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Des échanges cinglants marquent le deuxième jour du contre-interrogatoire de Rozon

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Radio Canada

2025-07-08 13:15:26

Le fondateur de Juste pour rire a subi un contre-interrogatoire pour une deuxième journée, au palais de justice de Montréal…

Gilbert Rozon | Source Radio Canada

Le deuxième jour du contre-interrogatoire de Gilbert Rozon, au palais de justice de Montréal, lundi, a donné lieu à des échanges cinglants entre l'ex-magnat de Juste pour rire et l'avocat des neuf demanderesses.

Me Bruce Johnston a tenté de relever des contradictions dans les propos de Gilbert Rozon, qui en est venu à argumenter avec l'avocat des plaignantes au point où la juge Chantal Tremblay a dû le rappeler à l'ordre. Me Johnston a notamment questionné le défendeur sur ses propos à l'émission On prend toujours un train de Radio-Canada, en 2011.

À l'animateur Josélito Michaud, le fondateur de Juste pour rire avait déclaré : Je paye pour celle-là, mais j’aurais pu payer pour bien d’autres, faisant référence au plaidoyer de culpabilité qu'il avait enregistré relativement à l'agression d'une jeune croupière, lors d'une fête au Manoir Rouville-Campbell en 1998.

Lundi, au procès civil intenté par neuf femmes qui allèguent qu'il les a agressées sexuellement, Gilbert Rozon a dû revenir sur cette déclaration. Devant la juge Tremblay, il a maintenu qu’il avait fait référence à des épisodes de conduite en état d’ébriété. Depuis le début du procès, M. Rozon répète qu’il n’avait pas commis cette agression, que la jeune croupière était consentante et qu’il avait plaidé coupable sous la pression de sa famille pour sauver l’entreprise Juste pour rire.

« Il y a une nuance entre ce que j’ai dit et ce que j’avais l’intention de dire », a dit l'homme d'affaires déchu.

« Je ne suis pas un agresseur, je déteste la violence », a-t-il aussi répété, réaffirmant qu’en 1998, il avait plaidé coupable dans le cadre d’un arrangement. « Me faire dire plus que ça, c’est un jeu pour aller chercher des choses qui n’existent pas », a-t-il reproché à l’avocat des demanderesses.

Gilbert Rozon et la notion de consentement

Par ailleurs, Gilbert Rozon a affirmé devant la juge Tremblay que la notion de consentement avait évolué : « Dans les années 1980, non c’était non et oui c'était oui ». Mais aujourd'hui, a-t-il poursuivi, « oui ça ne veut pas nécessairement dire oui, s’il n’y a pas un document écrit, une vidéo » pour le prouver.

Me Johnston a aussi questionné le défendeur sur une autre déclaration faite à Josélito Michaud selon laquelle il avait été en thérapie pendant cinq ans. Lundi, en Cour supérieure, Gilbert Rozon a nié qu'il s'agissait de thérapie, disant plutôt avoir vu ici et là des thérapeutes pour avancer sur (lui)-même.

Le défendeur a affirmé ne pas se rappeler les noms des thérapeutes consultés ni celui du chanoine qui l'avait aidé à l'époque. Mon plus grand thérapeute, pour dire la vérité, c’est M. Pierre Marc Johnson. C'est à lui que je me suis confié le plus, a-t-il admis. Début juin, l'ex-premier ministre du Québec a témoigné au procès de son ami, affirmant qu'à son avis, dans le contexte du mouvement #MoiAussi, Gilbert Rozon était une cible facile.

Des femmes manifestent devant le palais de justice

Tôt lundi, une cinquantaine de manifestantes, postées tant à l'avant du palais de justice qu'à l'arrière, attendaient de pied ferme Gilbert Rozon. En vain : arrivé plus tôt qu'elles, le défendeur leur a échappé.

« Harceleurs, on vous voit, victimes, on vous croit », scandaient les manifestantes sur le parvis de l'imposant édifice public. Il est temps que la honte change de camp. « Il est temps que les victimes d'agression se sentent en sécurité », a expliqué l'une de ces manifestantes, Stéphanie Vallée, coordonnatrice de L'R des Centres de femmes du Québec. Selon Mme Vallée, les victimes d'agression ne se sentent pas en sécurité parce qu'elles vivent dans la menace de « se faire poursuivre pour diffamation ».

Mme Vallée a précisé que les manifestantes entendent aussi être présentes lorsque sera entendue la contestation que font les avocats du défendeur de l'article 2858.1 du Code civil du Québec.

Une saga judiciaire en plusieurs volets

Le plus haut tribunal du Québec a accepté d'entendre l'appel du défendeur, qui conteste l’interprétation de l'article que fait la juge d’instance Chantal Tremblay, de la Cour supérieure du Québec, pour définir les questions admissibles à son procès civil. La disposition du Code civil en question précise que les questions qui relèvent des mythes et des stéréotypes en matière d'agression sexuelle sont présumées non pertinentes.

Depuis le début de ce procès civil, Gilbert Rozon n'a cessé de nier en bloc les accusations des demanderesses Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy. Ces dernières lui réclament 14 millions de dollars en dommages et intérêts.

Une première demande d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires, déposée en 2017 par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses, a d’abord été accueillie en première instance en 2018, puis rejetée en appel en 2020. En 2020, Gilbert Rozon avait été acquitté des accusations de viol et d'attentat à la pudeur portées contre lui par la plaignante Annick Charette. La juge Mélanie Hébert avait fait valoir le doute raisonnable au profit de l'accusé en ajoutant cependant que le verdict d'acquittement ne signifie pas que les incidents reprochés ne se sont pas produits.

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