Course aux stages 2023

Le bilan d’une Course aux stages intense

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Camille Dufétel

2023-03-29 15:00:00

La Course aux stages s’achève... Les étudiants peuvent arrêter de courir. Pour certains, il est temps de célébrer quand pour d’autres, l’heure est au bilan...
Amélie Journet. Source: Lavery
Amélie Journet. Source: Lavery
Fasken, Woods, Lavery, De Grandpré Chait... Chaque cabinet signataire y va de sa publication pour annoncer ses futurs stagiaires. Pas de doute, la Course aux stages 2023 touche à sa fin.

Plusieurs avocats responsables du recrutement ont confié à Droit-Inc que cette année était un bon cru et y sont allés de leurs conseils pour les entrevues. Cette année, après la pandémie, ils ont pu voir à nouveau les courseurs en personne à l’occasion des deuxièmes entrevues et des cocktails.

Du côté des étudiants, tous n’ont toutefois pas vécu la Course de la même façon. De l’envoi des candidatures au temps des cocktails, le processus est condensé, demandant, et peut finir par un non qu’il faut digérer.

Benjamin P. Gauthier
Benjamin P. Gauthier
Beaucoup d’appelés, peu d’élus

Ce sont en effet plusieurs centaines d’étudiants qui se sont battus à travers le Québec pour obtenir un stage, et la compétition était rude.

À titre d’exemple, chez Lavery, ce sont tout de même 380 candidatures qui ont été reçues, un volume similaire aux précédentes années, selon Amélie Journet, Cheffe talents et développement professionnel.

Au bureau de Montréal, 70 candidats ont été passés en première entrevue, 35 ont été convoqués pour une deuxième, et 12 stagiaires ont été embauchés.

Parmi les courseurs, l’heure est à la célébration pour une petite partie, comme Benjamin P. Gauthier, étudiant à l’UQÀM qui a été pris chez Fasken, ou encore William Belbin, de l’UdeM, qui effectuera aussi son stage du Barreau en 2025, pour sa part chez Yves Ménard Avocats en défense criminelle.

Pour ceux qui n’ont pas été sélectionnés après les entrevues, c’est la déception, mais surtout l’heure du bilan. Nicolas Petronzio, étudiant en 3e année au baccalauréat de droit à l’UQÀM, a participé pour la 2e année consécutive à la Course.

L’étudiant, qui a eu une première carrière en ressources humaines, a fait un retour aux études il y a trois ans. Pour sa 1ère course, il avait réseauté auprès de cabinets ciblés et avait décroché trois premières entrevues, et une deuxième. Sans succès.

Il a pris le temps de revoir sa stratégie cette année, sa façon de se présenter, et a fait un peu plus de réseautage et une plus grande Course. Sans mentionner les cabinets, il précise qu’il a été convoqué à six premières entrevues, une deuxième, et... l’aventure s’est arrêtée là.

William Belbin. Source: Archives
William Belbin. Source: Archives
En mode bilan

Il se dit aujourd’hui un peu déçu, mais a pas mal réfléchi dans les derniers jours et estime qu’il s’agit là d’une opportunité de se questionner à nouveau. Il souhaite prendre le temps de discuter avec des avocats qui n’ont pas nécessairement eu un parcours tout tracé et ont intégré des cabinets sans passer par la Course.

Maude Tremblay, aussi étudiante en 3e année de droit à l’UQÀM, a préparé cette Course durant deux ans. Elle voulait participer au processus des entrevues, des cocktails, au fait de rencontrer des gens... C’est pour elle la plus-value de ce processus.

Si elle remarque que la Course est peut-être un peu moins populaire à l’UQÀM que dans d’autres universités, un constat et non une critique, elle a l’impression que les étudiantes, à l’UQÀM, ont tendance à moins participer.

« C’est franchement dommage, je pense que c’est un manque de confiance de la part de certaines, alors qu’en fait, il faut juste essayer », soulève celle qui attendait, le 24 mars dernier, deux réponses de cabinets, sans vouloir en dire plus.

« Je me fie juste sur mon impression, mais de ce que j’ai entendu des filles que je côtoie, étant très impliquée dans la Course à l’UQÀM, c’est qu’elles n’osent pas », ajoute-t-elle.

Nicolas Petronzio
Nicolas Petronzio
Pour elle, il est clair que la partie « cocktail » est importante. « Ç'a permis de confirmer si j’aimais ça ou pas », lance-t-elle. Elle estime qu’il y a un véritable investissement de temps et de ressources de la part des cabinets qu’elle apprécie.

La partie la plus difficile a été, en amont, celle du dépôt des lettres de candidatures, ou « on est peut-être laissés un peu plus à nous-mêmes ».

Mais elle souligne qu’il y avait beaucoup d’entraide entre étudiants dans son université. « Ça, je pense que c’est propre à l’UQÀM, donc c’est ma petite fierté ! »

Elle résume la Course en trois mots : « nouvelles rencontres, communauté entre candidats et apprentissage ».

« C’était extrêmement enrichissant et j’espère que toute personne qui était comme moi, il y a deux ans et avait peut-être moins confiance va oser la faire, assure-t-elle. J’ai appris plus que dans un cours. »

Maude Tremblay. Source: LinkedIn
Maude Tremblay. Source: LinkedIn
D’autres avenues

Nicolas Petronzio va désormais s’intéresser aux cabinets non-signataires de la Course. Me Chanel Alepin du cabinet Alepin Gauthier Avocats et Notaires le disait elle-même à Droit-Inc il y a quelques semaines, il n’y a pas que la Course aux stages dans la vie… Des cabinets proposent des parcours distincts.

L’étudiant voudrait aussi s’intéresser à d’autres types de carrières comme avocat, en entreprise ou au gouvernement par exemple.

Pour faire un bilan de la Course, à laquelle il ne participera plus, il estime que celle-ci est intense et que tout arrive de façon très concentrée et rapide, mais que c’est aussi ce qui fait sa force. La seule chose à améliorer selon lui est la communication.

« Ce serait bien que les cabinets donnent une réponse même si c’est juste un courriel qui dit que malheureusement, ils ne vont pas de l’avant avec notre candidature, pointe-t-il. Beaucoup de cabinets le font, mais pas tous, à la suite des dossiers ou des premières entrevues. Même si c’est un non, ça permet d’arrêter d’y penser. »

Cette absence de réponse pour certains cabinets est d’ailleurs soulevée sur le Forum de la Course aux stages. « Si on n’a pas de refus, mais pas d’appels non plus, est-ce qu’on peut encore espérer ? », a écrit un étudiant en droit sous le pseudonyme ''Kinderbueno''.

« Des nouvelles de Clyde ? Pour ceux qui n'ont pas été appelés, avez-vous au moins reçu un e-mail de refus ? », demandait pour sa part ''Illégalement vôtre''.

Ce que Nicolas Petronzio retient en tout cas, c’est que si ce n’est pas un oui pour l’instant, la porte est quand même ouverte. Il a pu créer certains liens avec des cabinets ou des avocats.

S’il s’intéresse de près au droit du travail, il pense aussi qu’il aurait pu se détacher un peu plus de sa première profession, lui qui s’intéresse aussi au droit des affaires, au droit de l’immigration et aux enjeux de vie privée, droit des TI.
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