Borsellino nie avoir intimidé Leclerc, de Terramex

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La Presse Canadienne

2013-02-06 13:00:00

Le président de Construction Garnier, Giuseppe Borsellino, nie avoir déjà voulu intimider l'entrepreneur Michel Leclerc, de Terramex, bien qu'il admette être déjà allé jusqu'à stationner un de ses camions dans son entrée et lui avoir demandé s'il voulait vraiment déposer une soumission pour un projet donné.

Giuseppe Borsellino nie avoir déjà voulu intimider l'entrepreneur Michel Leclerc
Giuseppe Borsellino nie avoir déjà voulu intimider l'entrepreneur Michel Leclerc
En novembre dernier, devant la Commission Charbonneau, Michel Leclerc avait affirmé que M. Borsellino était venu le voir à son bureau pour lui dire de ne pas soumissionner pour ce projet de la Place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal.

M. Leclerc avait répondu qu'il était intéressé à ce projet et qu'il soumissionnerait bel et bien, ne lui en déplaise.

Le lundi suivant, avant le dépôt des soumissions, un camion de Construction Garnier était stationné dans son entrée.

Interrogé sur cet incident mercredi, M. Borsellino n'y a vu aucune intimidation. Il a admis avoir appelé M. Leclerc, mais a prétendu que c'était pour s'assurer qu'il dépose une soumission de complaisance.

La juge France Charbonneau lui a alors demandé pourquoi il avait stationné un camion dans son entrée.

M. Borsellino a prétendu que c'était pour vérifier si M. Leclerc irait effectivement déposer l'enveloppe de sa soumission. "Il n'y a pas eu d'intimidation. Je ne l'ai pas harcelé", a-t-il répliqué en anglais.

De même, M. Borsellino a nié avoir offert 50 000 $ au président de Terramex, une autre fois, pour qu'il se retire d'un appel d'offres. Il a répondu: "au meilleur de ma connaissance, il n'y a pas eu d'argent offert".

Une autre fois, il a nié avoir intimidé un promoteur immobilier, David Owen, dans le cadre d'un projet appelé Del'Arte, à Montréal. "Lui avait déposé une offre pour acheter le terrain. Lui avez-vous dit de retirer son offre, que c'était votre projet?", lui a demandé le procureur de la commission, Me Simon Tremblay.

"Non. Ce que j'ai dit à M. Owen c'est que s'il n'avait pas trop d'intérêt, ce serait bon qu'il laisse aller ce projet-là, c'est tout", a répliqué M. Borsellino. Et "il m'avait dit qu'il n'avait pas un gros intérêt pour le projet", a-t-il ajouté.

1,8 million $ déposé

Par ailleurs, Me Tremblay l'a surpris en lui demandant s'il se souvenait avoir déposé la somme précise de 1 824 218,04 $ à une succursale de la Banque Nationale de la rue La Gauchetière, à Montréal, le 25 octobre 2004.

Le témoin a d'abord demandé au procureur s'il pouvait lui présenter des documents à cet effet, avant de lui répondre que non, il ne s'en rappelait pas. En après-midi, il s'est rappelé de trois chèques totalisant ce montant en affirmant qu'ils provenaient d'agences publiques

Il s'est permis de reprocher à la commission de faire des sous-entendus avec ses questions, ce qui a fait sortir la juge France Charbonneau de son mutisme. "Vous êtes bien mal placé pour faire des remontrances à la commission", lui a-t-elle lancé.

On n'en a pas su davantage sur cette somme.

Collusion sans Surprenant

Le témoin a par ailleurs indiqué avoir versé environ 100 000 $ à l'ingénieur Gilles Surprenant et environ 100 000 $ à son collègue Luc Leclerc, tous deux alors employés de la Ville de Montréal et qui ont admis avoir participé à un stratagème de corruption avec les entrepreneurs.

M. Borsellino, qui avait identifié M. Surprenant comme étant celui qui avait eu l'idée d'un système de collusion entre les entrepreneurs, a eu du mal à expliquer pourquoi il admettait maintenant qu'un appel d'offres donné avait été truqué, alors que M. Surprenant n'était même pas mêlé au dossier.

Il s'agit d'un projet élaboré par les entrepreneurs qui prenaient part au système de collusion et pour lequel la soumission de M. Borsellino était établie à un montant 83 pour cent plus élevé que l'estimation de la Ville. Or, le commissaire Renaud Lachance a fait remarquer à M. Borsellino que pour cet appel d'offres, Gilles Surprenant n'était même pas affecté au dossier.

La commission s'est aussi attardée à des appels d'offres que ses entreprises avaient remportés et qui avaient été ensuite annulés, parce que la veille, M. Borsellino avait soutenu que s'il avait invité le directeur de la réalisation des travaux à la Ville de Montréal, Robert Marcil, en voyage en Italie, en octobre 2008, c'était parce que ses relations avec la Ville n'étaient pas bonnes et qu'il voulait ainsi les améliorer. Il avait même précisé que plusieurs appels d'offres avaient été annulés et qu'il voulait corriger la situation en nouant une meilleure relation avec M. Marcil.

Mais l'examen de ces appels d'offres a démontré un tas d'autres motifs: soumission non conforme, projet reporté, etc. Dans un cas, le projet a été annulé par la Ville de Vaudreuil-Dorion, sur laquelle M. Marcil n'avait aucune autorité.

"Ce que je vous suggère, c'est que la raison pourquoi vous emmenez Marcil en Italie, c'est la même raison pourquoi vous donnez une enveloppe à M. Surprenant après avoir eu un contrat: c'est pour le remercier du contrat de 5,2 millions $ que vous avez obtenu en urgence pour la réfection", lui a lancé Me Tremblay.

Ce contrat consiste en des travaux d'égout d'urgence qui avaient dû être réalisés sur la rue Sherbrooke, à Montréal. Le contrat avait été accordé sans appel d'offres par la Ville à M. Borsellino, puisqu'il s'agissait d'une urgence.

M. Borsellino a nié que ce voyage en Italie ait eu pour but de remercier M. Marcil, bien qu'il ait admis qu'il ne le connaissait guère avant de l'y inviter.

Mais Me Tremblay a fait état des résultats d'une filature du groupe à l'aéroport, avant de partir pour l'Italie, le 15 octobre 2008.

"M. Marcil s'éloigne un peu. Vous êtes avec M. (Jocelyn) Dupuis (ancien directeur général de la FTQ-Construction, qui prenait part à ce voyage), et M. Dupuis vous dit: 'c'est quoi déjà son nom?' en pointant M. Marcil, parce qu'il ne le connaît pas. Vous dites: 'c'est Robert'. Ensuite, M. Dupuis vous demande: 'il fait quoi au juste à la Ville?'. Et vous lui dites qu'il est directeur de l'ingénierie et qu'il vous a donné un contrat de 5,5 millions $ l'année dernière", a relaté le procureur de la commission.
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