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Faire sa médecine et son droit… en même temps!

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Delphine Jung

2018-02-23 15:00:00

Il a réussi à mêler les deux domaines en s’intéressant à la défense de non-responsabilité pour troubles mentaux.

Simon-Pierre Bernard Arevalo entame, avec une certaine sérénité, ses dernières années d’étude
Simon-Pierre Bernard Arevalo entame, avec une certaine sérénité, ses dernières années d’étude
On a vu des avocats devenir médecins comme Me Camille Lebel, et des médecins devenir avocats, comme Me Pierre-Marc Johnson.

Mais suivre les deux formations en même temps?

C’est ce que fait depuis presque dix ans Simon-Pierre Bernard Arevalo, qui entame, avec une certaine sérénité, ses dernières années d’étude. Il faut dire que le jeune homme de 31 ans n’est plus à quelques années près.

Après avoir été admis en 2007 au programme de doctorat en médecine de l’Université Laval, il a commencé l’année suivante le programme de bac en droit, heureusement dans la même institution ! Concrètement, cela signifiait pour lui des aménagements de cours et d’horaires, de la médecine intercalée entre deux cours de droit.

Depuis l’an dernier, il porte le titre de « docteur en médecine» et poursuit sa spécialisation en psychiatrie. Côté droit, il a obtenu son bac (2011) puis sa maîtrise (2015), pour laquelle il a reçu une mention au tableau d’honneur de la faculté des études supérieures et postdoctorales.

Camille Lebel devenue médecin
Camille Lebel devenue médecin
Et il ne s’arrête pas là. En ce moment, il poursuit le programme de doctorat en droit. Son sujet de thèse mêle les deux disciplines qui lui tiennent à cœur. Il s’intitule : « La psychiatrie légale : de l’incidence de l’expertise psychiatrique au regard du régime d’exonération des responsabilités pénales pour cause de troubles mentaux, approche historico-comparative et perspectives neuro-scientifiques ».

Rien que ça.

Fasciné par le cerveau

Me Pierre-Marc Johnson devenu avocat
Me Pierre-Marc Johnson devenu avocat
« J’ai toujours eu un intérêt développé pour la science et la biologie et en particulier le système nerveux, le cerveau. Il y a beaucoup de développement à faire qui doit permettre à l’être humain de mieux se connaître. Il y a aussi ce côté énigmatique… », explique Simon-Pierre Bernard Arevalo.

Mais alors, pourquoi ne pas s’être contenté de devenir médecin ? « Du point de vue de ma formation médicale, je trouvais que le droit était un excellent complément. Il y a plusieurs problématiques qui relient la question du droit et de la médecine : la biotechnologie, la régulation pharmaceutique, la protection et le financement de l’innovation, la psychiatrie légale », explique le jeune homme qui est né à Santiago, au Chili, d’un père québécois et d’une mère chilienne.

Il est suivi par deux professeurs, Mario Naccarato, professeur de droit et le docteur Alexandre Dumais, un chercheur de l’Institut Philippe-Pinel.

Le jeune homme ne se destine pourtant pas à une carrière de juriste. « Je pense que je vais rester plutôt en psychiatrie, mon objectif n’est pas de passer le Barreau pour le moment », explique-t-il.

Vers une approche juridique de la neuroscience ?

Mario Naccarato, professeur de droit
Mario Naccarato, professeur de droit
Son sujet de thèse lui est venu d’une série de questionnements. « J’ai beaucoup suivi l’affaire Guy Turcotte avec la polémique suscitée par les conclusions contradictoires émanant des expertises psychiatriques de la Couronne et de la défense concernant la responsabilité pénale de l’accusé.»

Il manquait des éléments objectifs d’évaluation des patients dans le domaine de la psychiatrie légale, dit-il. Cela risque de faire perdre la confiance du public envers cette branche de la médecine. « Tous ces éléments m’ont amené à croire qu’il existe actuellement un besoin d’améliorer l’expertise judiciaire psychiatrique et que ce besoin peut être répondu par l’introduction d’éléments d’évaluation plus objectifs que le seul « jugement clinique » du psychiatre-expert », explique notre prodige.

Simon-Pierre a également été inspiré par la lecture du rapport d’Olivier Oullier, professeur à Aix-Marseille Université où il enseigne la psychologie, les neurosciences et les systèmes complexes. « En me basant sur ce document ainsi que sur mes connaissances scientifiques, je me suis demandé si les applications découlant des neurosciences pouvaient devenir ces éléments objectifs d’évaluation dont la psychiatrie légale avait impérieusement besoin », précise Bernard Arevalo.

L’un des objectifs de sa thèse, notamment sur le volet du droit, est de voir si ce cadre juridique permet ou permettra d’admettre une preuve émanant de connaissances ou de techniques issues des neurosciences (telle la neuroimagerie fonctionnelle par exemple) et quelle pourrait être la contribution d'une telle preuve.

D’abord médecin

Alexandre Dumais, un chercheur de l’Institut Philippe-Pinel
Alexandre Dumais, un chercheur de l’Institut Philippe-Pinel
Simon-Pierre devrait soutenir d’ici cinq ans puis se diriger vers la pratique côté hôpital plutôt que tribunal. « Au début, j’étais très porté sur la recherche, mais mon stage à Matane a été une révélation », dit-il.

En 2015, pendant six semaines, Simon-Pierre « découvre la médecine dans ses valeurs les plus belles » en suivant des docteurs à l’hôpital, aux urgences, en clinique ou encore au CLSC.

« J’ai pensé à exercer en droit pharmaceutique, mais d’un point de vue humain, j’ai plus envie de devenir médecin, de travailler avec des confrères entièrement dévoués à leurs patients », dit-il.

Entre 45 et 54 heures de travail par semaine

Mais la route est encore longue et de nombreuses heures de cours l’attendent encore d’ici là.

Avec en moyenne entre 15 et 18 heures de cours et 2 heures de travail personnel allouées à chacune de ces heures, les semaines de Simon-Pierre sont plutôt chargées.

A-t-il encore une vie en-dehors des études ? « C’est sûr que c’est intense, mais je suis habitué depuis plusieurs années à combiner plusieurs choses et si je peux participer à l’avancement des connaissances, je serai satisfait. Cela dit, il faut faire des sacrifices, mais tout de même essayer de garder d’autres passions pour trouver un équilibre », raconte le jeune homme.

Adepte du baseball et du soccer, il profite de l’été pour s’adonner à ses sports favoris et l’hiver, il joue aux échecs et lit.
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