Nouvelles

Étudier le droit, aussi attrayant qu’avant ?

Main image

Caroline G. Murphy Et Nicholas Teasdale

2011-02-24 14:15:00

Plusieurs universités américaines s’inquiètent de la chute du nombre de candidatures reçues pour leur programme de droit en 2011. Les études de droit ont-elles perdu de leur lustre ? Peut-être aux États-Unis, mais pas au Québec.
Les facultés de droit américaines verront chuter leur nombre de candidatures de 12% cette année, selon le LawBlog du Wall Street journal. C’est ce que prédit le Law School Admissions Council, un organisme sans but lucratif qui a pour but de faciliter les admissions en droit pour les étudiants et les facultés aux États-Unis, au Canada et en Australie.

Les étudiants se seraient peut-être fait à l’idée que les perspectives d’emploi sont moins bonnes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a quelques années au pays de l’oncle Sam.

Au Québec pourtant, rien ne témoigne d’une baisse d’intérêt pour les études en droit. Au contraire, elles ont de plus en plus la cote auprès des cégépiens, qui constituent environ la moitié des candidats et qui sont plus nombreux à tenter leur chance à chaque année dans les diverses facultés de la province.

En effet, à l’Université de Sherbrooke, les demandes ont bondi de plus de 25% en 5 ans, alors qu’à l’UQAM et à l’Université Laval, c’est de 15%, selon les données universitaires de la CRÉPUQ. À l’Université de Montréal, où les demandes ont augmenté de près de 20% en 5 ans, on assure que le nombre de candidatures devrait continuer de progresser de manière stable, même s’il s’agit une légère hausse. À l’université McGill, les admissions générales progressent depuis 10 ans, soit de 15 à 25% depuis 2000-2001.

Pour ce qui est des étudiants universitaires ou des professionnels qui choisissent de se réorienter vers le droit, leur nombre n’a pratiquement pas bougé depuis les 5 dernières années.

Pourquoi ?

Ali Martin-Mayer, de l'université McGill, explique la différence entre les admissions aux États-Unis et au Québec
Ali Martin-Mayer, de l'université McGill, explique la différence entre les admissions aux États-Unis et au Québec
Mais qu’est-ce qui fait que le nombre de candidatures chute aux États-Unis et augmente au Québec ? Ali Martin-Mayer, doyenne adjointe à l’admission et au recrutement à McGill, avance que la baisse enregistrée cette année aux États-Unis n’est peut-être pas aussi drastique qu’elle ne paraît. La crise économique de 2008 joue pour beaucoup dans l’équation.

“Dans le reste du Canada et aux États-Unis, il semble que les gens aient décidé de retourner à l’école en raison de la crise. Nous avons aussi observé une forte hausse. Cette année, c’est revenu à la normale. Le mouvement est peut-être plus marqué là-bas, parce que le marché est plus volatile.”

Frais de scolarité et endettement

La grande différence entre le Québec et les États-Unis tient dans les frais de scolarité. À l’université McGill, les frais de scolarité pour un étudiant québécois atteignent 3 748$ pour 30 crédits en 2010-2011, en incluant les frais afférents.

En comparaison, aux États-Unis, dans les facultés de droit les plus prestigieuses comme Harvard et Yale, les étudiants doivent débourser respectivement 45 026 $ et 48 340 $ par année, selon les chiffres du Law School Admission Council. Les études coûtent moins cher dans les universités publiques, mais les frais de scolarité y varient quand même de $9 980$ par année à l’université Brigham Young à $35 907 à l’université de Californie à Berkeley.

De nouvelles facultés émergent régulièrement et le marché américain de l’emploi est plus volatile.“L’investissement que les gens font en allant en droit est moins sûr aux États-Unis. Les futurs étudiants commencent peut-être à se rendre compte qu’ils ne trouveront pas le travail qui leur permettra de rembourser rapidement leurs énormes dettes d’étude”, suppose Mme Martin-Mayer.

Elle ajoute que le marché québécois est beaucoup plus stable. Le faible niveau d’endettement permet aussi aux jeunes diplômés de trouver un emploi qui leur correspond, contrairement aux Américains qui doivent trouver un emploi plus payant pour rembourser leurs dettes.

Patrick Maheux, l’adjoint à la vice-doyenne de la faculté de droit de l’Université de Montréal, indique que la forte demande a poussé la faculté à accepter une vingtaine d’étudiants en plus par année. “La popularité des études en droit au Québec est un heureux problème pour nous au fond”, conclut M. Maheux.
15770
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires