Rappelons que Mme Rania El-Halloul n'a pu plaider sa cause pour récupérer sa voiture saisie par la Société d'assurance du Québec mardi dernier. La juge Marengo a soutenu que « les mêmes règles s'appliquaient à tous » et qu'elle ne pouvait entendre Mme El-Halloul si elle « portait un foulard sur la tête ». La dame a refusé de retirer son hijab et sa cause a été suspendue.
La décision de la juge a été grandement critiquée la semaine dernière.
La campagne de sociofinancement qui a été initié par deux jeunes Canadiens de Toronto et de Vancouver, a amassé plus du double de l'objectif fixé, soit plus de 40 000 dollars.
« Rania El-Alloul a été traité de façon déplorable et injuste. Aucune femme portant le hijab ou n'importe quel autre symbole religieux ne devrait être traitée différemment, encore moins devant une cour de justice », estiment les auteurs de la collecte de fonds.
L'argent permettra à Mme El-Halloul, mère monoparentale de trois enfants, de se procurer une nouvelle voiture et de l'aider à payer ses frais juridiques.
Celle-ci a mentionné à La Presse Canadienne qu’elle songeait également à déposer une plainte contre la juge.
À l'inverse une pétition en faveur de la décision de la juge a récolté quelque 2000 appuis.
« Il est temps que ce vêtement culturo-religieux, et ces semblables encore plus ostentatoires soient reconnus pour ce qu'il est : un symbole d'infériorisation de la femme, non conforme au principe de l'égalité homme femme propre à notre civilisation », lit-on dans le préambule de la pétition.
Réactions
« Se présenter devant un juge avec un signe religieux ne devrait même plus être perçu comme un accommodement raisonnable, aujourd’hui, vu la jurisprudence récente confirmant qu’il s’agit d’un droit », estime l’avocat Rémi Bourget, qui s’est dit très surpris par cette décision. Il se demande d’ailleurs si la juge aurait agi de la même façon devant « un des nombreux avocats portant une kippa qui plaident à la cour tous les jours ».
Le député péquiste Bernard Drainville a rappelé hier que sa fameuse Charte des valeurs, qui n’a pas été adoptée, prônait la neutralité religieuse chez les employés de l’État seulement, et non les simples citoyens. « C’est le genre de situation malheureuse qui arrive quand il n’y a pas de balises claires », a-t-il dit.
Le premier ministre Philippe Couillard s’est quant à lui montré prudent devant la décision de la juge, se disant «perturbé» par la situation.
« Si une personne ne couvre pas son visage, on devrait pouvoir lui permettre de témoigner », a pour sa part fait savoir le cabinet du premier ministre du Canada, Stephen Harper, par courriel.
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