L'ex juge Anne-Marie Trahan et Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres.
L'ex juge Anne-Marie Trahan et Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres.
Cinq diocèses du Québec, dont celui de Montréal, ont confié à l'ex juge Anne-Marie Trahan un audit de leurs archives pour examiner des allégations d'abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé depuis les années 1950.

Ancienne juge à la Cour supérieure du Québec, Anne-Marie Trahan est aussi une catholique convaincue. Elle est d'ailleurs chancelière de l’Ordre de Malte, un ordre religieux et laïc de l’Eglise Catholique qui se livre à des activités humanitaires et d’assistance sanitaire.

Selon Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres, cette proximité entre l'ex-juge et l'Église pose question. « Avec tout le respect que je dois à la magistrature, ce choix est particulièrement douteux », a-t-il expliqué à Droit-Inc.

« Ça pose une question en termes d'impartialité. S'il n'y pas de conflit d'intérêt pourquoi l'archevêché n'a pas rendu public son implication dans cette association religieuse ? » se demande-t-il.

Un mandat trop restrictif

Outre ce problème de partialité, Carlo Tarini s'interroge sur le principe même de la mission d'Anne-Marie Trahan.

« Le mandat donné à la juge Trahan n'a jamais été dévoilé. Le communiqué de presse, parle d'un audit, même pas d'une enquête, qui ne sera donc pas indépendant. Ce ne sont pas aux évêques de choisir les personnes qui vont enquêter sur leurs agissements! »

Selon une lettre ouverte de Mgr Christian Lépine, l'ex-juge se livrera à « un audit externe de ses archives ». Dans le cadre de cette mission, « tous les moyens nécessaires lui seront fournis afin de procéder à une enquête approfondie, notamment les services de spécialistes de son choix ». Elle disposera également d'un accès complet à l’ensemble des dossiers visés,

Pour Carlo Tarini, cet audit ne va pourtant pas assez loin. « Ce qui est annoncé, c'est une enquête dans les diocèses qui ne couvrira pas les communautés religieuses. Or, la grande majorité des agressions ont eu lieu dans des séminaires où les enfants étaient pensionnaires », a-t-il réagi.

Selon lui, c'est à la police qu'il revient d'enquêter sur ces faits, mais celle-ci « n'est pas invitée à collaborer ». En fin de compte, Carlo Tarini dénonce « une grande opération de relations publiques pour donner l'impression qu'ils agissent alors qu'ils n'agissent aucunement ».

Contacté par Droit-Inc, l'archevêché n'a pas souhaité réagir.

L'audit débutera en septembre prochain pour une durée prévue « de 18 à 24 mois ». Le rapport, qui sera rendu public, devrait rassembler des statistiques sur les allégations d’abus sexuel de mineurs de l’ensemble du personnel clérical et laïc des cinq diocèses.