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Cri du coeur d’une avocate

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Sylvie Schirm

2015-08-13 14:15:00

Une avocate qui défend des victimes de violence conjugale lance un cri du cœur pour inciter les femmes battues à quitter leurs conjoints...

Me Sylvie Schirm pratique à Laval exclusivement en droit de la famille et représente notamment des femmes victimes de violence conjugale
Me Sylvie Schirm pratique à Laval exclusivement en droit de la famille et représente notamment des femmes victimes de violence conjugale
Je ne connais ni Samantha Higgins ni Cheryl Bau-Tremblay. Mais j’ai représenté beaucoup de femmes qui ont été victimes de violence conjugale, et plusieurs d’entre elles ont eu le courage et l’esprit de quitter leur conjoint violent. Et je suis certaine que ni Samantha ni Cheryl ne voulaient croire qu’elles pouvaient être tuées par leur conjoint et père de leurs enfants. Mais je suis persuadée qu’autant Samantha que Cheryl devaient le craindre. Elles connaissaient leur homme…

Je le sais, on le dit souvent. Mais il faut le répéter à toutes les femmes, et surtout aux femmes plus jeunes prises avec des chums violents, impulsifs, contrôlants.

Tu ne mérites pas d’être avec un homme violent. Jamais tu ne mérites de te faire rabaisser, insulter par ton partenaire et encore moins d’être frappée, et abusée physiquement et psychologiquement. Rien ne justifie d’endurer cet abus.

Et non, la venue d’un enfant ne va rien changer lorsque ton chum est violent et possessif. La situation va empirer, et non s’améliorer. Et non, ce n’est pas parce qu’il t’a demandée en mariage qu’il est devenu plus fin, compréhensif, tolérant ou même romantique. Au contraire, le but est de mieux te contrôler.

Et non, ce n’est pas juste les autres femmes dont les noms apparaissent dans les médias qui se font tuer par leur conjoint violent – toi aussi, tu pourrais être la prochaine statistique, la prochaine manchette d’un triste bulletin de nouvelles.

Peu importe ce que tu fais, peu importe comment tu l’abordes, peu importe la robe que tu portes, la couleur de tes cheveux, le tatouage de son nom sur ton bras ou le repas que tu lui prépares, peu importe que tu fasses taire les enfants pour ne pas le déranger, ou que tu acceptes de combler ses fantasmes sexuels, il ne changera pas, et il ne cessera pas d’être violent.

Ce n’est pas une « erreur de jeunesse » qu’il ait eu des accusations criminelles antérieures. Ce n’est pas parce que son ancienne blonde est allée « le chercher » qu’il l’a frappée. Il est violent. Il est abusif. Tu ne le sauveras pas. Tu ne le changeras pas. Il va toujours trouver une façon de te contrôler, de te faire perdre à tout jamais ton estime de soi – bref, il va essayer de te détruire. Même lorsqu’il dit regretter, et surtout après les fleurs et les larmes de pardon et les mille et une excuses pour justifier son comportement, car c’est toujours la faute des autres.

Nous sommes en 2015 et il y a des ressources. Tu n’as pas à avoir honte. Tu n’es pas seule. On peut quitter un homme violent et abusif. Mais on doit préparer son départ et se protéger en le faisant afin d’éviter le pire. Mais c’est possible. Il y a une vie après la violence. Et il y a des hommes qui ne le sont pas et qui savent aimer et apprécier une femme.

Membre du Barreau du Québec depuis 1988, Me Sylvie Schirm pratique à Laval exclusivement en droit de la famille et représente notamment des femmes victimes de violence conjugale. Elle participe à de nombreuses conférences et est l’auteur de plusieurs ouvrages en droit familial.
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4 commentaires

  1. Anonyme LGBT
    Anonyme LGBT
    il y a 8 ans
    Les femmes et les autres
    Me Schirm, je suis tout à fait d'accord avec vos propos.

    Cependant, je crois qu'il est important de souligner que ce ne sont pas uniquement les femmes hétérosexuelles qui sont victimes de violence conjugales.

    Il est important de faire de la sensibilisation également quant aux hommes victimes de violence conjugales ainsi que quant à la violence au sein des couples LGBT.

    N'importe qui peut se retrouver victime de violence conjugale, mais personne ne la mérite!

    Merci

  2. incompertusx
    incompertusx
    il y a 8 ans
    d'autres problèmes
    C'est bien juste ce qui est dit dans cet article, j'appuis, mais moi, pour avoir représenté des hommes dans les cas de VC, je remarque aussi d'autres problèmes:

    - non-application systématique de la présomption d'innocence
    - examen lacunaire (et souvent franchement raciste) de remise en liberté au poste (une personne blanche sera beaucoup plus souvent remise en liberté sur promesse)
    - restrictions draconiennes qui ont peu à voir avec l'infraction reprochées suite à la remise en liberté judiciaire
    - absence d'enquête réelle de la part de la police, refus systématique de chercher l'information objective, même lorsque demandée, de sorte à mettre le plus possible en contradiction seulement des témoignages opposés, comme seule preuve (dans ce cas, ça devient pire que les petites créances, du moment ou l'une des personnes s'exprime mieux que l'autre, elle est assurée de gagner)
    - beaucoup de femmes font des fausses dénonciations et ne sont pas poursuivies après.

  3. Avocat
    Avocat
    il y a 8 ans
    Avocat
    Avec toute la scam de la violence conjugale, ou n'importe quelle femme fâchée peut mentir devant la Cour pour obtenir la garde, c'est normal qu'on ne croit plus celles qui sont véritablement des victimes. Et c'est tant mieux. Aaaaaaah, la belle solidarité féminine, elles se sabotent elles-mêmes.

  4. Rodrigue
    Rodrigue
    il y a 8 ans
    Un peu simpliste mais bon
    Il ne s'agit évidemment pas d'un texte d'une experte en violence conjugale et l'on peut lui pardonner le côté blanc/noir de son analyse.

    Par contre, un point qu'il est important de marteler en violence conjugale est celui-ci. La plupart des délits violents se produisent après une période de "tataouinage", soit une période où la conjointe rompt, accepte ensuite des visites, dit qu'elle réfléchit, accepte de tenter à nouveau sa chance,rompt à nouveau, etc. Cette période est mortelle car elle vient décupler la rage, l'impuissance et la violence du conjoint. Lorsqu'on est dans une telle relation, lorsqu'on met fin, on coupe définitivement. C'est la meilleure façon d'éviter tout drame.

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