La famille de Nooran Rezayi poursuit des policiers et la Ville de Longueuil au civil
Radio Canada
2025-12-10 13:30:42

Les proches de Nooran Rezayi, 15 ans, abattu par un policier lors d'une intervention à Longueuil, le 21 septembre dernier, intentent une poursuite au civil contre la Ville de Longueuil et les policiers impliqués dans l'intervention. La poursuite déposée par six membres de la famille est estimée à environ 2,2 millions de dollars en dommages et intérêts, a annoncé en conférence de presse mardi l'avocat Me Fernando Belton. Le montant exact de la poursuite sera dévoilé ultérieurement.
La famille du jeune homme reproche aux agents du SPAL d'avoir fait un usage déraisonnable et disproportionné de la force en ouvrant le feu extrêmement rapidement à deux reprises sur Nooran, causant ainsi son décès, lors d'une intervention en plein jour dans un quartier résidentiel de Longueuil, où s'était rassemblé un groupe d'adolescents.
Une personne qui avait appelé le 911 signalait la présence d'un groupe de jeunes masqués et armés. À son arrivée, un des deux agents du SPAL dépêchés sur les lieux a rapidement ouvert le feu à deux reprises sur le jeune Nooran Rezayi dans des circonstances nébuleuses. Le jeune a succombé à ses blessures peu de temps après.

Dans une série de vidéos captées par des caméras de surveillance présentées aux médias lors de la conférence de presse, on aperçoit six jeunes, visiblement calmes, assis sur la chaîne de trottoir à l'angle des rues de Monaco et Joseph-Daigneault, non loin des lieux de l'intervention policière. Ces images ont été captées 4 minutes avant l'arrivée des policiers.
Dans une autre séquence captée par la même caméra. Dans les secondes précédant l'arrivée dans le cadre de l'image de la voiture de patrouille, cinq des jeunes se lèvent et partent en courant. La voiture passe en trombe et on entend ensuite des cris qui ordonnent aux jeunes de se coucher par terre, suivis de deux coups de feu rapprochés et très audibles.
L'angle de cette caméra ne permet pas de voir le moment où le jeune Nooran est atteint par les balles du policier. On peut toutefois entendre les coups de feu.
« Ce qui est arrivé à Nooran, ce n’est pas normal. Ce n’était pas supposé arriver. Il y avait d’autres manières de gérer la situation. Le policier n’a pas réagi de manière normale (...) Il ne lui a même pas laissé 5 secondes pour qu'il se couche par terre », a plaidé Fahima Rezayi, la mère de Nooran.
« Les policiers sont censés être formés et devoir s’assurer d’un réel danger avant de tirer ».
Les proches de Nooran Rezayi ont également critiqué les agissements du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) qui est chargé de faire la lumière sur cette affaire. « De manière tout à fait inusitée, le Bureau des enquêtes indépendantes a tenu une conférence de presse deux jours après le drame pour transmettre au public des informations préliminaires au sujet des circonstances ayant mené à l'intervention policière durant laquelle Nooran a été tué », peut-on lire dans un communiqué du cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee.

En plus de ne jamais avoir été informée préalablement, la famille estime que le BEI « a insinué lors de sa sortie médiatique qu'une arme aurait été saisie auprès du groupe de jeunes (...) Une seule arme a été saisie sur les lieux de l'intervention et il s'agit de celle du policier tireur », affirment les plaignants.
Rappelons que le BEI n'a pas encore déposé les résultats de son enquête dans cette affaire. Les résultats d'une enquête parallèle du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont aussi attendus afin de permettre aux procureurs du DPCP de déterminer si des accusations criminelles seront déposées dans cette affaire.
À la Ville de Longueuil, on s'est contenté de déclarer : « Nous prenons acte et étant donné que le dossier est judiciarisé, la Ville n'émettra pas de commentaire ».