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Procès des hockeyeurs : pas d’oublis « feints », mais des « incohérences » chez un témoin

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Radio Canada

2025-05-22 10:30:48

La Couronne estime que son témoin a « feint » une perte de mémoire dans son témoignage livré mardi.

Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton - source : Radio Canada


Au procès des cinq anciens membres d’Équipe Canada junior 2018 accusés d’agression sexuelle, la juge Maria Carroccia conclut que Brett Howden ne feint pas une perte de mémoire comme le soutenait la Couronne qui l’a appelé à la barre des témoins. La magistrate trouve tout de même qu’il y a quatre cas d’incohérences entre le témoignage du hockeyeur livré mardi ainsi que les déclarations qu’il a faites en 2018 à la police de London ainsi que dans des messages texte.

La Couronne en avait comptabilisé 18. La Couronne a demandé, peu avant 16h, un ajournement de la séance de mercredi, afin de déterminer la marche à suivre pour la reprises des audiences. Ça semble être beaucoup de procédures, mais c’est vraiment important de suivre la loi à la lettre et de bien l’appliquer parce que si on se trompe sur des questions pareilles, ça peut complètement changer, analyse l’avocate-criminaliste Sam Puchala, qui n’est pas impliquée dans ce dossier mais qui le suit de près.

Une perte de mémoire « feinte », selon la Couronne

Avant la pause du dîner, la Couronne avait tenté de convaincre la juge de contre-interroger Brett Howden, son propre témoin, estimant que le hockeyeur avait « feint » une perte de mémoire dans son témoignage livré la veille.

En racontant sa version des faits de la nuit du 18 au 19 juin 2018, où serait survenu le viol collectif présumé, M. Howden a répondu à de nombreuses reprises qu’il ne se souvenait pas de certaines séquences. La procureure lui a suggéré de se référer à des transcriptions de ses entretiens avec des enquêteurs de Hockey Canada en juillet 2018 pour se rafraîchir la mémoire, mais même après les avoir consultées, M. Howden a soutenu qu’il ne se souvenait toujours pas de certains détails.

Pourtant, souligne Me Cunningham mercredi devant la juge Maria Carroccia, M. Howden a été interrogé par la police de London il y a deux ans, en 2023, et se souvenait à cette époque-là de nombreux détails (des événements de) 2018.

18 « incohérences » avec des déclarations antérieures

Me Cunningham demandait aussi à contre-interroger Brett Howden parce qu'elle trouvait que son témoignage était incohérent à plusieurs égards avec ses déclarations antérieures.

Pour pouvoir contre-interroger son propre témoin, une partie doit en faire la demande en vertu de l’article 9 de la Loi sur la preuve du Canada. Selon cet article, une partie peut obtenir le droit de contre-interroger son propre témoin si elle arrive à convaincre la juge que le témoignage de la personne en question est incompatible avec ses déclarations antérieures. Devant la juge, Me Cunningham a énumèré 18 cas d’incohérences de cette nature.

À titre d’exemple, a souligné la procureure, M. Howden a indiqué mardi dans son témoignage que lorsqu'Alex Formenton a suivi la plaignante dans la salle de bain, à l'invitation de cette dernière, il s’est tourné vers M. Howden, lui demandant : Est-ce que je devrais faire ça? Or, en 2018, a poursuivi Me Cunningham, M. Howden a dit aux enquêteurs de Hockey Canada que M. Formenton lui avait dit : Est-ce que ça va me causer des ennuis? Est-ce correct de faire ça? Ai-je le droit de le faire? Dans son témoignage, E. M., dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a nié avoir offert des relations sexuelles aux hockeyeurs présents dans la chambre.

Pas d’incohérences, soutient la défense

La défense s’opposait à la demande de la Couronne. L’avocate d’Alex Formenton, Hilary Dudding, a soutenu que le témoignage de M. Howden ne contenait pas d’incohérences avec ses déclarations antérieures qui ont un lien avec son client. Il a manqué de clarté, mais ça ne veut pas dire qu’il a été incohérent, oppose-t-elle.

Megan Savard, l’avocate de Carter Hart, a décrit M. Howden comme un témoin rudimentaire, mauvais communicant et peu expérimenté avec des audiences judiciaires, comme le suggère son accoutrement de mardi, note-t-elle. M. Howden portait un coton ouaté lors de son témoignage de mardi. Me Savard avance également qu’une perte de mémoire délibérée de la part de M. Howden serait plus avantageuse pour la Couronne que pour la défense. En fin de compte, nous pourrions tous dire que ce témoin est inutile de manière générale, mais il n'est certainement pas en train d'aider la défense, affirme-t-elle.

M. Howden est le quatrième coéquipier des accusés à être appelé à témoigner à ce procès, après Tyler Steenbergen, Taylor Raddysh et Boris Katchouk. En 2018, il était membre de l’équipe nationale de hockey junior qui a remporté le Championnat du monde en janvier.

Il se trouvait à London, en juin de cette année-là, avec les accusés, pour les célébrations de cette victoire. Il a témoigné qu'il était présent dans la chambre d'hôtel où serait survenu le viol collectif présumé, la nuit du 18 au 19 juin. Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton font chacun face à un chef d’accusation d’agression sexuelle en rapport avec le viol collectif présumé de la plaignante.

Michael McLeod fait aussi face à un chef d'accusation de participation à ce délit. Ils ont tous plaidé non coupables au début du procès. Le procès se déroule maintenant devant juge seule, après la libération du jury vendredi dernier.

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1 commentaire
  1. Je
    Remarque
    On peut remarquer que les médias se délectent de publier sans relâche les photos glorifiantes de ces présumés agresseurs comme s'ils étaient des mannequins. C'est désolant.

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