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Il y a encore du chemin à faire pour les femmes avocates !

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Julien Vailles Et Delphine Jung

2017-03-08 16:00:00

C’est le 8 mars, et Droit-inc a demandé à cinq avocates quels étaient les enjeux, et l’avenir des femmes dans la profession...

Les enjeux

Me Mylany David, associée chez Langlois
Me Mylany David, associée chez Langlois
Pour Me Mylany David, associée chez Langlois et spécialiste en droit de l’énergie et des infrastructures, le principal enjeu pour les avocates présentement est celui de la conciliation travail-famille. Bien sûr, les hommes sont de plus en plus touchés, mais il demeure difficile pour les femmes, en 2017, de se dévouer à la fois aux plans professionnel, conjugal et maternel, croit-elle.

Me Cara Cameron, associée chez Davies et représentante du cabinet pour le projet Justicia (initiative du Barreau du Québec pour promouvoir la présence des femmes dans la profession), désirerait voir plus de femmes en pratique privée. Elle encourage les jeunes à tenir bon, même si les premières années, dans un grand cabinet notamment, sont parfois exigeantes.

L’avocate à la retraite, arbitre de griefs et récipiendaire du Grand Prix - Avancement de la femme, au gala Femmes de mérite de la YWCA Québec, Me Huguette Gagnon, déplore quant à elle le manque criant de femmes dans la magistrature et comme arbitres. La première femme nommée arbitre de griefs au Québec se désole de constater une discrimination systémique qui persiste, encore aujourd’hui, à cet égard.

L’ancienne ministre de la Justice (1998-2002), Me Linda Goupil, qui a été la première à accéder à ce poste, pense qu’il est aujourd’hui important de « s’assurer que les portes qui ont été ouvertes quant à l’égalité hommes-femmes, le restent, car malheureusement, elle n’est pas encore atteinte ». Pour elle, « l’égalité homme femme est le premier droit fondamental qui doit être recherchés par les sociétés modernes ».

Les bons coups

Me Cara Cameron, associée chez Davies
Me Cara Cameron, associée chez Davies
« La société québécoise est très ouverte, croit Me David. Il y a bien moins de barrières à l’entrée pour les femmes que lorsque j’ai commencé à pratiquer. Et à ce titre, on peut être fières du chemin parcouru. » Elle en profite pour souligner la présence de plus en plus marquée des femmes comme associées dans les grands cabinets, comme directrices de contentieux, au sein des organismes publics, ce qui était rare il y a à peine 20 ans.

Me Cameron, quant à elle, souligne les avancées faites du côté des politiques de congés de maternité. « Les femmes sont moins hésitantes à prendre congé, et reviennent aisément à la pratique après, ce qui est encourageant », dit-elle.

Me Gagnon souligne de son côté que dans son domaine, le droit du travail, le nombre d’avocates a connu une augmentation fulgurante – au point que celles-ci sont plus nombreuses que les hommes : il faut s’en féliciter, croit-elle.

De son côté, Me Joëlle Boisvert, associée directrice de Gowling WLG, se réjouit que tant les organisations que les femmes ont progressé sur le chemin de la parité. « Même si la parité est loin d'être atteinte, il y a de plus en plus en plus de femmes qui prennent leur place comme avocate. Les organisations ont pris la mesure des enjeux et elles en font davantage pour que les femmes restent dans la profession. »

Les moins bons coups

Me Linda Goupil, ancienne ministre de la Justice
Me Linda Goupil, ancienne ministre de la Justice

Me David rappelle que les standards de performance et de qualité sont très élevés. Elle encourage donc les avocates à faire ce qu’elles aiment par-dessus tout, puisque c’est ainsi qu’elles s’assureront d’atteindre ces exigences!

L’associée de Davies, Me Cameron, indique quant à elle que malgré les changements de mentalité encourageants, la réintégration au milieu de travail après un congé de maternité est parfois laborieuse. Il y matière à amélioration!

Pour Linda Goupil, il faut encore que les cabinets comprennent que les femmes veulent pouvoir s’épanouir tant dans leur vie personnelle que professionnelle, sans avoir à choisir entre l’un ou l’autre. « Il est évident qu’aujourd’hui, elles ne veulent pas priver leur famille de temps de qualité », dit-elle.

Huguette Gagnon ne s’explique pas que la proportion de femmes arbitres de griefs ait fait du surplace depuis 15 ans. En effet, pour l’année 2016-2017, moins d’un arbitre sur cinq est une femme. Elle suggère donc que la ministre du travail recommande à l’entité responsable de la recommandation des arbitres, le Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre, de lui recommander des candidatures féminines en priorité. « Certains diraient que cela créera de la discrimination envers les hommes, mais il s’agit simplement de rétablir une situation à la base inéquitable », explique-t-elle.

De son côté, Joëlle Boisvert estime qu'il faut un engagement ferme des organisations envers la parité. « Je sens une ouverture pour faire en sorte que les choses changent, mais les grands contentieux, la fonction publique, les cabinets, doivent s'engager davantage. Aucune organisation n'a les moyens de se priver de 50 % du talent. »

À quoi s’attendre dans 5 ans?

Me Joëlle Boisvert, associée directrice de Gowling WLG
Me Joëlle Boisvert, associée directrice de Gowling WLG
Mylany David soutient qu’il subsiste une différence quand elle entre dans une salle où il y a uniquement, ou presque uniquement des hommes. « Un collègue me disait récemment que pour sa part, il me considère au même titre que n’importe quel collègue masculin. Cette perception n’est malheureusement pas partagée par tous… et c’est dommage, car tous gagneraient à faire davantage confiance aux femmes, qui ont souvent une manière différente de voir les choses et donc, beaucoup à apporter », résume-t-elle.

Cara Cameron, pour sa part, espère bien voir plus d’associées dans les cabinets – même s’il y a présentement de minces avancées sur ce point.

Bien que ce soit improbable, Me Gagnon souhaite que la proportion de femmes juges de toutes les cours, et les arbitres de griefs, soit de 40% au moins. « C’est dans l’ère du temps en politique, après tout », souligne-t-elle, faisant référence à la proposition de l’ex-ministre de l’Éducation du Parti québécois Marie Malavoy d’obliger un seuil minimal de 40% de candidates féminines par parti. « Si on dit aux femmes qu’à compétences égales, leur candidature sera préférée, cela les incitera à postuler comme juge ou arbitre », conclut Me Gagnon.

Me Goupil voit l’avenir de manière plutôt positive, notamment grâce aux nouvelles technologies. « Il faut se donner du temps pour mieux connaître les modes alternatifs de règlements. L’avocat doit redevenir un accompagnateur, d’autant plus qu’il y a une méfiance envers le système judiciaire actuellement, c’est ça qui m’inquiète le plus finalement ».

Quant à Joëlle Boisvert, elle espère tout simplement qu'un jour, la « Journée de la femme » ne sera plus nécessaire, puisque les femmes occuperont toutes la place qui leur revient...
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1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 7 ans
    Esq
    How ironic. I have never suffered more than by working with biglaw women lawyers.

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