Séance ciné : à la belle étoile

Céline Gobert
2012-08-31 17:00:00

C’était hier soir.
Vous l’avez loupé ? Pas de panique, le FFM vous offre encore quatre projections gratuites pour goûter les plaisirs d’une toile... à la belle étoile.
Ce soir, par exemple, vous avez l’occasion de voir ou de revoir le Shining de Kubrick, descente aux enfers d’un écrivain dans un hôtel paumé.
Dimanche et lundi feront place à des comédies, avec d’un côté le Starbuck québécois de Ken Scott avec le célèbre Patrick Huart, et de l’autre, l’oscarisé Artiste, hommage en noir et en blanc au vieux cinéma hollywoodien.
Mais, c’est sur le Hugo de Martin Scorcese que se porte notre choix aujourd’hui. Un film pour enfants ? Une erreur dans la filmographie du réalisateur de Casino ? Rien de tout cela !
Il faut bien vous l’avouer : lorsque Martin Scorcese a annoncé son intention de réaliser un film pour enfants en 3D, j’y ai aussi vu l’expression d’un opportunisme moderne, le caprice d’un cinéaste de près de 70 ans pour goûter à une technologie en vogue.
Pire : les premières images (d’un marketing foiré) annonçaient une œuvre de gosses, calibrée pour Noël, esprit Narnia, Potter et Cie.
Mais, Hugo, est un fantastique et vibrant hommage au 7ème art, captivant, ultra soigné, qui s’adresse aux grands enfants cinéphiles de ce monde.
Déclarer sa flamme au cinéma

Du Paris des années 30 aux mille rouages et mécanismes des horloges dans lequel se cache Hugo, tout y est sublimé, utilisé à merveille pour illustrer une histoire passionnante sur le temps qui passe, les conséquences des avancées techniques sur l’art, le pouvoir de l’imagination.
On est partout (chez Dickens, Chaplin, Keaton), et nulle part à la fois, tant Hugo possède une patte singulière, sa propre réalité, celle d’un auteur amoureux fou des bobines et pellicules, d’un ciné à l’ancienne – qu’il restaure, par ailleurs, au travers de sa fondation (World Cinema Foundation).
Le cinéma, pour Scorcese, c’est une invitation au rêve, des désirs insatiables, une aventure de chaque instant. Comme Méliès l’a fait en son temps.
Sa lettre d’amour à l’art (qu’il soit cinéma, littérature, illustration) regorge de trésors, de beautés, de petits bonheurs éparpillés sur plus de deux heures fascinantes.
Un travail d’orfèvre, chef d’oeuvre révolutionnaire parce qu’inédit, faisant la part belle à l’avant - mais sans nostalgie aucune, fougueusement ancré dans son temps.
Allez donc vérifier par vous-mêmes samedi soir, confortablement installés sur les bancs et les marches de la Place des Arts.