Ottawa ferme la porte à la décriminalisation de toutes les drogues

Radio -Canada
2018-04-19 13:00:00

Mercredi, à la veille de l'ouverture du congrès libéral à Halifax, la ministre Ginette Petitpas Taylor a fermé la porte. « Le premier ministre a été très clair que nous n'avons pas l'intention de procéder dans cette direction », a-t-elle tranché.
Un commentaire qui risque de décevoir des militants libéraux qui espèrent voir la décriminalisation de toutes les drogues figurer au programme de leur parti.
La députée libérale Alexandra Mendès suggère de s'inspirer de son pays d'origine, le Portugal. « Le fait de décriminaliser et de regarder la toxicomanie comme un problème de santé plutôt qu'un problème de justice pourrait nous donner des pistes de solutions à long terme », fait-elle valoir.
« Il est résolu que le gouvernement du Canada traite l'abus de drogues comme un problème de santé, développe des services de désintoxication et de réduction des méfaits, et requalifie la possession et la consommation de faibles quantités de drogues en infractions administratives », peut-on lire dans un extrait d'une résolution qui sera débattue au congrès du PLC à Halifax.
Résistance dans les rangs libéraux
Beaucoup d'élus libéraux s'opposent à cette réforme, politiquement très délicate. Le député Nicola Di Iorio pense que cette proposition pourrait envoyer un message de banalisation. Et si la résolution était adoptée pendant le congrès? « Je ne serais pas du tout content », a-t-il soutenu.
Le député Marc Miller croit que le gouvernement doit d'abord mener à bien un autre projet déjà lancé. « Personnellement, je suis contre. On a beaucoup de travail à faire par rapport au cannabis », a-t-il indiqué mercredi.
Ginette Petitpas Taylor estime que la décriminalisation n'est pas adaptée à la réalité du Canada, un grand pays où chaque province est responsable de son approche en santé.
La ministre croit qu'il est possible d'avoir une approche axée sur la santé, sans décriminaliser. Elle souligne les investissements de son gouvernement dans le dernier budget pour améliorer les traitements et lutter contre la stigmatisation des toxicomanes.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a ajouté la décriminalisation à son programme en février. Le chef Jagmeet Singh défend le choix du Portugal. « Ils ont proposé quelque chose qui aide les gens », affirme-t-il. D'après lui, la lutte contre la toxicomanie n'est pas une affaire de « justice criminelle ».