Nouvelles

De l’aide pour les jurés traumatisés

Main image

Florence Tison

2020-02-14 11:15:00

Les jurés qui voient des éléments de preuve violents n’ont pas le droit de discuter des délibérations, même à un professionnel de la santé. Un projet de loi vise à les aider.

Mark Farrant. Photo : Twitter
Mark Farrant. Photo : Twitter
Tina Daebzer et Mark Farrant ont tous deux été jurés dans des procès au Canada; la première dans un procès pour de graves agressions sexuelles, et le second dans un procès pour meurtre. Les deux anciens jurés se sont par la suite fait remettre un diagnostic de stress post-traumatique (SSPT), révèle la Presse canadienne.

« C’est une expérience qui a changé ma vie, explique Mme Daenzer. Ces vidéos qu’on a dû regarder dans la salle du tribunal étaient atroces. On y voyait des filles violées, torturées, qui priaient pour leur vie. On ne les a pas visionnées qu’une seule fois. On les a regardées et regardées encore. Le soir, je revenais chez moi et je me les rejouais dans ma tête. »

Mme Daenzer et les 11 autres jurés du procès contre le tueur en série et violeur Paul Bernardo l’ont trouvé coupable de deux meurtres au premier degré et de deux agressions sexuelles graves. Depuis, l’ancienne jurée tremble à chaque fois que le condamné demande une libération conditionnelle. Et s’il la retraçait?

« Pour être franche, après 25 ans, je ne marche jamais seule dans un parc, confie Mme Daenzer. Je ne marche jamais seule lorsque l’obscurité est tombée. Même après tout ce temps, cela a changé radicalement ma vie. »

L’article 649 du Code criminel : loin d’être chanceux

Représentant la Commission canadienne des jurys qu’ils ont fondée, Mme Daenzer et M. Farrant se sont rendus à Ottawa la semaine dernière pour y entendre la seconde lecture d’un projet de loi destiné à faciliter l’aide psychologique pour les membres d’un jury.

Le projet de loi, présenté l’an dernier par un député conservateur, vise à amender l’article 649 du Code criminel sur la divulgation des délibérations d’un jury. L’article interdit présentement aux jurés de discuter de ces délibérations, ce qui les empêche du même coup de se pourvoir d’aide psychologique.

« Ce projet de loi est nécessaire afin de fournir aux jurés l’aide qu’ils méritent de recevoir », estime Mark Farrant, qui a lui-même eu beaucoup de difficultés à obtenir des soins après avoir été juré dans un procès pour meurtre en Ontario en 2014.

« Cela permettrait de relâcher les restrictions empêchant un juré de discuter de certains aspects d’un procès et des délibérations avec un médecin. Les jurés portent le fardeau de leur expérience pendant toute leur vie. »

Les deux anciens jurés ont profité de leur passage à Ottawa pour plaider devant le comité permanent des finances de la Chambre des communes afin de demander de l’aide financière pour les jurés dans le prochain budget.
3245

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires