Me Michael Simkin. Sources: Simkin Légal et Shutterstock
Me Michael Simkin. Sources: Simkin Légal et Shutterstock
Instagram et facebook sont-elles responsables de l’addiction de leurs usagers mineurs? C’est ce que devra trancher la Cour supérieure du Québec, devant laquelle une demande d’autorisation d’action collective vient d’être déposée à l’encontre de Meta.

Alexia Robert, la demanderesse, est une résidente mineure de Saint-Bruno. Elle est représentée par Me Michael Simkin, du cabinet Simkin Légal.

Présentement âgée de 16 ans, Alexia Robert a ouvert un compte Instagram quand elle avait 11 ans. Or, « à la suite du visionnage de contenu préjudiciable, la demanderesse a développé une orthorexie et une anorexie mentale, nécessitant deux hospitalisations. », pointe la demande.

La défenderesse allègue qu’Instagram et Facebook, filiales de Meta, ont conçu des algorithmes et des caractéristiques addictives destinées à maximiser le temps que leurs utilisateurs passent sur leurs produits. Les défenderesses étaient conscientes que « leur produit était nuisible aux enfants », selon la demanderesse.

La demanderesse s’appuie sur les révélations formulées par un ancien employé de Facebook, en 2021, à propos de la connaissance qu’avaient les défenderesses des risques posés par leurs produits pour les utilisateurs.

« Des chercheurs de Facebook ont découvert qu’un utilisateur sur huit de l’application dit avoir un usage compulsif des médias sociaux qui affecte leur sommeil, leur travail, leur rôle de parent et leurs relations », cite la demande.

De plus, « les défenderesses étaient conscientes que des enfants de moins de 13 ans accédaient au produit mais n'ont pas conçu de mesures de protection adéquates pour empêcher l'accès au produit par de jeunes enfants. », poursuit la demanderesse.

Or, des alternatives viables - notamment via les algorithmes - étaient possibles, et connues des défenderesses. « Ces alternatives auraient réduit de manière substantielle les risques et les préjudices pour les enfants et auraient pu être mises en œuvre à un coût négligeable pour les défenderesses », précise la demande.

Non seulement les défenderesses n’ont pas mis en œuvre ces alternatives, mais elles n’ont pas prévenu les utilisateurs contre les risques associés à leurs produits.

Au Canada, Facebook serait utilisé par 1,2 million d’enfants, tandis qu’Instagram compterait 655 000 utilisateurs mineurs. Et cela fait depuis au moins le 9 avril 2012 que les défenderesses font la promotion de leurs produits auprès des enfants.

Alexia Robert entend pouvoir représenter les membres du groupe, tels que décrits: « toutes les personnes physiques et/ou leurs représentants légaux et/ou leurs tuteurs, domiciliés ou ayant été domiciliés au Québec, qui n'étaient pas majeurs lorsqu'ils ont acquis et utilisé un compte Facebook et/ou Instagram. »

La demanderesse sollicite la Cour supérieure d’autoriser l’action collective contre Meta, pour que celle-ci verse des dommages et intérêts aux membres du groupe. Alexia Robert demande que « les défenderesses se sont injustement enrichies par le montant des revenus publicitaires gagnés suite à l'utilisation de Facebook et Instagram par les membres du groupe ». Elles devraient donc solidairement payer des dommages punitifs et exemplaires à chaque membre du groupe, affirme la demande.