La politique et le droit dans les gènes

Agnès Wojciechowicz
2012-08-16 15:00:00

Un patronyme connu comme le loup blanc, dans le monde politico-juridique québécois. Le père, Marc-André Bédard, fut effectivement membre fondateur du Parti québécois et ministre de la Justice du premier cabinet formé par le premier ministre de l'époque René Lévesque.
Le fils ainé du clan Bédard, Éric, est associé directeur de Fasken Martineau pour la région du Québec. Maxime, le cadet, occupe les fonctions de vice-président adjoint affaires juridiques et responsable de la propriété intellectuelle chez Québécor Média.
1998 année charnière
Stéphane Bédard, lui, a auusi pris le chemin du droit. Diplôme de droit à l'Université de Montréal en 1991, admission au Barreau en 1992, il fait ses premières armes au sein du cabinet Gauthier Bédard, à Chicoutimi. Il y reste trois ans, jusqu'en 1995, au moment du référendum souverainiste.
C'est là que tout bascule.
On lui propose de se présenter aux élections générales de novembre 1998 comme candidat péquiste.
"On sortait du référendum dont l'issue nous avait privés à 50 000 voix près, d'un pays. Je me suis dit que je devais faire quelque chose car si tu ne fais pas le choix de t'engager, pourquoi tu le demanderais aux autres ?", s'interroge Stéphane Bédard.
Alors que sa carrière d'avocat est sur les rails, ce militant de "la première heure et souverainiste convaincu", selon sa propre définition, accepte et lâche tout pour se lancer en politique.
Faire la différence
Quatorze ans plus tard, il est toujours là. Et aujourd'hui, comme en 1998, il pense qu'il peut faire la différence.
"La région du Lac Saint-Jean regorge de possibilités mais la population décroit car les grandes entreprises embauchent beaucoup moins, dit-il. Je souhaite donc honorer ces quatre prochaines années avec l'expérience que j'ai accumulée afin d'aider mes concitoyens et la région en donnant la chance aux jeunes de pouvoir travailler ici."

Il voit plusieurs enjeux primordiaux dans cette campagne.
"Le premier est de rétablir la confiance de la population qui s'est effritée ces dernières années, en étant ferme avec ceux qui tentent de corrompre le système : il faut briser ce cercle car la corruption est subtile chez nous et montrer qu'on est intraitable", annonce-t-il.
Le second est, selon lui, démocratique. "Il faut rénover la démocratie. Le premier ministre ne devrait pas pouvoir décider de la date des élections, on devrait également limiter les mandats de premier ministre à deux, adopter un système de référendum sectoriel, et limiter le financement des partis à 100$", énumère-t-il.
Les ressources naturelles sont également un élément essentiel pour cet avocat spécialisé en droit du travail : "C'est l'avenir ! Dix compagnies minières sur 19 n'ont payé aucune redevance ; il n'y a donc aucune retombée directe pour l'état. Il faut s'assurer que les richesses aient des retombés pour la population."
Il croit aussi en une vision à long terme et donc aux énergies renouvelables qui prendront le relais une fois que les sources seront taries.
En finir
Quant à sa motivation première, elle reste la même, forte et immuable : "que le Québec devienne un pays". Et puis, il veut en finir avec neuf années d'un gouvernement libéral, entaché "de corruption et de collusion", en finir aussi avec "le fait que l'on parle mal de notre province à l'international en raison de la répression et de la loi 78", en finir aussi avec le "cynisme".
Quant à la défaite ? "Je ne l'anticipe pas."

Remporter les élections, c'est tout ce qui importe. Pas plus. Il ne se projette pas au Conseil des ministres, suivant les traces de son père.
"Je n'ai aucune attente, confie ce père de trois jeunes enfants. Chez nous, on croit à l'engagement public, envers les citoyens ; et si je suis en politique, ce n'est pas pour me valoriser mais parce que j'ai des convictions."
Pour sûr sa famille sera la pour le soutenir, son père qui "est toujours militant", ses frères, sa femme, ses proches. Le clan Bédard qui a la politique et le droit inscrits dans l'ADN : "même si on compte trois avocats, on parle toujours de politique pendant les réunions de famille car tous ont une opinion en politique et tous peuvent ainsi participer à la discussion."
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