Financement de litige : la voie est libre

Jean-Francois Parent
2020-05-11 14:15:00

Voilà que le plus haut tribunal du pays vient de lever quelques-uns des derniers obstacles à son utilisation, soit le financement d’un litige dans le contexte d’une procédure de faillite.
Dans sa décision 9354-9186 Québec Inc. c. Callidus Capital Corp rendue en janvier, et dont les motifs ont été publiés le 8 mai dernier, la CSC estime ainsi que « le financement de litige favorise la réalisation de l’objectif fondamental du financement temporaire : permettre au débiteur de réaliser la valeur de ses éléments d’actif », écrivent les juges Wagner et Moldaver.
Un failli peut financer un litige

L’histoire commence en 2015, quand le concepteur de jeux vidéo Bluberi Gaming, de Drummondville, dépose son bilan. Il attaque alors son principal créancier, la Torontoise Callidus Capital, alléguant que la banque d’affaires est responsable de ses déboires et lui réclame 200 millions de dollars. Bluberi—9354-9186 Québec Inc.—, qui s’est placée en 2015 sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, fait alors appel à Omni Bridgeway pour financer sa bataille juridique.

Callidus s’oppose au financement, alléguant qu’il s’agit d’un plan d’arrangement au sujet duquel le créancier devrait pouvoir voter. En première instance, on donne raison à Bluberi, mais Callidus interjette appel, et gagne. La Cour d’appel estime que le financement du litige converti Omni Bridgeway en investisseur, et que ses droits doivent être subordonnés à ceux des autres créanciers.
C’est cette dernière décision qui est rejetée par la Cour suprême.
De moins en moins controversé

La CSC ajoute au passage que « dans la mesure où les accords de financement de litige par un tiers ne sont pas illégaux en soi, il n’y a aucune raison de principe qui permet d’empêcher les juges surveillants d’approuver ce type d’accord à titre de financement temporaire dans les cas qui s’y prêtent ».

Le plus haut tribunal du pays conclut en jugeant « manifeste que le juge surveillant a mis l’accent sur l’équité envers toutes les parties, les objectifs précis de la LACC et les circonstances particulières de la présente affaire lorsqu’il a approuvé » le financement de litige par un tiers.
Me Neil Peden, de Woods, a ainsi remporté une deuxième victoire en moins de deux ans pour sa cliente Omni Bridgeway. Mes Jean-Philippe Groleau, Christian Lachance, Gabriel Lavery Lepage et Hannah Toledano de Davies représentaient 9354-9186 Québec Inc, soit Bluberi.

La décision de la CSC permet aux plaignants de poursuivre leurs réclamations, avec le soutien d'Omni Bridgeway, facilitant ainsi leur accès à la justice, estime Me Bouchard. C’est une décision dont Omni Bridgeway entend tirer parti, poursuit-il, d’autant que les conditions de marché actuelles risquent « malheureusement » de provoquer plusieurs litiges sous la LACC.
« Cela va causer une utilisation plus élargie du financement de litige. Nous sommes heureux que la CSC reconnaisse cet avantage clé », conclut-il.
Mk
il y a 5 ansJe n'ai pas trop compris de quoi l'article parle, mais je suis d'accord pour qu'on aide les recours. Ex. : Go fund me pour permettre à quelqun de poursuivre quelqun d'autre. C'est la même chose. Ce n'est pas tous les demandeurs qui ont des reins solides pour financer un recours et on peut quand même pas leur demander de vendre du chocolat pour financer leur recours!!!