Un entrepreneur se fait offrir 50 000 $ pour se tasser

La Presse Canadienne
2012-11-19 12:25:00
Après avoir refusé, il a reçu dans les jours qui ont suivi un appel à la bombe au bureau de son entreprise d'aménagement extérieur et une partie de son équipement a été volé et endommagé. Selon M. Leclerc, il s'agissait d'un geste d'intimidation parce qu'il avait refusé de céder sa place.
Quelques mois plus tard, en juin 1997, Joe Borselino est encore venu le voir à son bureau pour un autre contrat, lui demandant cette fois de ne pas soumissionner.
Borselino s'était même présenté au domicile de l'associé de M. Leclerc, à Rawdon où avait lieu une fête d'enfants. Tout le week-end, M. Leclerc s'était arrangé pour ne pas rencontrer Borselino, sachant qu'il voulait insister pour qu'il se tasse.
À partir du moment où il a tenu tête une seconde fois à Joe Borselino, il a eu la paix de sa part, a-t-il affirmé à la procureure en chef de la commission, Me Sonia Lebel.
Un troisième incident est survenu, cette fois avec l'entrepreneur Nick Milioto, de Mivela Construction, qui lui a carrément lancé: "tout ce qui s'appelle trottoirs à Montréal, ça passe par moi".
M. Milioto, plus imposant, a fini par le convaincre. M. Leclerc a finalement trouvé un modus vivendi en réalisant les bordures de granit, alors que Mivela se gardait les "agrégats exposés" des trottoirs. Il y avait donc partage du contrat, sous-traitance.
M. Leclerc devait toutefois payer une somme équivalant à 3 pour cent à Nick Milioto, qui lui a dit que c'était "pour la politique".
Terramex haussait donc le prix de son sous-contrat réalisé pour Mivela pour compenser cette quote-part de 3 pour cent. Ensuite, M. Leclerc donnait l'équivalent de 3 pour cent en argent comptant à M. Milioto.
"Au début, ils sont très gentils, calmes et convaincants", a relaté M. Leclerc. C'est après que le climat change. "Si tu résistes, ils te font comprendre que pour le bien de la compagnie, ce serait mieux de les écouter sérieusement", a-t-il ajouté.
La présidente de la commission, la juge France Charbonneau, a cherché à savoir ce qu'il voulait dire par "ils vous font comprendre". M. Leclerc a précisé qu'"ils ne font pas de menaces" directement, mais font comprendre que si l'entrepreneur veut rester en affaires, il a intérêt à collaborer.
M. Leclerc a nommé cinq entreprises du secteur des trottoirs qu'il voyait le plus souvent: Mivela, CSF, TGA, BP et ATG.
Plus tôt dans la journée, l'avocat de Raynald Desjardins, Me Marc Labelle, avait plaidé sa cause pour tenter de faire annuler l'assignation à comparaître de son client devant la Commission Charbonneau.
La Commission a pris la requête en délibéré.