurs ses confrères et ses consœurs à l’intégration de l’enfant et de sa famille dans le processus de résolution de problèmes juridiques. Mais aussi au fait de travailler beaucoup en prévention et règlement des différends, plutôt qu’en litige.

« Le litige est extrêmement anxiogène pour n’importe qui, et ça l’est encore plus pour des enfants et familles en situation de vulnérabilité, insiste-t-elle. On essaie de préserver leurs liens avec leur milieu plutôt que de mettre de l’huile sur le feu avec du litige. Parfois, on a besoin du litige, mais en dernier recours, quand on a tout essayé. »

Me Saher donne ainsi à ses pairs une idée de la différence entre la pratique en pédiatrie sociale et la pratique conventionnelle du droit. « Il y a un monde entre les deux ! », assure-t-elle.

« Il y a des avocats prenant des mandats d’aide juridique auxquels la Fondation réfère beaucoup ses familles, précise-t-elle également. C'est un travail de collaboration avec ces derniers. On essaie de placer toutes les pièces du système juridique au profit de nos enfants et de nos familles. »

Miser sur la transdisciplinarité

L’avocate l’assure, elle ne s’attendait pas à voir à Montréal des enfants vivant autant de difficultés.

« Je suis allée loin, par exemple en Côte d’Ivoire, mais on a aussi ici des enfants qui vivent des situations extrêmement difficiles et qui ont besoin d’une approche globale à laquelle moi, en tant qu’avocate, je ne peux répondre seule », assure-t-elle.

Elle explique avoir vraiment trouvé sa voie à la Fondation en voyant qu’elle pouvait travailler avec, entre autres, des médecins, des pédiatres, des psychoéducatrices, des thérapeutes, qui ont tous quelque chose à apporter à sa pratique.

« Nos visions se complètent, et c’est ce dont l’enfant a besoin, de plusieurs disciplines pour l’aider à se développer globalement, remarque-t-elle. On appelle ça la transdisciplinarité. »

L’enfant et sa famille s’impliquent ainsi comme des experts de leur réalité, pour tenter de résoudre des situations difficiles. « On a beau venir avec les meilleurs plans d’intervention, si on le fait entre professionnels, on n’aura pas le meilleur plan pour la famille, pour l’enfant ».

La Fondation compte ainsi quelques avocats médiateurs et Me Saher explique que ces derniers sont beaucoup appelés en clinique pour des dossiers ou des questionnements juridiques.

Me Vincent Lachance. Source: LinkedIn
Me Vincent Lachance. Source: LinkedIn
En clinique, l’équipe utilise auprès de ces familles en situation de vulnérabilité la méthode de l’APCA, Accueil et Apprivoisement, Partage, Compréhension et Action. Passer à l’action nécessite au préalable selon elle une réelle compréhension de la situation de l’enfant et de sa famille, croit l’avocate.

À côté de la clinique, l’avocat effectue tout un accompagnement auprès de l’enfant de sa famille, et forme son équipe, mais aussi les enfants, en droit. La créativité des avocats est très sollicitée au quotidien, note Me Saher. « Parfois, la loi ne nous aide pas ».

Me Vincent Lachance, avocat à la Fondation depuis janvier 2023, a d’ailleurs expliqué plus en détails le rôle d’avocat-médiateur au sein de cette organisation à Droit-Inc.

Une passion de toujours

Me Saher a toujours été passionnée par le droit des enfants. Elle a suivi des cours optionnels en droit de l’enfant durant ses études et s’est aussi impliquée dans ce domaine au niveau communautaire.

« Je ne savais pas qu’une pratique hors DPJ existait en droit des enfants, se souvient-elle, quand elle débutait sa carrière. Donc j’ai fait au départ un parcours type litige dans un petit bureau que j’adore et qui m’a formée humainement. » Il s’agit de Grondin Savarese Avocats.

C’est durant cette période que la diplômée de l’Université d’Ottawa et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne a marqué une parenthèse, afin de se rendre en Côte d’Ivoire à titre de conseillère juridique volontaire auprès du Bureau international des enfants.

Elle a réintégré son cabinet ensuite, qui selon elle s’est montré très ouvert face à son envie de s’impliquer pour les droits des enfants.

L’avocate s’est ensuite « un peu cherchée », pour reprendre ses mots. Elle a travaillé quelques mois comme attachée politique pour le gouvernement du Québec. Elle ne se sentait pas épanouie, et c’est là qu’elle est tombée sur une offre d’emploi de la Fondation Dr Julien.

Elle a commencé à y travailler en janvier 2018. Elle continue par ailleurs à effectuer des mandats pour le Bureau international des enfants.
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2 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    Anonyme
    J’ai suivi la formation qu’elle a donnée avec Dr Julien aux grands rdv de la formation du barreau, une approche passionnante, que j’aurais aimé connaître en début de pratique.

  2. Une Curieuse
    Une Curieuse
    il y a un an
    LES DROITS DES ENFANTS
    J'aimerais savoir si la formation juridique pour le Droit des Enfants est plus longue ou pareille, que celle pour les adultes ?

    Se donne-t-il des minis formations pour connaitre la base des droits pour les enfants ?

    Merci

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