L’ex-député libéral de Châteauguay, Pierre Moreau, devient associé-directeur de Bélanger Sauvé.
L’ex-député libéral de Châteauguay, Pierre Moreau, devient associé-directeur de Bélanger Sauvé.
La poussière de la dégelée électorale libérale n’était pas encore retombée qu’un texto captait l’attention de Pierre Moreau.

L’ex-député libéral de Châteauguay, défait par sa rivale caquiste MarieChantal Chassé, le 1er octobre dernier, digérait sa défaite quand René Piotte, associé directeur de Bélanger Sauvé depuis 2010, lui écrit qu’il « faudrait se parler ».

Bélanger Sauvé, où il a pratiqué une douzaine d’années avant de faire le saut en politique, en 2003, le convoite.

Sauf que Me Moreau se cherche encore, en ce lendemain de veille électorale. « Le matin du 2 octobre, je ne savais pas encore ce que j’allais faire, et un retour à la pratique privée ne m’avait pas effleuré l’esprit », explique le Barreau 1980, rencontré à ses bureaux de la place Ville-Marie, à Montréal.

Dans les jours suivants, cependant, les offres lui permettant de retourner au droit affluent. Plusieurs cabinets s’enquièrent de la disponibilité de l’ex-ministre libéral.

Mais ce dernier en a plein les bras pour gérer la sortie de route libérale. Réflexion faite cependant, celui qui fût un temps pressenti pour succéder à Philippe Couillard décide de quitter la politique, histoire de faire place à la nouvelle génération.

« Je reste un militant, et de grandes décisions devront être prises pour la reconstruction du parti, où je vais m’impliquer. » Mais la vie publique est derrière lui.

Retour aux sources

Il décide donc de donner suite aux offres de revenir à la pratique privée. Plusieurs cabinets sont intéressés à s’adjoindre celui qui a été titulaire de 7 portefeuilles ministériels, et qui connaît bien les rouages de l’État.

« Il a fallu que je structure ma réflexion pour évaluer quelle offre j’allais accepter. Et quelqu’un m’a suggéré d’aller là où on avait le plus besoin de moi », et c’est ainsi qu’il a fini par succomber aux appels de René Piotte, explique Pierre Moreau.

Le jeune sexagénaire, complètement remis du calvaire cancéreux qui l’a terrassé pendant un an, en 2016, entame sa troisième carrière avec un défi intellectuel comme il les aime.

Il s’agit de présider à l’expansion de Bélanger Sauvé.

Le cabinet mise sur l’ajout d’avocats comptant de 5 à 10 ans de pratique pour augmenter la part des dossiers traités pour le compte de ses clients. On veut pour l’essentiel augmenter le revenu moyen par client, une augmentation qui sera permise par l’ajout de ressources.

Les clients, des municipalités, des assureurs, et tout ce qui se trouve entre les deux, pourraient bien profiter d’une plus grande offre du cabinet. Qui a l’avantage de bien tirer son épingle du jeu dans trois secteurs qui s’entrecroisent bien : « Le droit du travail et le droit municipal vont souvent de pair, et le droit des assurances intervient souvent dans ces contextes », explique Me Moreau.

Un avantage concurrentiel

René Piotte, associé directeur de Bélanger Sauvé.
René Piotte, associé directeur de Bélanger Sauvé.
Bélanger Sauvé mise sur Pierre Moreau pour piloter cette stratégie de croissance.

Pour ce faire, l’ex-ministre table sur une vaste connaissance tant du Québec des régions que de ses enjeux pour mousser la marque du cabinet. Tour à tour ministre des Affaires municipales, des Ressources naturelles et des Transports, en plus d’avoir présidé le Conseil du trésor, ses atouts sont multiples.

« J’ai une connaissance profonde du territoire, et une connaissance fine de ses enjeux. Et je connais également la machine gouvernementale » dit-il.

Peu de clients savent comment faire avancer un dossier auprès des instances décisionnelles, et rares sont ceux qui ont les références pour transiger avec l’État. L’ajout de Me Moreau à l’écurie Bélanger Sauvé est donc un avantage concurrentiel indéniable pour mousser les secteurs de pratique du cabinet.

« Mon mandat en est d’abord un de gestion, mais je n’exclus pas de revenir à la pratique », poursuit Pierre Moreau.

Car si l’expérience juridique l’a bien servi en politique, l’inverse est également vrai : « Il faut plaider sa cause devant les parlementaires, devant l’électorat… » Il n’a donc jamais cessé de plaider, d’autant que c’est dans la plaidoirie qu’il estime être à son meilleur.

La stratégie de croissance

Autre variable de son mandat : « Assurer le recrutement de jeunes avocats dans tous nos secteurs de pratique. » Déjà, une infrastructure de mentorat et d’encadrement est en place. Il faut maintenant attirer les talents, et leur faire valoir les avantages d’un petit cabinet. « Les perspectives de mobilité verticale sont plus intéressantes que dans les grands cabinets ».

En clair, Pierre Moreau est chargé de faire rayonner le cabinet partout en province et de favoriser l’afflux de sang neuf.

À l’heure des débats existentiels sur les modèles d’affaires des cabinets et de l’opportunité de miser sur les heures facturables, Pierre Moreau—et Bélanger Sauvé—misent sur la matière première d’un avocat : « Ce qu’on vend, c’est une expertise, un raisonnement, une ‘’science’’ du droit, qui fidélise nos clients et qui a fait notre marque. »

Une façon comme une autre d’expliquer qu’en ces temps incertains pour le commerce des services juridiques, le cabinet mise sur sa valeur ajoutée.