La professeure Lynda Collins. Source: Université d’Ottawa
La professeure Lynda Collins. Source: Université d’Ottawa
Conjuguer droit et bonheur ? C’est ce que peuvent expérimenter les étudiants en droit de l’Université d’Ottawa depuis quelques années. En effet, ces derniers ont la possibilité de suivre le cours intitulé Happiness and the Law avec la professeure Lynda Collins.

Il faut dire que le constat est alarmant au sein de la profession juridique. La détresse psychologique, la dépression, l’anxiété, l’épuisement professionnel et les pensées suicidaires atteignent, dans ce milieu, des proportions plus élevées que dans le reste de la population active au Canada.

À une époque où les jeunes sont davantage conscientisés par les problématiques de santé mentale, ce cours est une réelle nécessité.

Droit-inc est parti à la rencontre de la professeure Lynda Collins afin de comprendre sa démarche.

Celle qui enseigne le droit depuis maintenant plus de dix ans a pu constater que de nombreux étudiants en droit souffraient de problèmes psychologiques.

Santé mentale

« Les étudiants en droit sont si occupés. Il était donc nécessaire de leur enseigner le droit au bien-être et de faire en sorte que ce cours soit incorporé dans leur cursus », explique Lynda Collins.

Mais alors, pourquoi les problèmes de santé mentale touchent autant les facultés de droit ? Selon la professeure, les étudiants en droit et les avocats ont des cerveaux très critiques.

« Cela est très bien quand on doit évaluer un cas, ça nous permet de voir les problèmes et de les résoudre. Seulement parfois, cela se retourne contre nous. On mesure notre qualité par rapport aux résultats de nos affaires », déplore Lynda Collins.

Et d’ajouter « C’est vraiment difficile d’un point de vue psychologique, si notre impression de nous même dépend des résultats externes, c’est très difficile de se relâcher ».

Chaque classe démarre par une séance de méditation et un exercice de pleine conscience.

« Je leur enseigne la technique de la respiration. Ça permet de calmer tout le système nerveux. C’est quelque chose qu'ils peuvent utiliser avant un examen », confie la professeure.

À travers ce cours, les étudiants reçoivent également de nombreuses informations sur le sujet du bien-être. Et cela commence par la nécessité absolue de bien dormir.

Car comme l’a constaté Lynda Collins, beaucoup d’étudiants en droit pensent qu’il ne faut pas beaucoup dormir pour réussir.

Mais la recherche l’a démontré à de multiples reprises : moins dormir rend moins intelligent. Pour convaincre ses étudiants, la professeure les invite à étudier les données scientifiques sur le sujet.

Leur future carrière d’avocat est également évoquée durant ce cours. Ici aussi, Lynda Collins s’est inspirée des recherches faites sur ces questions.

Il a été démontré scientifiquement que les avocats étaient plus contents quand ils étaient indépendants et lorsqu’ils avaient un emploi qui correspondait à leurs valeurs.

Durant ce cours, la professeure discute ainsi avec ses étudiants des démarches à suivre pour être aligné avec sa pratique juridique.

Alors, comment ce cours est-il perçu par les étudiants en droit ? Y a-t-il un engouement particulier de leur part ? « Chaque année, c’est complet avec une grande liste d’attente », se réjouit Lynda Collins.

Mais ce sont surtout les retours de ses étudiants qui lui offrent beaucoup de satisfaction « Certains m’ont dit que ç'avait changé leur vie, leur approche aux études de droit et à la pratique du droit. Avec tout ça, je réalise que c’est vraiment possible de faire la différence pour nos étudiants ».