Le procureur général s’oppose à l’élimination des examens écrits au barreau
Radio Canada
2025-11-24 12:00:41

Selon le procureur général de l'Ontario Doug Downey, « un test objectif, écrit et rigoureux est une partie importante pour prouver que les nouveaux avocats sont prêts à pratiquer le droit ». Il réagissait à l’information selon laquelle le Barreau de l'Ontario examine la possibilité d'emboîter le pas à d'autres provinces et de passer à une épreuve basée sur les compétences.
M. Downey a fait cette déclaration sur les médias sociaux plus tôt cette semaine. Six provinces canadiennes ont déjà pris la décision de passer à un examen pratique au lieu du traditionnel examen du barreau.
« Tout changement qui dilue les normes en éliminant les examens écrits n'est tout simplement pas acceptable », a écrit M. Downey lundi matin. Le Barreau a lancé des consultations publiques en octobre 2025. Elles se termineront en janvier 2026.
Un porte-parole du Barreau a confirmé à CBC qu’il y aura toujours un examen final pour confirmer que les candidats répondent aux compétences de niveau débutant. Or, selon le Barreau, il ne s'agit pas de diluer les normes. Il s'agit de les adapter à la réalité d'aujourd'hui.
Atrisha Lewis préside le comité du développement professionnel et de la compétence du Barreau. Elle a expliqué que l'objectif est d'avoir une évaluation de niveau débutant qui soit plus réactive aux défis auxquels font face les avocats dans leur travail.
« L'intention est toujours de tester les connaissances substantielles en droit, c'est juste que la méthode de test pourrait être différente », a déclaré Mme Lewis à La Presse canadienne cette semaine. « Je ne suis pas sûre qu'un examen à choix multiples soit la meilleure façon de tester si quelqu'un possède des connaissances substantielles dans un domaine du droit ».
« Le monde réel »
L'examen du barreau existe depuis environ 20 ans. Il consiste en deux tests à choix multiples à livre ouvert : l'examen d’avocat plaidant et l'examen de procureur.
Selon un rapport du comité du développement professionnel et de la compétence du Barreau publié en septembre, l'examen du barreau n'évalue pas ce que les avocats doivent savoir dans le monde réel. Le rapport note aussi que plusieurs avocats en devenir se plaignent de l’examen : il serait extrêmement stressant et (aurait) un impact important sur leur santé mentale, peut-on y lire. Les données du Barreau de 2023 montrent que les diplômés canadiens ont un taux de réussite moyen de 88 % pour l'examen d’avocat plaidant.
Leur taux de réussite est de 81 % pour l'examen de procureur. Cependant, les diplômés formés à l'étranger avaient un taux de réussite de 58 % pour l'examen d’avocat plaidant. Leur taux de réussite était de 50 % pour l'examen de procureur.
De plus, les avocats formés à l'étranger représentent 17 % de ceux qui exercent en cabinet privé, mais ils sont derrière environ le tiers des plaintes les plus graves que le Barreau reçoit, toujours selon le rapport. Si le Barreau va de l'avant avec le changement, l'Ontario se joindrait à d'autres provinces. L'Île-du-Prince-Édouard, l'Alberta, le Manitoba, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique ont déjà fait ce choix.
La Colombie-Britannique a annoncé sa décision d'éliminer l'examen du barreau en octobre. La plupart de ces provinces ont adopté le Practice Readiness Education Program (PREP). Il s'agit d'un programme de formation offert par le Canadian Centre for Professional Legal Education. Il dure neuf mois. Il existe aussi en format accéléré de 14 semaines.
Des sentiments partagés
Trevor Farrow, doyen de la Faculté de droit Osgoode Hall, espère que le Barreau puisse changer le système en gardant une vue d'ensemble complète de toutes les nuances du problème.
« Nous devons nous assurer que ceux qui sont formés à l'extérieur de nos facultés de droit ontariennes et canadiennes possèdent réellement ces connaissances adéquates », a déclaré M. Farrow à CBC.
Et je pense que c'est un point d'interrogation en ce moment pour le Barreau. Saiyah Aujla est étudiante de première année à la Faculté de droit de l’Université de Toronto. Selon elle, l’examen ne doit pas être modifié. « Je pense que passer un examen sous pression est un bon test », a-t-elle déclaré.
Son collègue Saahil Gill est plus nuancé : « Un test basé sur les compétences peut sembler pratique ». Les consultations publiques du Barreau se poursuivront jusqu'en janvier 2026.