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La Super plaideuse de l’année!

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Sonia Semere

2025-05-27 15:00:33

Une avocate vient d’être nommée plaideuse de l’année… Droit-inc s’est entretenu avec elle…

Cara Cameron - source : Woods


Cara Cameron
s’est vu décerner le prestigieux titre d’Avocate plaidante de l’année au Québec lors du gala annuel de Benchmark Litigation Canada, en reconnaissance de son influence marquante dans le domaine du litige dans la province.

Une distinction de taille pour celle qui pratique chez Woods depuis un peu plus de deux ans. Comment gère-t-elle les dossiers multijuridictionnels complexes? Quels conseils donnerait-elle à une jeune plaideuse ou à un jeune plaideur? Entrevue.

Comment avez-vous réagi en apprenant que vous étiez nommée avocate plaidante de l'année?

J’avoue que j’ai été très surprise et vraiment flattée. La liste des avocats nommés était particulièrement impressionnante, donc déjà, rien que d’y figurer, c’était un honneur en soi. J’étais très heureuse d’avoir remporté le prix, bien sûr, mais ce qui m’a frappée en premier, c’est cette fierté d’être reconnue parmi des professionnels aussi talentueux.

Selon vous, qu'est-ce qui a contribué à cette distinction cette année en particulier? Qu'est-ce qui a fait la différence pour vous?

Cette année, j’ai eu la chance de travailler sur plusieurs dossiers d’envergure, dont certains, pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas les nommer, mais qui impliquaient plusieurs grands cabinets et qui ont parfois été couverts par les médias. Je pense que cela a contribué à accroître ma visibilité dans le milieu.

Mais au-delà de ça, je crois que cette reconnaissance reflète surtout la confiance exceptionnelle que mes clients m’accordent en me confiant des dossiers complexes, de grande valeur et d’importance, tant pour eux que pour la communauté juridique. Et bien sûr, rien de tout cela ne serait possible sans l’équipe remarquable avec laquelle je travaille chez Woods. C’est beaucoup plus facile de bien paraître quand on est entourée de collègues aussi talentueux.

Vous avez une solide expérience dans les dossiers multijuridictionnels complexes. Qu'est-ce qui rend ce type de litige particulièrement exigeant?

J’ai eu la chance de collaborer sur des dossiers avec des clients et des cabinets de renom, non seulement à Montréal, mais aussi à Toronto, aux États-Unis, à Londres et dans d'autres juridictions à travers le monde. Même si le litige se déroule souvent devant notre propre palais de justice ici au Québec, les enjeux, eux, dépassent souvent largement nos frontières.

Ce qui rend ce type de litige particulièrement exigeant, c’est la complexité de la traduction, au sens large. Dans tout litige, il y a déjà un travail de traduction : on doit prendre les préoccupations ou les événements vécus par le client et les transformer en un récit juridique cohérent pour le juge. Mais dans les dossiers multijuridictionnels, on doit en plus traduire des concepts juridiques d’une culture à une autre.

Chaque système a ses pratiques, ses logiques, et ce qui est évident ou faisable dans une juridiction ne l’est pas nécessairement dans une autre. C’est là qu’il faut faire preuve d’une écoute très fine, d’ouverture, et aussi d’ingéniosité. Parfois, la solution n’est pas dans la voie juridique qu’on connaît le mieux, il faut savoir poser les bonnes questions pour identifier des stratégies qui fonctionnent à travers les différents cadres juridiques.

Ce type de litige, c’est aussi un exercice de collaboration constante avec des confrères et consœurs à l’étranger, dans un esprit de respect mutuel entre cultures juridiques. C’est très stimulant intellectuellement et humainement.

Est-ce que vous avez en tête un dossier qui vous a particulièrement marquée récemment, peut-être par sa complexité, son enjeu stratégique ou juridique?

Je suis actuellement chef de l’équipe de Woods qui représente Innu Nation Inc., un dossier particulièrement marquant à plusieurs égards. Il s’agit d’un litige majeur intenté ici à Montréal, qui met en jeu les droits et intérêts du peuple innu du Labrador. L’affaire implique également les Innus du Québec, Hydro-Québec et Churchill Falls, donc des acteurs importants avec des enjeux profondément enracinés dans l’histoire et le territoire.

Le niveau de complexité, tant sur le plan juridictionnel que sur le fond du droit, est tout simplement considérable. C’est un dossier qui soulève des questions juridiques fondamentales, mais aussi des enjeux politiques, historiques et culturels profonds. C’est un vrai défi en tant qu’avocate plaidante, et c’est aussi un privilège de pouvoir contribuer à un dossier aussi important.

Quels sont ces enjeux juridiques dont vous parlez?

Pour l’instant, l’un des enjeux centraux, c’est de déterminer quelle juridiction est compétente. Notre client, Innu Nation, a déjà intenté une procédure en Terre-Neuve-et-Labrador, qui est toujours en cours.

Par la suite, un autre recours a été introduit ici au Québec par des groupes innus du Québec. Innu Nation est donc intervenu dans cette procédure québécoise pour soulever notamment une demande de litispendance, c’est-à-dire, pour faire valoir que le litige est déjà pendante devant un autre tribunal.

Ce sont donc des enjeux complexes, qui relèvent à la fois du droit international privé, dans une logique interprovinciale, et de considérations stratégiques sur la coordination des tribunaux dans différents ressorts. Le tout se déroule dans un contexte particulièrement délicat, compte tenu des intérêts autochtones en jeu. C’est juridiquement très stimulant.

Vous conseillez également vos clients en amont pour prévenir les litiges. À quoi ressemble cette démarche de réduction des risques dans la pratique?

Évidemment, le meilleur litige, c’est souvent celui qu’on réussit à éviter. Même si on est des plaideurs, parfois perçus comme des combattants dans l’arène du tribunal, la plupart des clients, surtout en matière commerciale, préfèrent éviter d’y aller si possible. Comme je fais principalement du litige commercial, mes clients sont généralement des entreprises qui ont des objectifs d’affaires clairs.

Ce qu’ils recherchent, ce ne sont pas des batailles juridiques en soi, mais des solutions concrètes et efficaces à leurs enjeux. Dans cette optique, l’intervention en amont est cruciale. On commence souvent par bien comprendre la nature du différend potentiel : quels sont les faits, quels sont les droits et obligations en jeu, quels sont les risques réels, mais aussi quelles sont les options stratégiques disponibles.

Pour terminer, qu’est-ce que vous diriez à la jeune Cara Cameron qui débutait dans la profession il y a quelques années?

Je lui dirais de persister. C’est peut-être le conseil le plus simple, mais aussi le plus essentiel : il faut continuer, insister, avancer malgré les obstacles. La carrière d’un avocat en litige n’est pas toujours linéaire. Il y a des moments de doute, des revers, des échecs parfois, mais aussi de grandes victoires. Et il faut accepter que tout cela fasse partie du parcours.

C’est une longue carrière, et je crois sincèrement que nos meilleures années arrivent avec l’expérience, la maturité et la confiance. Alors je lui dirais d’avoir de la résilience, de la patience, et surtout de garder confiance en la valeur du travail qu’elle fait. Parce que, malgré les défis, c’est une carrière extrêmement enrichissante intellectuellement, humainement et professionnellement.

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