Carrière et Formation

5 conseils d’un juge de la Cour suprême à un jeune avocat

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Katia Tobar

2022-05-16 14:15:00

Il a été avocat, juge à la Cour d’appel de l’Ontario, avant d’intégrer la Cour suprême, et partage son expérience à de jeunes plaideurs…

Mahmud Jamal. Source : Radio-Canada
Mahmud Jamal. Source : Radio-Canada
Le juge de la Cour Suprême du Canada, Mahmud Jamal, a tiré de sa carrière plusieurs leçons qu’il a transmises aux avocats du Jeune Barreau de Montréal lors de la conférence de clôture de la 76e édition de leur Congrès annuel, organisé au Palais des congrès, le 13 mai dernier.

Droit-inc. a tiré de son allocution cinq conseils à épingler au-dessus de votre bureau pour vous démarquer. Car qui sait, vous siègerez peut-être un jour vous aussi à la Cour Suprême !

Perfectionnez vos compétences en rédaction juridique

C’est le conseil que Mahmud Jamal a reçu au début de sa carrière de la part l’ancien juge en chef de la Cour Suprême, Bora Laskin (1973-1984). Pour le juge Jamal, perfectionner ses compétences en rédaction juridique doit primer sur l’importance de perfectionner ses plaidoiries. Il considère même cette aptitude comme essentielle au développement d’une carrière en droit.

Lorsqu’on se destine à devenir avocat, il faut « penser comme des rédacteurs et rédactrices professionnels », dit-il. Pour travailler cet art, le juge Laskin lui avait conseillé de lire ''Style'' de Joseph Williams, un conseil qu’il réitère aux membres du Jeune Barreau de Montréal.

Soyez toujours préparé

« Les dossiers juridiques ne se gagnent pas dans une salle d’audience, mais à la bibliothèque », affirme le juge Mahmud Jamal. Il insiste : « il n’y a rien de plus persuasif qu’un avocat qui maîtrise son dossier » et conseille par exemple d’anticiper les questions des juges pour ne pas être destabilisé pendant une plaidoirie et perdre confiance en soi.

Mahmud Jamal voit aussi dans une bonne préparation un remède au syndrome de l’imposteur très présent dans le milieu du droit.

« Il est important de travailler sans crainte, de ne pas être intimidé par les autres, ni les clients, ni les confrères et consoeurs, ni les juges. Dans la profession, nous avons tous peur de quelque chose et nous ne devons pas succomber à cette peur qui peut être synonyme du syndrome de l’imposteur », insiste-t-il.

Impliquez-vous

Autre syndrome décrit par le juge Jamal : celui de la cabane, c’est-à-dire la tendance chez de nombreux avocats à s’enfermer à la bibliothèque ou au bureau et à passer de longues heures devant leur ordinateur.

Ce syndrome pourrait être à l’origine d’une perte de perspectives.

Le remède : sortir et s’impliquer dans la profession juridique et dans la communauté, en devenant mentor pour de jeunes étudiants en droit par exemple.

Mahmud Jamal s’est lui-même impliqué aux services juridiques pro bono alors qu’il était encore étudiant et a présidé le programme national pro bono du cabinet Osler, où il a exercé pendant plus de 23 ans.

Il raconte que cette expérience a été une bonne école et a pu faire une différence dans sa nomination comme juge à la Cour d’appel de l’Ontario et ensuite à la Cour Suprême.

« Cela m’a donné un aperçu du travail accompli par les avocats. C’est l’occasion de faire du bien et d’améliorer la réputation du système juridique canadien ».

N’ayez pas peur des échecs

« Dans la profession juridique, tout le monde échoue à un moment donné », insiste le juge. Il décrit l’échec comme « l’obstacle le plus difficile à surmonter dans une carrière en droit ».

Mahmud Jamal a d’ailleurs profité de son allocution pour rappeler plusieurs moments de sa carrière où il a été confronté à l’échec.

« Quand j’ai postulé pour mon premier emploi en droit, j’ai été rejeté par une douzaine de cabinets. J’ai encore les lettres, rit-il. J’ai été rejeté la première fois que j’ai postulé pour devenir auxiliaire juridique à la Cour suprême. J’ai été rejeté à deux reprises par le cabinet où j’ai passé ma carrière et où je suis devenu associé principal dans le domaine des litiges. J’ai perdu à plusieurs reprises devant tous les niveaux de cour de partout au Canada, dans les deux langues officielles ».

Le juge insiste sur l’importance d’apprendre de ses échecs pour aller de l’avant. « Mes pires notes de l’école de droit étaient dans les domaines dans lesquels je me suis plus tard spécialisé en tant qu’avocat ou comme juge », donne-t-il en exemple.

Il conseille donc aux jeunes avocats de tirer profit de leurs échecs pour améliorer leur pratique et même devenir de meilleures personnes.

Travaillez en équipe

« Personne ne réussit en droit tout seul […] Le droit est un sport d’équipe », insiste le juge Jamal. Cette capacité à travailler en équipe peut être décisive dans le développement de votre carrière en droit.

« Ce n’est pas suffisant d’être excellent. Le droit est un exercice collaboratif qui dépend des contributions de l’équipe et partiellement de l’individu », explique-t-il.

Le juge Mahmud Jamal siège à la Cour suprême du Canada depuis le 1er juillet 2021. De 2019 à 2021, il a été juge à la Cour d’appel de l’Ontario. Avant d’entamer une carrière de magistrat, il s’est démarqué comme avocat plaidant en appel et dans des affaires de droit constitutionnel. Il a aussi plaidé dans des recours collectifs.

Né au Kenya, le juge Jamal a grandi en Angleterre avant d’immigrer au Canada, « à Edmonton en plein mois de novembre », raconte-t-il, à l’âge de 14 ans. Il est le premier juge issu de la diversité à entrer à la Cour Suprême et occupe le siège laissé vacant par le départ à la retraite de Rosalie Silberman Abella.
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