Les mega-cabinets raflent la mise!

Les grands cabinets d'avocats américains (Biglaw) ont discrètement renforcé leur emprise sur le marché juridique, captant désormais près de la moitié de toutes les dépenses juridiques, rapporte Above the Law.

Selon le rapport CounselLink Trends 2025 qui vient d'être publié, les cabinets comptant plus de 750 avocats représentent 49,3% des dépenses juridiques totales, soit une part substantielle des 67 milliards de dollars dépensés l'an dernier.

Cette domination explique pourquoi près de la moitié du Am Law 100 (classement des cent plus grands cabinets américains) est désormais qualifiée de « super riche ».

Mais comment cette concentration est-elle possible alors que les départements juridiques des entreprises ne cessent de prôner le « contrôle des dépenses » et de critiquer l'augmentation des tarifs horaires ?

Les chiffres sont révélateurs : les tarifs des associés ont encore augmenté de 5,1% en moyenne en 2024, soit la deuxième plus forte hausse jamais enregistrée.

Plus frappant encore, parmi les plus grands cabinets, l'associé médian facture à un tarif 61% plus élevé que l'associé médian de la catégorie suivante de cabinets.

Les associés des mega-cabinets facturent désormais plus de 2 300 dollars l'heure, et les collaborateurs les plus seniors dans ces structures atteignent 1 900 dollars l'heure.

La prime de prestige

« Personne ne se fait licencier pour avoir engagé Cravath », note l'article, faisant référence à l'un des cabinets les plus prestigieux de New York. Cette maxime semble toujours d'actualité.

Pour toutes les plaintes concernant la maîtrise des dépenses, lorsque l'enjeu est crucial, les conseils d'administration veulent voir l'en-tête d'une marque reconnue, même si cela implique une prime substantielle.

L'autre phénomène intéressant est la montée constante des petits cabinets. Après les mega-structures, ce sont les petits cabinets qui détiennent la plus grande part du marché, à près d'un quart.

Bien qu'ils aient légèrement reculé depuis 2022, au profit des cabinets de taille moyenne (201-750 avocats) et des géants du secteur, ces petites structures conservent un avantage sur leurs rivaux de taille intermédiaire. Leur capacité à capter autant de dépenses juridiques est d'autant plus impressionnante compte tenu de leurs tarifs beaucoup plus bas.

Effet « haltère » et avenir de l'IA

Il existe donc un effet « haltère » dans le secteur, avec des cabinets géants d'un côté et des boutiques spécialisées très ciblées de l'autre. Entre les deux, on observe traditionnellement une forte pression sur les prix et une angoisse existentielle.

La légère progression des cabinets de taille moyenne pourrait être intéressante à suivre dans les années à venir, à mesure que cette catégorie s'aventure – tardivement – dans l'adoption des technologies.

L'article soulève également la question de l'intelligence artificielle générative, comparée à un « mammouth laineux » plutôt qu'à un éléphant dans la pièce : imposante, révolutionnaire, mais pas encore vraiment présente.

Malgré tout le battage médiatique, l'IA générative n'est pas sur le point de convaincre les juristes d'entreprise de changer leurs conseillers externes.

Cependant, même si elle ne remplacera pas les avocats, elle aura probablement un impact significatif sur le flux de travail juridique et, par extension, sur les factures.

L'IA va-t-elle inaugurer l'ère de l'avocat à 10 000 dollars l'heure ? Cela fera-t-il enfin reculer les clients ? Ou cela encouragera-t-il plutôt davantage d'arrangements d'honoraires alternatifs ? Quels cabinets prendront le risque de construire en premier un nouveau modèle de facturation ?

Ou peut-être que les entreprises continueront simplement à se plaindre tout en déboursant des sommes de plus en plus importantes. Pourquoi changer une formule qui fonctionne ?