La Commission Charbonneau ajourne ses audiences pour l'été

La Presse Canadienne
2013-06-19 16:22:00

Le témoin a plusieurs fois affirmé qu'il n'était pas dans son mandat de directeur général d'intervenir pour changer les choses, même s'il avait entendu les rumeurs de collusion et qu'il y avait eu des enquêtes policières sur l'octroi de contrats à Laval.
Il a admis avoir transmis les choix d'entrepreneurs du maire Gilles Vaillancourt à son directeur du service de l'ingénierie, Claude DeGuise, dès 1996-1997. Mercredi, il a précisé que l'ex-maire lui a plusieurs fois par année dicté son choix d'entrepreneur en construction pour un contrat donné, entre trois et dix fois par année.
En contre-interrogatoire, il a estimé que seulement 25 pour cent des contrats étaient en libre compétition à Laval.
S'il a agi ainsi, c'était "par peur de gâcher l'emploi que j'aimais", a-t-il répondu à la juge France Charbonneau, qui lui avait demandé s'il avait carrément peur de perdre son emploi s'il n'acceptait pas de transmettre les choix du maire. Refuser aurait pu le mettre en mauvais termes avec le maire et il y avait trop à faire à Laval pour freiner ainsi son élan, a-t-il laissé entendre.
Tableaux révélateurs
Lorsque le procureur de la commission, Me Paul Crépeau, l'a placé devant des tableaux sur l'octroi de contrats à Laval qui donnaient des indices sérieux de collusion, il a répondu qu'il n'avait jamais vu de tels tableaux, ni commandé de telles analyses lorsqu'il était directeur général de la Ville.
Certains de ces tableaux démontrent, par exemple, que les soumissions des entrepreneurs atteignent souvent plus ou moins 5 pour cent du coût estimé par les ingénieurs. En une occasion, il n'y a qu'une différence de 83 cents.
Ce taux de précision a étonné Me Crépeau, qui lui a demandé si lui, en tant que directeur général, n'aurait pas dû y voir un signe que les entrepreneurs et les ingénieurs se parlaient entre eux des évaluations de coûts.
"On peut soupçonner qu'il y a eu collusion à quelque part, mais ça ne me regarde pas", a affirmé l'ancien directeur général de Laval.
Amis entrepreneurs
M. Asselin a aussi admis avoir des liens d'amitié avec l'entrepreneur Antonio Accurso et être "assez près" du promoteur et entrepreneur Valmon Nadon.
Il a pris des vacances avec l'entrepreneur Accurso aux îles Vierges, a loué un bateau avec lui et les deux couples ont partagé un repas "deux ou trois fois" ensemble, a-t-il précisé à Me Crépeau.
Le fils de M. Asselin a aussi travaillé pour une entreprise de M. Accurso, a fait des travaux de jardinage chez M. Accurso et a même momentanément habité dans sa résidence d'été.
Me Crépeau a aussi soulevé le fait que l'entrepreneur Valmon Nadon, de qui il se dit proche, avait décroché "un contrat excessivement payant" pour un projet baptisé Carré Laval, soit une carrière qui a reçu toutes sortes de matériaux et déchets de la région.
À la fin de la journée, la juge Charbonneau a salué le travail de toutes les parties, en soulignant que les enquêteurs poursuivraient leurs enquêtes durant l'été "en vue des audiences de l'automne". Ainsi, il n'y aura pas de période pendant laquelle la commission sera inactive cet été, puisque les vacances du personnel seront prises tour à tour, afin que des enquêteurs et procureurs restent constamment en poste, a-t-on fait savoir.
La procureure chef de la commission, Me Sonia LeBel, a rappelé de son côté que plus de 80 témoins ont été entendus jusqu'ici. Les audiences reprendront le 3 septembre.