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Jérôme Kerviel: les opérations fictives examinées par le tribunal

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La Presse Canadienne

2010-06-14 14:15:00

Un ancien responsable hiérarchique accusateur le matin… et les opérations fictives examinées à la loupe l'après-midi par le tribunal.
Lors de la cinquième journée d'audience à son procès, Jérôme Kerviel, accusé par la Société générale de lui avoir fait perdre un peu plus de 4,9 milliards d'euros, est resté lundi vague tant dans ses explications que sur ses motivations.

"Je suppose que Jérôme Kerviel veut réécrire l'histoire. Il se persuade que sa hiérarchie était au courant et l'encourageait", a lancé Christophe Mianné, à l'époque des faits responsable de la salle des marchés et l'un des supérieurs du trader. Lors de sa déposition, il n'a pas adressé un regard à son ancien subordonné. "Mais la hiérarchie ne le savait pas", a-t-il martelé.

Rétrogradé à la suite de l'affaire Kerviel, Christophe Mianné peine à saisir les motivations qui ont poussé le trader à prendre des positions à risques, près de 50 milliards en janvier 2008. En agissant ainsi, "il fonce dans le mur et c'est criminel", analyse-t-il. Quant aux motivations, il n'ose croire que c'était pour "envoyer la banque dans le mur".

"Personne à la Société générale n'a le pouvoir de miser 50 milliards d'euros", a-t-il souligné en rappelant qu'un trader s'engage à "être loyal, transparent" et respecte les limites fixées par la banque. Ce que n'a pas fait Jérôme Kerviel, selon l'accusation qui lui reproche notamment d'avoir amplement dépassé les limites imposées par la banque. Le desk sur lequel il travaillait ne pouvait engager plus de 125 millions d'euros par jour.

Tout au long de l'après-midi, Kerviel a dû s'expliquer sur ses opérations fictives destinées à masquer ses prises de positions à risques sur les marchés. Pour la banque, son ancien employé est un fraudeur hors pair qui a choisi "des techniques qui permettaient de déjouer les contrôles" mis en place à l'époque, a expliqué la représentante de la banque, Claire Dumas. Qui indiquera qu'après enquête interne, la banque s'était aperçue que Kerviel était un "des rares traders à parler gentiment" aux employés du back-office, service s'occupant de la gestion post-négociation des opérations financières. Comprendre qu'en étant aimable au sein de traders mal élevés, il pouvait faire traîner certaines opérations.

Toujours sur la même ligne de défense, Kerviel, bras croisés et débit staccato, a réaffirmé que toutes ces opérations fictives, qu'il qualifie d'"opérations cosmétiques", étaient décelables et décelées par sa hiérarchie, reconnaissant toutefois s'être laissé emporté "dans une spirale" et/ou une "fuite en avant".

Les trois avocats de la banque, à la manière de catcheurs se relayant sur un ring, ont essayé, sans grand succès, d'immobiliser Kerviel dans ses contradictions. Si ces opérations à risques étaient connues de sa hiérarchie directe, pourquoi n'est-elle pas intervenue pour faire cesser le désastre lorsqu'il a perdu 2,7 milliards d'euros en juin 2007, lui ont-ils demandé. Comme souvent, il n'a pas répondu.

Jérôme Kerviel, âgé aujourd'hui de 33 ans, est jugé pour "abus de confiance", "faux et usage de faux" et "introduction frauduleuse dans un système de traitement automatisé de données informatiques". Il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende.

Il lui est reproché d'avoir spéculé sur les marchés européens en dépassant les limites financières assignées par la banque et en masquant ses positions par des fausses opérations. La Société générale a toujours déclaré avoir découvert le 18 janvier 2008 l'ampleur de ces positions à risques, puis de les avoir débouclées quelques jours plus tard avant d'annoncer les pertes aux marchés financiers.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    A Croquer !
    Quel bel homme ce Kerviel !
    J'en ferais bien mon petit quatre-heure !

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