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Maître, et si je vous appelais Monsieur ?

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Natacha Mignon

2010-06-04 08:30:00

Désuet, pratique ou essentiel. Que pensez-vous du terme ''Maître'' pour désigner les avocats au Québec ?
Le titre nous tombe dessus, en même temps qu’on devient membre d'un barreau, c'est-à-dire bien souvent à 23-24 ans, voire même avant.

Au début, c’est comme un costume trop grand. Il faut apprivoiser le mot.

Alors, on s’y essaye.

Avec plus ou moins de succès d’ailleurs …

Quelques jours après avoir prêtée serment à Paris, je n’avais pas pu m’empêcher de réserver une table au restaurant au nom de Me Mignon. Mea culpa.

Être Maître ou ne pas être ?

Les mois passent ensuite.

Ce titre qu’on avait fait reluire en début de pratique, devient alors banal en cabinet, au point de ne plus s'y attarder, sauf pour alimenter quelques débats entre jeunes professionnels.

Et, comme dans toute chose, il y a les ''pour'' et les ''contre''!

Du coté des ''contre'', on parle de désuétude et de distance avec le client.

En gros, on reproche au « ''Me'' » de ne pas servir à grand-chose.

Ajoutez, (peut-être est-ce plus vrai en France), que pour eux, les règles d’usage du titre ''Maître'' revêtent une complexité bien inutile.

Au fait, saviez-vous qu’on ne réfère pas à soi-même en utilisant le titre ''Maître'', pas plus qu’on ne l’utilise entre confrères ?

Moi, qui étais plutôt de ce bord là, force est d’avouer, que quand le titre est tombé, j’ai ressenti l’exclusion d’une profession.

Du coté des ''pour'', justement, on allègue l’appartenance à l’ordre et le respect des valeurs de la profession.

Certains ont aussi une vision bien plus pragmatique.

« Quand un client me dit ''Monsieur'', je sais qu’il me défie, que c’est sa façon de me dire, je vous surveille. Ne vous croyez pas supérieur à moi, m’a dit un avocat. J’agis alors en conséquence en cherchant à le rassurer … »

Symbole de la francophilie

Au Québec, l’usage du titre revêt encore une connotation supplémentaire.

Règlementé à l’Article 32 du Code des professions et l’article 136 de la loi sur le barreau, l’utilisation du mot ''Maître'' veut faire ressortir la profession aux yeux du public.

Raison pour laquelle quiconque n’étant pas avocat ou notaire, ne peut faire précéder son nom des lettres ''Me'' ou ''Mtre''.

Ce serait donc un moyen supplémentaire de protection du public, puisque ces lettres permettent de distinguer l’avocat de celui qui ne l’est pas.

« J’associe le titre à une désignation purement indicative de la profession et non pas à une titre en vue de noter une distinction social. Le terme ''Maître ''ne doit jamais être un outil pour abaisser », dit Me Michel Doyon ancien bâtonnier et historien du droit.

Certes.

Néanmoins, on s’en sort très bien sans, puisque l’usage de ce titre est en Amérique du nord une exception québécoise.

C’est justement pour cela qu’il faut le défendre, explique Me Doyon.

« C’est une tradition qui relève de la francophilie et d’une culture civiliste du droit, dit-il.
J’associe le titre à une marque de politesse à l’égard de l’appareil judiciaire. »


Allons plus loin ensemble …

Et vous, êtes-vous pour ou contre l’emploi du titre Me pour désigner les avocats ? Répondez-nous dans l’espace qui vous est dédié dans la rubrique Commentaires.

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32 commentaires
  1. GBS
    GBS
    J'ai tendance à vouloir conserver les traditions qui ne sont pas néfastes, peut-être par conservatisme ou nostalgie.

    Mais la raison pour laquelle je veux conserver ce titre, même si dans la profession on y attache plus ou moins de valeur, c'est pour l'apparat.

    Il est trop facile de mépriser la justice en général. Le formalisme et le cérémonial ont toujours aidé à donner une apparence de légitimité, au delà du véritable objet du processus judiciaire.

    Pour "l'homme de la rue", un jugement qui viendrait d'un juge que tout le monde appellerait par son prénom, qui serait assis derrière une table pliante, et qui aurait écouté des avocats en jeans et en t-shirts, également assis à la même table, n'aurait pas la même valeur en apparence.

    En résumé, je crois que le titre, autant que l'uniforme et le cérémonial, existe pour épater la galerie, ce qui dans ce cas est probablement une bonne chose.

  2. DSG
    Me my A--
    Never used it. Nothing more than a self-imposed, self-glorifying term used by insecure people trying to compensate for some physical shortcoming, or something. It’s like having the customary Mont Blanc pen. And it’s not just a French thing. I know anglo blokes that can’t even spell “croissant” that insist on being called Maitre. Considering the number of crummy lawyers out there, and considering the high level of education required in other fields that don’t use acronyms, the term has become comical, like calling a fat person “slim”.

  3. Meaucarré
    Meaucarré
    il y a 15 ans
    Re : GBS
    > J'ai tendance à vouloir conserver les traditions qui ne sont pas néfastes, peut-être par conservatisme ou nostalgie.
    >
    > Mais la raison pour laquelle je veux conserver ce titre, même si dans la profession on y attache plus ou moins de valeur, c'est pour l'apparat.
    >
    > Il est trop facile de mépriser la justice en général. Le formalisme et le cérémonial ont toujours aidé à donner une apparence de légitimité, au delà du véritable objet du processus judiciaire.
    >
    > Pour "l'homme de la rue", un jugement qui viendrait d'un juge que tout le monde appellerait par son prénom, qui serait assis derrière une table pliante, et qui aurait écouté des avocats en jeans et en t-shirts, également assis à la même table, n'aurait pas la même valeur en apparence.
    >
    > En résumé, je crois que le titre, autant que l'uniforme et le cérémonial, existe pour épater la galerie, ce qui dans ce cas est probablement une bonne chose.

    Je trouve l'appellation "maître" inutilement pompeuse. Je ne l'utilise pas pour discuter avec les clients.

    Par contre, j'apprécie qu'il y ait un titre distinctif pour nous identifier lorsque nous agissons comme mandataire d'une personne, par exemple, au tribunal. Lorsque le juge ou le confrère veut parler au client directement, il l'appelera Monsieur ou Madame. Lorsque l'on s'adresse à moi personnellement comme représentant du client, j'apprécie que l'on reconnaisse mon rôle et mon identité distincte comme interlocuteur de la Cour. En ce sens, j'ai appris à me réconcilier avec l'utilisation du Me.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re : Me my A--
    > Never used it. Nothing more than a self-imposed, self-glorifying term used by insecure people trying to compensate for some physical shortcoming, or something. It’s like having the customary Mont Blanc pen. And it’s not just a French thing. I know anglo blokes that can’t even spell “croissant” that insist on being called Maitre. Considering the number of crummy lawyers out there, and considering the high level of education required in other fields that don’t use acronyms, the term has become comical, like calling a fat person “slim”.

    Pour une fois je suis d'accord avec toi, DSG, même si ton avis est - encore une fois- écrit en anglais ;-)

  5. Me
    Me
    Je tiens au Me entre confrères qui ne se connaissent pas. C'est comme "Cher confrère", une assurance (forcée, soit, mais nécessaire) pour le maintient des relations respectueuses. Sur mes cartes d'affaires, "Me" n'y figure pas. Comme c'est marqué "Avocat" en-dessus de mon nom ça serait redondant.

    Pour ce qui est des clients, je me présente comme "Maître" lorsque je laisse un message vocal à ceux avec qui je n'ai jamais parlé auparavant. En personne (toujours) et au téléphone (avec ceux avec qui j'ai déjà une relation), j'y vais simplement par mon nom.

    Pour réserver dans un restaurant... jamais de Me. Il faut dire que dans la grande majorité des cas j'y vais par un faux nom inventé.

    • Meaucarré
      Meaucarré
      il y a 15 ans
      Re : Me
      > Je tiens au Me entre confrères qui ne se connaissent pas. C'est comme "Cher confrère", une assurance (forcée, soit, mais nécessaire) pour le maintient des relations respectueuses. Sur mes cartes d'affaires, "Me" n'y figure pas. Comme c'est marqué "Avocat" en-dessus de mon nom ça serait redondant.
      >
      > Pour ce qui est des clients, je me présente comme "Maître" lorsque je laisse un message vocal à ceux avec qui je n'ai jamais parlé auparavant. En personne (toujours) et au téléphone (avec ceux avec qui j'ai déjà une relation), j'y vais simplement par mon nom.
      >
      > Pour réserver dans un restaurant... jamais de Me. Il faut dire que dans la grande majorité des cas j'y vais par un faux nom inventé.

      Et sur droit-inc, évidemment.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Me
      Pour votre prochaine sortie au restaurant, Me, je vous suggère d'y aller avec le nom "Stu Pididiot"

      > Je tiens au Me entre confrères qui ne se connaissent pas. C'est comme "Cher confrère", une assurance (forcée, soit, mais nécessaire) pour le maintient des relations respectueuses. Sur mes cartes d'affaires, "Me" n'y figure pas. Comme c'est marqué "Avocat" en-dessus de mon nom ça serait redondant.
      >
      > Pour ce qui est des clients, je me présente comme "Maître" lorsque je laisse un message vocal à ceux avec qui je n'ai jamais parlé auparavant. En personne (toujours) et au téléphone (avec ceux avec qui j'ai déjà une relation), j'y vais simplement par mon nom.
      >
      > Pour réserver dans un restaurant... jamais de Me. Il faut dire que dans la grande majorité des cas j'y vais par un faux nom inventé.

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Pourquoi pas?
    Je me demande si les médecins ont de tels débat sur l'utilisation de "Docteur".

  7. Paulette Giroux
    Paulette Giroux
    il y a 15 ans
    Madame, Monsieur
    le 2010-06-04 10:22 EDT, par Véronique Robert
    «certains juges, dont le juge Boilard, désignent tous les avocats par Madame ou Monsieur.»

    Durant un procès de 74 jours, devant mon refus d’appeler l’avocat Raynold Langlois et ses consoeurs, «Maître», voici ce que m’a dit le juge Jacques Dufresne, alors j.c.s., le 15 novembre 2000 (52ième jour du procès): «Si je, là ce que je vais, si je trouvais que cette pratique devrait être imposée dans cette Cour, je l'indiquerai, d'accord?» Voir la transcription, à environ au tiers de la page: http://www.justice-qc.com/maitre.htm

  8. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Les "si" aiment les "rais" à la CS ?
    >Voici ce que m’a dit le juge Jacques Dufresne, alors j.c.s., le 15 novembre 2000 (52ième jour du procès):

    «Si je, là ce que je vais, si je trouvais que cette pratique devrait être imposée dans cette Cour, je l'indiquerai, d'accord?»

    Transcription, par M. André Boudreau sténographe officiel, page 11, ligne 22, à la page 18, ligne 21.



    Il siège à la CS ou il anime un souper spaghetti pour une activité de financement du parti libéral ?

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re: Les "si" aiment les "rais" à la CS ?
    >>>>Il siège à la CS ou il anime un souper spaghetti pour une activité de financement du parti libéral ?


    Peut-être qu'il vient d'un milleu de basse classe sociale.

  10. Me
    Me
    >>>>>>>> Durant un procès de 74 jours, devant mon refus d’appeler l’avocat Raynold Langlois et ses consoeurs, «Maître», voici

    Aucunement surprenant, hélas! C'est grâce à des conneries du genre (et d'autres, puisque les quérulents comme vous en sont une source intarissable) que le procès a duré 74 jours. Il aurait certainement pu durer 40, 50 ou 60 jours en leur absence.

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