Technologie, connectivité et productivité

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Julie Couture

2021-04-08 11:15:00

Les avocats ne peuvent plus se passer des outils technologiques qui permettent de rester connectés avec le monde et les clients en tout temps. Mais est-ce vraiment productif, se demande notre criminaliste...

Me Julie Couture, l’auteure de cet article.
Me Julie Couture, l’auteure de cet article.
Si vous lisez cet article, il y a de fortes chances que vous ayez en main votre téléphone cellulaire, une tablette ou encore un ordinateur portable. C’est la réalité d’aujourd’hui : tout le monde est connecté grâce à la technologie. Même les enfants sont en contact avec les écrans dès un très jeune âge.

La facilité via la technologie

En tant qu’avocats, nous ne saurions plus nous passer de ces outils technologiques qui nous permettent de rester connectés et d'avoir accès à tout ce dont nous avons besoin à tout moment. Ce sont des appareils qui ont révolutionné notre pratique sur d’innombrables aspects. Nombreux sont ceux qui sont convaincus qu'ils nous facilitent grandement la vie. C'est une avancée positive, non?

Est-ce vraiment le cas ?

Si la technologie procure une certaine facilité en termes d’accès rapide à l'information ainsi que la possibilité d’être connecté en tout temps avec son réseau, elle n'est pas sans inconvénients. Croyez-le ou non, elle est souvent source d'une charge de travail supplémentaire.

Connectivité versus productivité

Il a en effet été démontré que le fait d'être connecté à tout moment fait perdre en productivité.

En effet, il est souvent beaucoup plus rapide de passer un appel téléphonique directement que de traiter avec une longue série d'échanges de courriels. Or, c’est ce moyen de communication qui est maintenant privilégié dans notre pratique. Par conséquent, nous regardons en moyenne notre téléphone intelligent 221 fois par jour. Ceci affecte négativement notre productivité dans les autres tâches que nous avions prévu accomplir dans la journée.

Un problème de communication

En mars 2016, nous recevions une lettre de l’Honorable juge Pierre É. Labelle, juge coordonnateur adjoint à l’époque. Celle-ci nous indiquait les changements qui devaient alors entrer en vigueur concernant la gestion d’instance. On visait à réduire lesdites gestions, notamment en ce que les dossiers à l’étape de l’enquête préliminaire n’ayant plus à être fixés en gestions, de même que les procès dont la durée est évaluée à 1 jour et moins par les parties.

Malgré cela, la réalité actuelle demeure que beaucoup de documents sont exigés et que les gestions d’instance font leur retour. Les avocats se retrouvent surchargés sans que les méthodes ne soient réellement productives. En passant par les formulaires de fixation qui doivent être remplis au préalable, la fixation de date de gestion, les courriels de gestion et de facilitation, on ne s’en sort plus.

Tout cela demande du temps. Les différentes parties se perdent souvent dans les échanges de courriels. On doit souvent envoyer des demandes de rappels. En termes de productivité et d'efficience, l’objectif est loin d’être atteint. Les courriels sont de plus en plus nombreux et s'empilent.

Comment s'y retrouver et améliorer la situation?

En plus d’être des avocats, nous sommes également des humains. Il a été rapporté récemment que les procureurs de la couronne sont nombreux à souffrir d'épuisement professionnel. Ils vivent de l’anxiété et beaucoup de détresse psychologique. Tout cela pendant que la fréquence des crimes augmente, en particulier les cas de violence conjugale. Il est impératif de travailler à réduire la charge de travail de chacun et faire la part des choses entre vie professionnelle et personnelle. Être connectée et disponible en tout temps, est-ce vraiment la bonne façon d'y arriver?

La gestion des priorités est de la plus haute importance pour les avocats! Il faut déterminer ce qui doit être priorisé dans une journée et se donner des objectifs réalistes, tout en conservant une portion du temps pour la gestion des imprévus.

L'importance de la santé mentale de chacun

Ce qui est certain, c’est que la santé mentale doit être et demeurer prioritaire pour tous. Nous, avocats, devront apprendre à tracer nos limites. Notre profession sous-tend plusieurs enjeux humains qui sont souvent difficiles à gérer sur le plan émotionnel. Prendre un temps d’arrêt, pour soi, est parfois primordial pour continuer à offrir un service de qualité à nos clients et aux victimes d'actes criminels. Ne l’oublions pas.

Sur l’auteure

Me Julie Couture est avocate criminaliste depuis 2003. Elle a fait ses débuts avec l'honorable juge Marco LaBrie et l'honorable Alexandre St-Onge tous deux maintenant juge à la Cour du Québec. Fondatrice de Couture avocats, elle pratique en droit criminel et pénal exclusivement.

Maître de stage pour le barreau du Québec, elle a longtemps formé les jeunes avocats et avocates criminalistes ce qui lui a aussi permis d’avoir trois enfants. Entrepreneure depuis le début de sa pratique du droit, et très présente sur le web, elle pourra partager ses expériences afin d'aider le plus possible la communauté juridique. Elle a longtemps commenté l'actualité dans le Journal de Montréal comme l'avocate du journal et dans son blogue juridique en plus de plusieurs passages à la télévision.
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