Les étudiants doivent travailler plus qu’il y a 40 ans

Agence Qmi
2014-04-16 13:00:00

Ailleurs au pays, les étudiants doivent travailler le double, le triple, voire six fois plus d’heures pour couvrir ces même frais. En effet, en suivant l’évolution des frais de scolarité de 1975 à 2013, on constate que le nombre d’heures travaillées pour payer la formation permettant d’accéder à un diplôme de premier cycle en 1975 était de 230 heures, et qu’il est passé à 570 heures l’année dernière.
Marc-Antoine Couture est catégorique, il ne pourrait pas poursuivre ses études sans occuper un emploi. Cet étudiant en enseignement à l'Université de Sherbrooke travaille vingt heures par semaine, parfois plus, comme commis d'entrepôt dans un magasin de jouets. Un emploi rémunéré au salaire minimum, 10,15 $ l'heure, qu'il occupe à temps plein pendant l'été.
«Ce serait impossible pour moi de payer mes frais de scolarité qui s'élèvent à environ 2900 $ cette année, sans travailler. Je n'ai pas accès à l'aide financière gouvernementale, donc c'est ma seule option.» Sa santé et sa vie sociale en paient toutefois le prix.
Bien que la hausse au Québec soit limitée par rapport au reste du pays, Philippe Hurteau, chercheur à l’Institut de recherche et d'informations socio-économiques, indique qu’elle révèle que la facture des frais de scolarité prend de plus en plus de place dans le budget.
«Les étudiants doivent travailler davantage pour conserver le même niveau de vie que ceux de l’époque, ou encore accepter de s’endetter de façon plus importante. Il est démontré clairement que le salaire minimum ne suit pas la même courbe de progression que celle des frais de scolarité», a-t-il souligné.
La réglementation de ces frais au Québec empêche toutefois des disparités importantes d’une formation à l’autre. En Ontario en revanche, il en coûte six fois plus cher pour terminer des études en dentisterie qu’en enseignement.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) rappelle que les frais de subsistance ont également augmenté dans les quarante dernières années, faisant gonfler encore davantage la facture des étudiants.
Selon des données de 2009, le taux d'emploi en cours d'études des étudiants à temps plein de 20 à 24 ans (tous niveaux d'études confondus) est passé de 25 % en 1978-1979 à près de 55 % depuis le début des années 2000.
«La très grande majorité des étudiants ont un emploi au salaire minimum, qu’ils occupent en moyenne 19 heures par semaine pendant leur session d’études, et à temps plein en période estivale. Cinquante pourcent des étudiants gagnent moins de 12 200 $ par année», a indiqué le président de la FEUQ, Tierry Morel-Laforce.