Dans les coulisses du contentieux financier

Sonia Semere
2025-08-19 14:15:16

Le contentieux au sein d’une institution financière reste un univers encore méconnu du milieu juridique. Mais que s’y passe-t-il réellement? Sur quels types de dossiers les avocats se penchent-ils au quotidien?
Droit-inc s’est entretenu avec Me Maude Lapointe, avocate chevronnée dans le domaine. Après dix années passées chez Desjardins, elle vient tout juste de rejoindre iA Groupe financier. Quels défis l’attendent ? Et comment tracer sa voie dans ce secteur exigeant? Entretien.
Pour commencer, vous venez d’intégrer l’iA Groupe Financier. Qu’est-ce qui vous a donné envie de rejoindre cette entreprise et comment cette opportunité s’est-elle présentée à vous?
J’ai travaillé plusieurs années chez Desjardins, où j’ai beaucoup apprécié exercer dans le contentieux juridique d’une institution financière, un domaine qui me passionne.
C’est alors qu’une connaissance m’a parlé d’un poste disponible chez iA Groupe financier, très similaire à celui que j’occupais chez Desjardins. L’occasion correspondait parfaitement à mon profil et à mes intérêts, ce qui m’a motivée à rejoindre le groupe.
Pouvez-vous me décrire votre rôle? Quelles sont les principales missions qui vous ont été confiées?
Je travaille au service juridique de l’IA Groupe Financier, où je soutiens principalement l’assureur pour tout ce qui concerne l’assurance individuelle.
Dans mon équipe, nous sommes sept juristes et nous répartissons les dossiers selon trois volets : l’assurance, l’épargne individuelle et l’épargne collective. Pour la partie assurance, cela couvre notamment les questions liées aux polices : intérêts d’assurance, changement de propriétaire, ou encore règlement de prestations lors du décès d’un assuré. Nous participons aussi au développement de produits, par exemple en intégrant des solutions électroniques aux polices d’assurance.
Côté épargne individuelle, nous traitons des dossiers portant sur les régimes de retraite : retraits, possibilités de transfert, etc. Enfin, pour l’épargne collective, cela inclut la gestion juridique des régimes de retraite à prestations déterminées, ainsi que le régime de retraite des employés de l’iA.
Vous avez mentionné tout à l’heure avoir passé dix ans chez Desjardins. Quel enseignement tirez-vous de cette expérience ? En quoi cela vous a-t-il renforcée en tant qu’avocate?
Mon arrivée chez Desjardins m’a permis de diversifier ma pratique : je ne travaillais plus uniquement sur les régimes de retraite, mais aussi sur des questions liées aux contrats de rente et à l’assurance de personnes.
Ce poste m’a donné l’occasion de toucher à une grande variété de sujets juridiques, allant de la faillite au droit de la famille, en passant par le droit du travail. C’est l’avantage de travailler au contentieux d’une compagnie d’assurance : même si l’on se spécialise, on reste en contact avec plusieurs domaines connexes.
Quand j’ai commencé, l’équipe juridique était très réduite. Avec la croissance de l’entreprise, elle s’est considérablement agrandie. J’ai donc appris à collaborer avec un plus grand nombre de collègues, mais aussi à former de nouveaux avocats et notaires. Le travail d’équipe a été un acquis précieux chez Desjardins, que je continue à mettre en pratique et à développer aujourd’hui chez iA.
Pour conclure, quel conseil donneriez-vous à une jeune avocate ou un jeune avocat qui souhaiterait se lancer dans votre secteur?
Mon conseil serait de ne pas avoir peur de pratiquer le droit autrement. Le travail en contentieux d’institution financière est encore un peu méconnu, mais c’est un domaine fascinant qui permet de diversifier ses champs d’intérêt en droit. De plus, ces postes offrent généralement une bonne conciliation travail-famille.
Je leur dirais donc de se lancer, de poser des questions aux juristes qui travaillent déjà en institution financière et de saisir les nombreuses opportunités qu’offre ce secteur pour les jeunes avocats.