Une carrière sans frontières

Sophie Ginoux
2025-07-24 14:15:21
ONG, ONU, arbitrage, diplomatie, cabinets privés : le spectre est immense. Deux étudiants lèvent le voile sur un domaine sous-estimé qui recrute déjà…

Pour beaucoup de personnes, le droit international a des contours un peu flous. Comme il ne relève ni du droit des affaires, ni du droit de l’immigration, on l’associe le plus souvent aux traités de paix, à la Cour pénale internationale, ou à la protection des droits de l’homme. Bref, à des sujets intéressants, mais un peu hors de notre quotidien.
« Mais ce droit est en fait relié à une quantité de disciplines ! Il faut cesser de le stéréotyper en pensant qu’il est très niché ou qu’il ne sert à rien » lance Ghita Ouardi, étudiante de la Faculté de droit civil de l’Université d’Ottawa et présidente de la Société étudiante de droit international (SEDI).
En s’engageant dans cette association, la jeune femme s’est entre autres donné pour mission de mieux faire connaître cette branche du droit, qui comprend notamment le droit international de l’environnement, le droit international pénal, le droit de la diversité culturelle, le droit de l’union européenne, tout comme le droit du commerce international.
« Qu’il soit public ou privé, c’est un droit extraordinairement vivant, renchérit Alouss Willy Doumbia, étudiant au doctorat dans la même faculté et vice-président de l’association étudiante. Le droit international est présent dans toutes les sphères de notre vie, même si nous n’en avons pas conscience. Par exemple, en commandant un produit sur Amazon, nous faisons appel à du droit international. »
De multiples carrières

Les juristes en droit international, ou même les avocats qui greffent cette spécialité à celle qu’ils ont déjà, disposent de beaucoup plus de débouchés professionnels qu’on ne l’imagine, nous apprennent nos deux intervenants.
« Le droit international est un domaine de contacts, parfait pour les personnes qui aiment découvrir d’autres cultures et d’autres langues, tout comme pour ceux qui s’intéressent au politique et à l’humain », précise Ghita Ouardi.
Quelles carrières peut-on mener concrètement dans cette branche ? Évidemment, on peut tout d’abord devenir avocat en droit international dans un cabinet, avec une spécialité en affaires (entreprises étrangères et multinationales, par exemple), en arbitrage, ou dans les ONG. Certaines sociétés se dotent aussi d’avocats, de juristes et de consultants spécialisés, à l’interne comme à l’externe.
Un diplômé en droit international peut également être juriste dans des organisations internationales comme l'ONU, l'UNESCO, l'OMC ou l'UNICEF. Ou bien fonctionnaire dans les ministères des Affaires étrangères ou de la Justice, conseiller juridique dans des ambassades ou des consulats, diplomate ou représentant d’un État lors de missions à l’étranger, juge international, journaliste spécialisé…
« Personnellement, je me dirige vers la recherche et le professorat », explique Alouss Willy Doumbia, fasciné par le degré d’expertise et la pertinence de ses enseignants, en majorité praticiens. « Ils méritent vraiment d’être plus visibles, ce à quoi nous nous employons à la SEDI. »
Promouvoir le droit international

Les deux étudiants s’impliquent dans la SEDI avec cœur et conviction. Avec leurs collègues de l’association, ils travaillent à démocratiser et à faire connaître le droit international à travers plusieurs activités chaque année.
« Nous organiserons cet automne un panel sur les débouchés dans cette branche avec des professeurs de l’université, ainsi qu’un second cocktail de réseautage cet hiver, car celui de l’an dernier, qui réunissait des étudiants, des enseignants, des cabinets nationaux, des ONG et la Banque mondiale a été très populaire », indique Ghita Ouardi.
La SEDI prévoit également une école d’été au Chili, des visites d’institutions comme des ambassades, des présentations, ainsi qu’une simulation de l’ONU (débats et résolutions comprises). De plus, l’association compte mener tout au long de l’année des quizz sur les réseaux sociaux avec des réponses fournies par des professeurs de l’Université.
« Le droit international mérite plus de visibilité, dit en terminant Alouss Willy Doumbia, qui se projette dans le futur. En le faisant appliquer, nous sauverons des vies et ferons évoluer notre société. Nous modèlerons le monde de demain. »