Robert Giroux condamné à rembourser 128 M$ à des investisseurs
Radio Canada
2025-11-20 10:15:30

Dans un jugement de près de 200 pages rendu mardi, le juge de la Cour supérieure Jocelyn Geoffroy reconnaît que Robert Giroux a commis des représentations frauduleuses et de nombreux manquements contractuels par l'entremise de ses différentes sociétés et de ses deux fonds d'investissement : FIISH et Q-12 Capital.
Ces deux fonds avaient pour but principal de financer des projets immobiliers du Groupe Huot, depuis lors dissous en raison de la faillite spectaculaire de son fondateur, Stéphan Huot.
«[...] Giroux a fait de la gestion de Q-12 et FISSH un instrument pour se générer des revenus et préserver son patrimoine et faisait "de l'argent sur le dos des commanditaires" au lieu d'agir en fiduciaire loyal et transparent. Il a choisi de gérer dans l'ombre, de dissimuler les défauts de Huot et de manipuler l'information financière pour donner l'illusion d'une équité croissante de façon à protéger ses propres intérêts», résume le juge dans un jugement sans équivoque.
Plus précisément, le juge conclut que Robert Giroux a induit en erreur les investisseurs au sujet des garanties et des risques liés à leurs investissements, ce qui représente de la représentation frauduleuse.

Cet homme d'affaires faisait aussi miroiter des rendements excessivement élevés qui ne reflétaient pas la réalité financière.
La Cour estime également que Giroux s'est fait passer pour quelqu'un avec de l'expérience en financement immobilier auprès des investisseurs, les induisant en erreur sur sa compétence et sa fiabilité.
Fraude de type Ponzi
Robert Giroux a aussi effectué des transactions de type Ponzi en détournant des capitaux investis pour payer des intérêts, et ce, de manière répétée et consciente, tranche le juge Geoffroy.
«Les défendeurs savaient que les flux n'étaient pas générés par les projets immobiliers financés mais par un recyclage circulaire de capitaux, typique du Ponzi», explique le juge.
«En procédant ainsi, Giroux et ses sociétés n'ont pas seulement manqué à leurs obligations de prudence et de diligence : ils ont créé une illusion de rentabilité qui Le tribunal lui reproche aussi des défauts de paiement non déclarés et de la double facturation, notamment.»
128 M$ à rembourser, actifs gelés
En raison de la gravité des actes reprochés, le tribunal ordonne notamment à Robert Giroux de payer 73 024 119 $ attribués aux pertes de FIISH et une autre somme de 55 553 375 $ pour les pertes attribuées à Q-12 Capital.
Le juge a également délivré une ordonnance de type Mareva qui a pour effet de geler les actifs personnels de Giroux, notamment ses différentes propriétés au pays et à l'étranger, de même que sa voiture et un bateau.
Cette mesure exceptionnelle vise à protéger les demandeurs et à s'assurer que Giroux ne dilapide pas, ne transfère pas ou ne fasse pas disparaître ses actifs.
Les investisseurs satisfaits du jugement
Me François Valin, qui représente de nombreux investisseurs, se dit satisfait du jugement.
«Nous sommes très heureux de la décision rendue par le juge Geoffroy hier, qui a reconnu sans l'ombre d'un doute la responsabilité de Robert Giroux concernant ses sociétés et qui a ainsi condamné ceux-ci à payer à nos clients plus de 127 M $, plus les intérêts» se réjouit cet avocat.
Il reproche également à Giroux et ses avocats d'avoir multiplié les recours en justice. Il a abusé des procédures en multipliant celles-ci, en allant jusqu'à demander notre retrait comme avocats et celui du juge pour partialité et en présentant une défense frivole et dilatoire ainsi qu’une réclamation de 25 millions contre nos clients, lesquelles ont toutes été rejetées, fait valoir Me Valin.
«Maintenant, il doit satisfaire le jugement rendu et le juge Geoffroy a heureusement gelé ses actifs et ordonné l'exécution provisoire nonobstant appel, tranche l'avocat. Il est maintenant temps que [Robert Giroux] assume la responsabilité de ses gestes [...].»
Selon l'un des avocats des demanderesses, Me Jean-François Bertrand, le juge est très critique, très sévère, à l'endroit des agissements de M. Giroux, ce qui lui fait dire qu'il s'agit d'un jugement d'importance. Lorsqu'on parle de 128 M$, à coup sûr, c'est probablement dans les plus gros jugements au Québec.
Il y a beaucoup de personnes et il y en a que c'étaient les économies d'une vie [...] et ils se retrouvent du jour au lendemain, ils n'avaient plus rien, selon Me Jean-François Bertrand, coavocat des demanderesses
Le cabinet d'avocats qui représente Robert Giroux n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.