Les avocats de l’aide juridique

J'ai gagné à la loto!

Main image

Emeline Magnier

2013-09-11 15:00:00

Entre impératifs de gestion, fibre sociale et leadership, cette directrice d'un bureau d'aide juridique revient sur son parcours, ses défis et sa pratique chanceuse...

Me Stéphanie Archambault est à la tête du bureau d'aide juridique Crémazie depuis novembre 2011
Me Stéphanie Archambault est à la tête du bureau d'aide juridique Crémazie depuis novembre 2011
Depuis novembre 2011, Me Stéphanie Archambault est à la tête du bureau d'aide juridique Crémazie, qui traite des litiges civils et familiaux.

Femme charismatique et avocate allumée, elle dirige une petite brigade juridique composée de sept avocats, huit secrétaires, et une stagiaire, laquelle traite pas moins de 2275 dossiers par année.

"Nous sommes une super équipe, privilégiée de travailler dans une organisation comme la nôtre", indique l'avocate qui a toujours eu un penchant pour la pratique à volume.

Virage social

Membre du Barreau depuis 1997, Me Archambault a commencé à user les manches de sa toge en tant que stagiaire en litige fiscal, au Ministère de la Justice à Ottawa.

Elle travaillera par la suite dans un petit cabinet montréalais, toujours en droit fiscal, la plaidoirie en moins. Si cette expérience lui a permis d'acquérir une grande rigueur et une bonne formation, elle décide rapidement de prendre un virage à 180 degrés dans l'orientation de sa carrière.

"Je cherchais un sens à mon travail que je ne trouvais pas dans cette pratique", confesse-t-elle.

Se sentir utile, aider les gens, et être sur le terrain. Elle choisira donc d'intégrer l'aide juridique en 1999, et n'échangerait aujourd'hui sa place pour rien au monde. "J'ai gagné au loto en 1999", dit-elle d'un ton rieur mais non moins empreint de sincérité.

Elle a continué de travailler à l'usure de sa robe noire pendant plus de dix ans, traitant des dossiers de droit civil, familial, et de régimes de protection.

Coach d'experts

La majorité des fonctions de Me Stéphanie Archambault sont administratives
La majorité des fonctions de Me Stéphanie Archambault sont administratives
Nommée directrice en novembre 2011, ses fonctions sont majoritairement administratives, comme toute directrice de bureau qui doit s'assurer que le service est rendu à ses clients.

Elle se positionne comme coach d'une équipe spécialisée. "Je nous vois comme des experts, mais toujours avec une composante sociale, comme les spécialistes en impôts maîtrisent la loi fiscale", illustre l'avocate.

La directrice met l'emphase sur le travail d'équipe et axe la gestion du bureau autour du leadership participatif pour susciter l'engagement des avocats et employés.

Chaque vendredi, tous les avocats se retrouvent pour discuter de leur dossiers problématiques et recueillir l'avis de leurs confrères plus expérimentés.

"Ce ne sont pas que les jeunes qui vont voir les avocats plus anciens, c'est vraiment à double sens", explique la directrice.

Gestion efficace

Les avocats siègent également sur des comités institués pour assurer le fonctionnement optimal du bureau. Comité sur l'organisation du travail, comité social, la rationalisation de la productivité est aussi passée par l'aide juridique qui compte aussi un comité de développement des affaires.

"Nous sommes retournés dans les CLSC nous présenter et nous informer sur les programmes offerts pour aider les personnes qui viennent nous voir", explique Me Archambault.

Gérer les situations de crise avec des clients difficiles, s'assurer que les avocats disposent des moyens nécessaires pour faire leur travail, former les nouveaux arrivants, discuter d'un dossier épineux, et partager des anecdotes de cour avec des collègues, les journées de la directrice sont bien remplies.

Et il lui arrive encore de "mettre les mains dans les dossiers", dit-elle, notamment quand un avocat est absent pour que le client n'attende pas. Service à la clientèle oblige.

Volume et priorités

Pour Me Archambault, le plus grand défi est le volume de dossiers qui requiert un grand sens de l'organisation
Pour Me Archambault, le plus grand défi est le volume de dossiers qui requiert un grand sens de l'organisation
Questionnée sur le plus grand défi de la pratique à l'aide juridique, Me Archambault répond sans hésitation le volume de dossiers qui requiert un grand sens de l'organisation et une revue constante des priorités.

"Il faut distinguer l'urgent et important de l'important non urgent, et répartir son temps équitablement pour traiter les dossiers avec diligence", explique-t-elle.

Et pour cause: chacun des avocats tient une journée d'accueil par semaine au cours de laquelle il reçoit 16 nouveaux clients, qu'il aura vocation à suivre pour le reste des procédures. Si procédure il y a, et à condition que l'admissibilité à l'aide juridique soit prononcée.

"Nous encourageons les clients à garder le même avocat si d'autres litiges surviennent, et si le domaine de droit est couvert par notre bureau", explique Me Archambault.

Si la masse de travail est conséquente, la gestion de l'émotionnel requiert aussi beaucoup d'énergie, face à des clients qui sont parfois totalement démunis, tant matériellement que psychologiquement.

"Il faut un juste dosage entre l'empathie et la sympathie. Apprendre à se protéger, c'est un art!" souligne l'avocate.

Avec une vie professionnelle bien occupée, Me Archambault parvient aussi à préserver une vie de famille privilégiée. Mère de trois filles âgées de quatre, huit et dix ans, c'est elle qui fait la conduite à l'école chaque matin.

"J'arrive à faire un travail qui m'allume dans de bonnes conditions, et à être présente pour ma famille", dit celle qui se présente comme une maman qui délègue peu.

Elle précise d'ailleurs que ses filles, intéressées à sa profession, préféraient quand elle plaidait plus souvent. "Je revenais fréquemment avec une anecdote de cour à raconter!"
11286

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires